Un courant révolutionnaire au sein du PCF

[faupatronim]

CITATION (Le Monde @ 25 juin 2003)
Des militants communistes ont annoncé la création d'un courant révolutionnaire au sein du PCF


Le député "orthodoxe" Maxime Gremetz figure parmi les signataires d'un appel en opposition avec la direction du Parti communiste.


Une dizaine de militants communistes, dont trois parlementaires, ont annoncé, mercredi 25 juin, la création au sein du Parti communiste français (PCF) d'une "structure nationale permanente" pour "la reconstruction d'un parti révolutionnaire". Les députés André Gérin et Maxime Gremetz, le sénateur Yves Coquelle et d'autres militants ont lancé un appel à "tous les communistes de France" pour la création d'un "courant révolutionnaire" afin de "redonner ses couleurs au PCF".

Les signataires estiment que l'équipe dirigeante du PCF "reste atone" face à "la politique brutale de Chirac et de la droite" et qu'elle "ignore ces dizaines de milliers de communistes qui condamnent la dérive réformiste" de leur formation.

Ils plaident donc pour "la reconstruction d'un parti révolutionnaire". "Pour que vive un parti de classe en phase avec la radicalité sociale, nous engageons un combat national en créant au sein du parti une structure officielle et publique, ouverte aux communistes adhérents ou non, capable d'exprimer des positions politiques et d'agir, de rassembler, de renforcer le parti dans les milieux populaires, parmi les travailleurs, au sein de la jeunesse exploitée, humiliée, bafouée", déclarent-ils.

RUPTURE AVEC LE CAPITALISME

Principal animateur de l'opposition communiste à l'Assemblée nationale au cours des débats concernant la réforme des retraites, le député de la première circonscription de la Somme, Maxime Gremetz, ne cachait plus son opposition aux orientations prises par la direction du Parti communiste. Il avait déjà déposé au dernier congrès du parti une liste concurrente de 31 candidatures au conseil national, avant de faire marche arrière. Cet appel marque une nouvelle étape dans le processus engagé par le député contre la "mutation" engagée par l'ex-secrétaire général du Parti communiste, Robert Hue, et poursuivie par les instances dirigeantes actuelles. Les signataires déclarent en effet vouloir engager "ce combat concret, ouvert à toutes les formes de gauche, progressistes et révolutionnaires", afin de "combler les vides idéologiques et théoriques de la direction du PCF".

"Nous voulons faire entendre une voix et formuler des choix différents, redonner au PCF une stratégie et une conception du monde débarrassées du virus libéral et institutionnel. Nous voulons mettre en ½uvre une stratégie de rupture fondamentale avec le capitalisme et de conquête des pouvoirs, pour construire une société nouvelle", précisent les auteurs du texte."L'urgence, pour l'existence du PCF comme force politique, c'est de retrouver ses couleurs, son esprit rebelle et tribunitien pour regagner la confiance des milieux populaires et intellectuels", concluent-ils.

LE PLURALISME SANS TENDANCE

Le président du groupe communiste et républicain de l'Assemblée, Alain Bocquet, a réagi avec prudence à cette annonce."On sait, après le dernier congrès (du PCF), qu'il y a des sensibilités qui s'expriment, qui se structurent. Personnellement, je pense qu'il faudrait qu'il y ait le moins de chapelles possible et un grand évêché", a-t-il déclaré dans les couloirs du Palais-Bourbon. "Toute structuration peut à tout moment conduire à une rupture, et ça je le regretterais parce que ce qu'il faut, c'est le rassemblement de tous les communistes, quels qu'ils soient", a conclu M. Bocquet.

Dans son discours de clôture du 32e congrès du PCF, la secrétaire générale du parti, Marie-George Buffet, appelait à maintenir l'"unité" dans la perspective des luttes à mener. "Le pluralisme sans tendance peut être un 'plus' pour notre unité et la pertinence de nos propositions, déclarait-elle. Mais soyons clairs, il ne suffit pas de le décréter dans les textes, même en améliorant encore ceux-ci. Il sera, l'expérience est là, le fruit de nos comportements, de notre volonté. Ce ne fut pas sans difficulté, mais nous nous en sommes approchés dans ce congrès, plus que certains ne le pensaient, peut être certainement plus que nous-mêmes ne le pensions."

Le PCF réunira son conseil national vendredi, deux semaine à peine après le précédent.

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