(Puig Antich @ mardi 6 novembre 2007 à 21:10 a écrit : Vous pouvez aussi argumenter.
est ce vraiment necessaire ?

Publié :
06 Nov 2007, 22:16
par Jacquemart
Pour quoi faire ?
Pour expliquer à des gens qui se veulent des militants - quand ce n'est pas des dirigeants - que les travailleurs sont aujourd'hui à mille lieues de se poser le problème de renverser le gouvernement ? Qu'on est devant une lutte défensive, et que si elle est victorieuse, ce sera déjà énorme ? Que beaucoup de travailleurs en sont à donner raison à Sarkozy contre ces "privilégiés" de la SNCF qui nous prennent en otage ?
Et que les rodomontades ne font pas le radicalisme d'une politique ?
Désolé, mais s'il faut vraiment expliquer cela, c'est qu'on s'adresse à des gens qui ne veulent pas comprendre ce qu'est la réalité sociale et ce qu'est militer.

Publié :
07 Nov 2007, 00:35
par Puig Antich
Et on doit apprendre à des marxistes que le plus important "ce n'est pas ce que pense tel ou tel prolétaire à tel ou tel moment mais ce qu'il sera amené à faire nécessairement conformément à ses conditions d'existence" (marx)(conditions au sens large : intégrant, rapport latent entre les classes, état du mouvement ouvrier organisé, conscience latente des mécanismes du capital, etc). ?
Sur la SNCF, il faut se rappeler qu'en 1995 sur le même sujet, en 2005 sur le TCE et en 2006 sur le CPE, l'opinion était d'abord du côté des dominants, avant de changer très brusquement. La volatilité caractérise notre période. Aujourd'hui, il me semble pas du tout par ailleurs que la grande masse des prolétaires soit hostile aux cheminots.
Puis, faut-il apprendre à des militants qui se réclament du parti bolchevik qu'il faut savoir aller, parfois, à contre-courant ?
Biensur, le facteur subjectif est important, décisif. Mais il faut présager sur ce qui se passera dans quelques mois. Sarkozy a concentré l'exécutif. A chaque revendication syndicale, il oppose sa légitimité sortie des urnes.
Ils veulent passer en force, et disent ouvertement je vous emmerde à l'ensemble du monde du travail, en s'augmentant de 140% (Sarkozy) alors même qu'il dispose des fonds qu'il veut , par tous les biais possibles. C'est clairement une provocation.
Ils concentrent sur eux la haine des franges les plus avancées, celles qui doivent entrainer tous les hésitants. Il faut que ces franges des classes populaires prennent d'abord confiance en elle-mêmes : capacité à vaincre, à battre le gouvernement.
Ils veulent provoquer un mouvement de classe, et le battre sur son propre terrain. Pour se faire, ils comptent non seulement sur les directions de la gauche politique et syndicale, qui respectent les institutions, mais surtout sur les hésitants, et sur notre incapacité à placer la lutte de classe sur le terrain politique. A ce niveau, tu parles de mouvement défensif, mais, sans parler de Marx, les stratèges de la guerre ont dénonce bien avant le capitalisme le fait de dresser un mur entre défensive et offensive. Dans une lutte, être simplement défensif, c'est renoncer à être véritablement défensif.
Mao, qui n'est pas un révolutionnaire prolétarien, avait compris cela dans sa guerre paysanne : ce qu'il appelle défensive stratégique est couplée à l'offensive tactique. Si on oublie ce second point, les défenses tombent, et inutile espérer passer un jour vraiment à l'offensive.
Alors, bien sur, il est vain d'espérer chasser le gouvernement, dans les circonstances actuelles. Pas à cause de ce qu'est "la réalité sociale" en général, mais à cause de l'absence de direction révolutionnaire unifiée, ayant une influence notable sur les classes populaires. Mais fixer cet objectif, en lien avec les réalités concrètes dans chaque secteur social, et même si on est minoritaire au début, c'est faire en sorte que les secteurs les plus déterminés aient plus confiance en eux mêmes, c'est ruiner la sacro-sainte légitimité des institutions bourgeoises, etc.
On peut faire référence à cet égard à la grève des mineurs anglais. La situation n'est pas forcément identique à la France, pays justement où les frontières entre "lutte économique" et "lutte politique" sont moins nettes. Il ne manquait rien à cette grève : comités de grève, solidarité des travailleurs des autres secteurs, combattivité, influence des révolutionnaires, en l'occurence trotskistes. Pourtant elle a été vaincue. Pourquoi ? Parce qu'elle est restée sur un terrain syndical, alors que Tatcher affrontait les travailleurs sur un terreain politique, en mobilisant tout l'appareil d'état et en opposant sa légitimité « démocratique » au mouvement.
Les travailleurs ne doivent donc pas attendre d'avoir un parti de classe tout joli et des soviets tout purs pour commencer à bâtir leur propre légitimité politique face à la bourgeoisie, c'est à dire à l'effrayer sur tous les terreains :
- dans les entreprises, par la grève avec occupation
- dans la société, par la centralisation de leur lutte autour d'un programme d'alternative sociale, un programme de gouvernement (les revendications vitales du monde du travail en premier lieu).
C'est sûr, ce sera pas la victoire intégrale. Mais si un mouvement de ce type fait reculer les capitalistes, on aura je pense avancé pas mal vers la construction d'un parti communiste.