Pour les ouvriers des Ardennes, le changement, c'est Sar

Message par Sterd » 03 Mai 2007, 20:13

("Libé" a écrit : A Revin, ville à l'industrie sinistrée, certains partisans du FN en 2002 ont choisi l'UMP.
Pour les ouvriers des Ardennes, le changement, c'est Sarkozy

Par Muriel GREMILLET
QUOTIDIEN : samedi 28 avril 2007
Revin envoyée spéciale

Christian Deschamps essaie de garder le sourire. Depuis le balcon de sa petite maison coquette de Revin (Ardennes), il a une vue magnifique sur les courbes de la Meuse et sur ce qui était autrefois le coeur de sa ville : les usines. Vues d'en haut, elles sont mal en point. «Devant, il y a Arthur Martin, ils font des machines à laver. Ça marche, mais jusqu'à quand ?» détaille ce délégué CGT, fondeur, de l'usine jumelle, Porcher, le dernier fabriquant de baignoires en fonte «de luxe» français. Les toits de son usine sont rouillés. Le long de la voie ferrée, un bâtiment est en train d'être détruit. «Ça ne donne pas une bonne image de Revin.»

Stigmates. En mars, Ségolène Royal était venue visiter l'usine Porcher. Aujourd'hui, la fonderie est en vente et, à défaut de repreneur, pourrait fermer. Soixante-dix emplois sont menacés et le reste des salariés, qui fabriquent des éviers en céramique, pourrait suivre. Plus loin, un grand triangle de terre vient d'être retourné. Une caserne de pompiers devrait être construite à la place, là aussi, d'une fonderie. Plus loin, des stigmates de cités ouvrières. Mais plus de boulot. Et du coup, depuis des années, les Ardennes, terre «rouge», comme le dit Christian Deschamps, ont basculé vers le FN. En 2002, Le Pen y a réalisé un résultat record de 22,91 % des suffrages. Cette fois-ci, il en a tout de même recueilli 16,2 %, bien au-delà de son score dans le reste du pays. Dans le département, Nicolas Sarkozy recueille 29 % des voix, Ségolène Royal, 24,5 % et François Bayrou, 12,96 %.

«C'est simple , dit Christian Deschamps, ils ont troqué un populisme pour un autre.» Dans l'usine, certains ouvriers ne se cachent pas d'avoir voté Sarkozy, pour «l'ordre». Et puis le candidat est venu directement leur parler, le 18 décembre. Un grand meeting, à Charleville-Mézières. Une adresse à «la France qui souffre», celle «qui se lève tôt», qui aime «l'industrie». Quatre mois après, certains en parlent encore. «Il nous a parlé, dit Michel, qui travaille dans une fonderie, non loin de Revin. On sait que c'est des mots, mais lui, il ne laissera pas faire.» La «France qui se lève tôt» est devenue un must dans les conversations. Le «travailler plus pour gagner plus» du candidat de l'UMP, aussi. «Enfin, nuance une jeune femme au chômage, on demande juste à travailler, et il a l'air de vouloir nous aider.»

Mollesse. La gauche, essentiellement le PS, est accusée en bloc de laisser-faire, de mollesse, d'une certaine complaisance à l'égard de ceux qu'on appelle les «assistés». Et du coup Sarkozy plaît. «Sur les marchés, les gens me disent : "Il est couillu", raconte un élu local de gauche. Ça ne va pas plus loin, personne ne lit les programmes. Et le pire, c'est que ça marche.» A Revin, ce volontarisme teinté de bonapartisme séduit. Jamais les syndicalistes n'ont été aussi bien traités, «la préfecture est aux petits soins pour nous, dit une élue FO. On a des rendez-vous dans les ministères, l'argent pour soi-disant revitaliser la région est annoncé». Les socialistes, notamment à la région, PS, dénoncent à voix basse les moyens de l'Etat et de la puissance publique au service de la candidature Sarkozy. Du coup, tout en se félicitant du bon score de Royal, ils attendent de voir le second tour. «On a fait le double des voix de Jospin, décompte Philippe Vuilque, le député (PS) de Revin. On a sans doute un potentiel à gauche sur l'électorat Bayrou. Mais dans la vallée de la Meuse, le discours ferme et à géométrie variable de Sarko plaît.»

Oubliés de l'Etat. Les habitants de Revin, comme tous ceux des Ardennes, se sentent abandonnés, oubliés de l'Etat. «Franchement, si on avait un homme politique digne de ce nom pour nous défendre, ça ne se passerait pas comme ça avec les patrons, non ?» dit un ouvrier de Porcher. Tous ricanent des «Ardennes vertes», d'un département qui tourne le dos à l'industrie, contraint et forcé pour un parc naturel régional et une orientation touristique.
En 2002, malgré les scores incroyables, personne à Revin n'osait avouer son vote FN.
Aujourd'hui non plus. Dire qu'on vote Sarkozy, à part chez les militants, n'est pas non plus chose aisée. Mais quand on bavarde un peu, les gens lui trouvent des vertus. «Les reports de voix vont être intéressants, note Philippe Vuilque. Je pense que l'intervention de Le Pen le 1er mai sera déterminante. S'il tape sur Sarko, beaucoup de gens qui ont voté FN ou qui ont quitté le FN pour lui ne se déplaceront pas.» Loin de la cuisine des alliances, des ouvertures au centre, des discours formatés, les habitants de Revin attendent autre chose. Et continuent d'encaisser les mauvaises nouvelles économiques. Un peu plus au sud du département, les salariés de Delphi, un équipementier automobile, ont rejeté par référendum la suppression des RTT que voulait imposer leur direction, qui les accuse aujourd'hui de mettre en péril l'avenir de leur entreprise. «Quand Sarko sera là, on n'aura même plus à se poser la question, reprend Christian Deschamps . Les RTT, elles sauteront sans discussion. Et si on proteste, on aura les CRS. Il ne sera plus temps de se plaindre. Les gens auront voté.»


Qui d'autre peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs c'était vraiment un bon slogan
Sterd
 
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Message par Matrok » 03 Mai 2007, 20:36

Le titre de l'article est quand même trompeur puisque le constat du journaliste, c'est que certains ouvriers qui votaient Le Pen votent maintenant Sarkozy. Cependant Le Pen y a fait un score très supérieur à sa moyenne nationale et Sarkozy un peu inférieur :

a écrit :En 2002, Le Pen y a réalisé un résultat record de 22,91 % des suffrages. Cette fois-ci, il en a tout de même recueilli 16,2 %, bien au-delà de son score dans le reste du pays. Dans le département, Nicolas Sarkozy recueille 29 % des voix, Ségolène Royal, 24,5 % et François Bayrou, 12,96 %.


Notons que ce que l'article ne dit pas, c'est qu'Olivier Besancenot y a fait 5,35% et Arlette 2,20%, soit bien mieux que leurs scores nationaux... Au passage c'est un des résultats qui illustrent que le vote Besancenot cette année a été un vote ouvrier. Il dépasse les 8 voire même 9% dans certaines localités...
Matrok
 
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