
Comme d'habitude et contrairement à ce que divers courants nationalistes voudrait nous faire avaler, le gouvernement français s'assoit sur les critères de convergence, soient disant source de tous les maux.
a écrit :Déficits : Paris obtient à Bruxelles le énième sursis depuis 1999
LE MONDE | 12.02.08 | 11h24
L'affaire a un goût de déjà vu à Bruxelles. Après des heures de discussion lors de la réunion des ministres des finances de la zone euro, la ministre française Christine Lagarde est parvenue, lundi 11 février, à Bruxelles à limiter quelque peu la portée d'un avis très critique sur la politique budgétaire française. Ce document, soumis mardi aux Vingt-Sept, exige que l'équilibre des comptes publics soit atteint "en 2010", alors que Nicolas Sarkozy a opté pour 2012. Mais à la demande des Français, cet objectif n'est maintenu que "si les conditions cycliques le permettent". Ce qui offre un répit en période de ralentissement.
Le compromis est classique. Alors que tous les pays de la zone euro, à l'exception de l'Italie, sont parvenus à assainir leurs finances, les Français demandent sans cesse un répit depuis l'adoption de l'euro en 1999. A l'époque, chacun convient qu'il ne suffit pas d'avoir des déficits inférieurs à 3 % du produit intérieur brut (PIB), comme l'exige le traité de Maastricht et qu'il faut arriver à l'équilibre.
Mais ce n'est jamais le bon moment. En 1999, il convient de ne pas casser la croissance en plein boom Internet. C'est l'épisode de la cagnotte et le débat sur la baisse des impôts qui oppose Jacques Chirac à Lionel Jospin en pleine cohabitation. Il est donc décidé de se fixer 2003 pour objectif de retour à l'équilibre.
Mais le 11 septembre 2001 et campagne présidentielle aidant, MM. Chirac et Jospin reportent cet objectif à 2004. Au lendemain de sa réélection, Jacques Chirac, qui a promis de baisser d'un quart l'impôt sur le revenu, décide de reporter l'assainissement français à… 2007, soit la fin de son quinquennat.
En réalité, avec l'Allemagne, la France va faire voler en éclats le pacte de stabilité dès la fin 2003 et franchir la barre des 3 %. Un nouvel objectif est fixé début 2007 par Dominique de Villepin, qui promet d'atteindre l'équilibre en 2010. L'engagement est pris par une équipe en fin de course. Elu à l'Elysée, Nicolas Sarkozy, comme Jacques Chirac en 2002, demande à être jugé sur la durée de son quinquennat… et propose un équilibre pour 2012.
MISES EN GARDE
Les partenaires de la France ne sont pas dupes, mais veulent éviter un choc frontal, comme celui sur le pacte de stabilité. Ils en restent pour l'instant aux mises en garde.
"La confiance des citoyens envers l'Europe grandira si toutes les règles que nous avons acceptées sont respectées par tous les pays, les petits comme les grands", a souligné le ministre néerlandais des finances, Wouter Bos, qui est, avec l'allemand Peer Steinbrück, l'un des plus remontés contre Paris. Le mauvais exemple de la France fragiliserait les efforts des autres, en particulier ceux de l'Italie.
Surtout, la Commission européenne craint que le ralentissement économique ne creuse les déficits français au-delà du seuil de 3 % du PIB. Elle craint que la France ne fasse l'objet d'une procédure de déficit excessif sous sa présidence, qui débute le 1er juillet.
Pour éviter tout risque, l'idéal serait d'atteindre, selon Bruxelles, un déficit de l'ordre de 1,5 %, alors que Paris ne prévoit au mieux, que 2,3 % en 2008 (après 2,4 % en 2007). Au-delà de l'échéance 2010, les Européens exigent donc du gouvernement français qu'il "renforce" la consolidation et le désendettement, "à travers une exécution rigoureuse de son budget pour l'année 2008", a précisé Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe.
Isolée, Mme Lagarde a fait valoir que l'équipe Sarkozy était engagée dans des réformes "pour rendre la France plus compétitive". Le gouvernement a, selon elle, besoin d'un peu de souplesse, surtout en cas de ralentissement. Pour la ministre, l'échéance 2010 sera "très difficile" à tenir. Dans ses prévisions transmises à Bruxelles, la France conditionnait un retour à l'équilibre à cette date à une croissance de 3 % !
A l'approche de la présidence française de l'Union européenne, chacun s'efforce de calmer le jeu. "Le moment venu, il nous appartiendra d'évaluer, si jamais la France n'était pas au rendez-vous [de 2010] si les conditions cycliques permettaient ou non à la France d'y être", a expliqué le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.
Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard (à Bruxelles)