Homophobie au travail

Message par Indesit » 12 Mars 2008, 12:02

(Byrrh @ vendredi 7 mars 2008 à 18:57 a écrit :
(Le Républicain Lorrain du 7 mars 2008 a écrit :Homophobie au travail : 40 % de victimes directes

La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité dénonce l'homophobie plus ou moins directe qui sévit au travail.


85 % des homosexuels ont au moins une fois ressenti une homophobie implicite sur leur lieu de travail tandis que 40 % disent en avoir été directement victimes, d'après une étude de la Halde, publiée hier. Selon cette enquête menée fin 2006 auprès de 1413 salariés gays et lesbiennes et des DRH de 14 grandes entreprises, 85 % des personnes interrogées ont au moins une fois ressenti une homophobie implicite (rejet, rumeur, dénigrement) et 40 % en ont été au moins une fois directement victimes (blagues, insultes, violence, chantage au licenciement).

Parmi les registres homophobes les plus utilisés au sein de l'entreprise, figurent celui du genre ("efféminé" pour un homme, "masculine" pour une femme), celui de la sexualité mais aussi un troisième registre qualifié par l'étude d' "homophobie politique" et qui s'énonce sous la forme "incapable de diriger les autres". 40 % des personnes qui ont reçu des remarques négatives sur leur apparence, ont essuyé de telles remarques sur leur tenue vestimentaire, 32 % sur leur coiffure, 26 % sur leurs gestes et 18 % sur leur voix.

Les homosexuels sont sous-représentés dans certaines professions (commerce, gestion-administration), et sur-représentés dans d'autres (communication, art et spectacle, fonction publique). Lesbiennes et gays sont 41 % à travailler dans la fonction publique.


Bonjour,

je ne nie pas que l'homophobie existe, mais le caractère scientifique d'une telle enquête basée sur le ressenti me paraît assez douteux. Au nom du même argument, je pourrais me plaindre qu'un chef mait dit que j'aie un nom de rugbymen, sous prétexte qu'il a une consonnance du Midi de la France.

Les préjugés anti-homo existent, sont stupides et sont à combattre, mais ne faisons pas dire aux choses ce qu'elles ne disent pas.

à +
Indesit
 
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Message par Ottokar » 12 Mars 2008, 12:26

Bon nombre d'enquêtes sont basées sur le ressenti, comme la pénibilité au travail par exemple. Ensuite, on essaye d'objectiver, par des questions du type "durée des tâches" (= moins de la minute), existence de délais courts pour rendre un travail, être soumis aux pression de clients, etc.

Concernant l'homophobie, je comprend qu'une enquête parte du ressenti, puis cherche à objectiver en regardant les chiffres de discrimination, d'accès à certaines places ou postes, etc. Comme pour les femmes mais avec plus de difficultés car si les femmes sont toutes répertoriées comme telles, ce n'est pas le cas des homosexuels puisque pour bon nombre d'entre eux, leurs collègues ne le savent pas (parfois ils s'en fichent et c'est d'ailleurs tant mieux, non ? si ce n'est pas une pression mais que c'est "chacun fait ce qu'il veut").
Ottokar
 
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Message par porto » 12 Mars 2008, 15:59

Voilà un extrait d'une intervention que j'avais faite lors d'un forum (pdt un camp de la IV) sur le sexisme et l'homophobie dans le monde du travail.
Ca explique à mon avis une difference non négligeable entre l'oppression des femmes et celle des homosexuels et leur lien avec les rapports de production donc le monde du travail.

a écrit :Il n’aura pas échapper au plus vifs d’entre vous que cet état des lieux que j’ai tenté de dresser n’aborde absolument pas la place des personnes LGBT dans les entreprises. Ce n’est pas par manque de temps ou de préparation : on a beau regarder à la loupe, la question est assez différentes pour les homosexuels. Ils n’occupent pas une place qualitativement différente de celle des hétérosexuels dans les rapports de productions. Les emplois les plus précaires, les moins payés ou les plus pénibles ne leur sont pas réservé comme aux femmes ou aux immigrés.

-Les rapports de production capitalistes induisent l’oppression spécifique des LGBT par un mécanisme indirect. La famille, qui s’enracine dans ceux-ci est à la source de l’oppression des homosexuels faute de pouvoir les faire fonctionner à son service.

-Evidemment je ne veux pas dire que le monde  du travail ressemble au pays des bisounours pour les personnes LGBT. Les discriminations sont très nombreuses.  Les situations et les revendications à porter varient beaucoup en fonction du niveau d’intégration ou de répression de l’homosexualité.

-L’intervention contre les licenciements abusifs et les discriminations à l’embauche ou à l’avancement sont sans aucun doute à mettre au premier plan dans les pays capitalistes avancés. Mais il faut parler aussi de la protection contre le harcèlement homophobe qu’il soit le fait de la hiérarchie ou des collègues ; de l’égal accès aux avantages prévus pour les travailleurs hétérosexuels et leur conjoint.


C'est parce que les homosexuels "n’occupent pas une place qualitativement différente de celle des hétérosexuels dans les rapports de production" que le ressenti au boulot prend une place importante (même si l'enquête parle bien de discriminations directes et de faits : insultes, violences, chantages au licenciements etc...)

Un mot au sujet de ces discriminations : n'oublions pas que ces discriminations sont le fait de la hierarchie mais aussi des collègues, ce qui rend les choses encore bien plus difficiles

a écrit :3/ Nos méthodes de luttes

-La question qui est posée est celle de nos méthodes de luttes contre les oppressions dans le monde du travail.

-Dans les pays capitalistes avancés, partout il existe des regroupement de femmes dans les organisations du mouvement ouvrier notamment dans les syndicats : commissions femmes, groupes mixtes ou non. En France se développent depuis quelques années des associations professionnelles de travailleurs LGBT (dans les entreprises publiques comme la SNCF ou EDF comme dans des entreprises privées comme PSA) qui sont coordonnées entre elles depuis peu.

-Dans toute l’histoire du mouvement ouvrier, il n’y a pas un seul exemple au monde d’un parti ou d’un syndicat ni même d’une organisation révolutionnaire (pas même notre courant) qui est mis spontanément à son programme la lutte contre le sexisme et l’hétérosexisme. Dans le monde du travail et plus largement dans la société il ne peut y avoir de lutte conséquente si les opprimés eux-mêmes n’interviennent pas activement contre leurs oppression et les discriminations qui en découlent, c’est pour cela que nous soutenons l’ensemble de ces formes d’organisation dans et hors du mouvement ouvrier.

-A tous ceux qui prétendent encore que l’auto organisation divise la classe ouvrière, nous répondons clairement que ce ne sont pas celles et ceux qui se regroupent afin de lutter pour leurs droits et contre leur oppression qui sont responsable des divisions. C’est l’exclusion et la marginalisation des femmes et des LGBT qu sont facteurs de divisions. L’auto organisation est une étape essentielle vers la prise en compte de leurs revendications par le mouvement ouvrier dans son ensemble.

-Notre politique doit être également de convaincre les femmes et les homosexuels de la nécessité de combiner leur combat aux combats ouvriers pour les droits de tous les travailleurs contre l’exploitation.

-Globalement notre méthode n’est pas différente de celle que nous employons sur l’ensemble des questions : chercher à mettre en mouvement les premiers concernés, chercher l’unité la plus large pour entraîner l’action de masse, chercher à montrer au cour de la bataille pour des revendications unifiantes la nécessité de s’affronter au système.

Pour conclure, je voudrais dire que pour les révolutionnaires le combat contre les oppressions sexistes et hétérosexistes dans le monde du travail doit être une priorité. Parce qu’en remettant en cause la séparation artificielle entre questions économique et questions politiques, cela aidera les opprimés et les exploités à penser globalement. Et enfin parce que c’est la condition pour unifier l’ensemble de notre camp social contre la classe dirigeante.
porto
 
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Message par Gaby » 12 Mars 2008, 16:01

Tiens c'est "marrant", j'étais à l'instant en train de bouquiner dehors, et deux lycéennes sont passées et m'ont traité de pédé (parce que je lisais, je sais, c'est pas évident de suivre la logique...).

Avant-hier deux ados rigolaient dans la rue, avec l'un qui disait que l'autre était un sale pédé qui voulait se mettre un pied de chaise dans le cul...

J'entends ce genre de bêtises au moins aussi souvent que des phrases antisémites...

J'aurais plutôt tendance à penser que ces chiffres sont sous-estimés, les gens trouvant normal tout un paquet de crasse que les générations futures trouveront lamentables (espérons).
Gaby
 
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