
Au détour d'un article de Libération d'aujourd'hui 28 avril sur la campagne de Royal, on trouve cette affirmation bien curieuse :
Un peu étrange, non ?
a écrit :
A Lyon, Royal voit rouge, rose, vert et orange
Ce ne sont plus des «convergences», c'est une avalanche. Le meeting de Ségolène Royal, vendredi à Lyon, a été l'occasion d'une débauche sans précédent de moyens de séduction vers les électeurs de François Bayrou. Des adresses en série prononcées, devant quelque 15 000 personnes enthousiastes, en direction des «7 millions de Français qui ont dit non au candidat de la continuité», résumait le maire de Lyon Gérard Collomb, et qui, depuis dimanche, pèsent 18,51 % du corps électoral. Un membre du staff, avant le début du meeting, posait l'équation : «La gauche, c'est 36 % tout mouillé. Donc soit on fait la grève du deuxième tour, et on reste dans la pureté originelle. Soit on veut gagner l'élection présidentielle.» Ce qu'entend bien réaliser la candidate, qui a jugé nécessaire, vendredi soir, de «sortir, sur certains sujets, de l'éternel affrontement bloc contre bloc, chercher des convergences sur des valeurs fondamentales qui nous permettront de faire un bout de chemin ensemble, dès lors que ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous différencie.»
«Société du corset». La candidate n'a pas personnellement prononcé le nom de François Bayrou. Arnaud Montebourg, en chauffeur de salle, s'en était chargé qui, innovation d'importance dans une réunion du PS, avait fait chaleureusement applaudir, après Buffet, Voynet et Bové, le leader centriste. Avant que Gérard Collomb ne plaide pour un «arc-en-ciel» électoral «rouge, rose, vert et aussi, ce soir, pour la première fois, orange»... L'offensive se poursuit avec un message vidéo de Romano Prodi (lire ci-contre). Et, last but not least, une intervention de Dominique Strauss-Kahn.
Le député du Val-d'Oise, à la demande de la candidate, s'était déjà ostensiblement affiché avec elle, mercredi, en terrasse d'un restaurant parisien il avait tenu à payer l'addition. «C'est une personnalité qui parle aux Français qui sont aujourd'hui à convaincre, glisse un proche de Royal. Il faut montrer qu'il peut être amené à jouer un rôle.» Arrivé en jet privé avec la candidate, DSK, « venu dire quelques petites choses simples», a fustigé «l'anathème lancé sur les autres, le débauchage des parlementaires centristes», avant d'entamer le procès en conflictualité du candidat UMP : «Ce que propose Ségolène Royal est une société démocratique, une société ouverte. Ce que propose Nicolas Sarkozy, c'est la société du libéralisme, la société du corset .» Et de conclure en s'adressant à une double catégorie d'électeurs : «Quand on est de gauche, quand on est démocrate, on vote pour Ségolène Royal...»
«Vaste rassemblement». Symbole calculé ? C'est en levant et en ouvrant grand les bras que la candidate a traversé la salle pour gagner la tribune. Ségolène Royal, qui avait reçu dans la journée Dominique Voynet puis Arlette Laguiller, a donc «lancé cet appel à un vaste rassemblement, au-delà de la gauche et des écologistes». Tout en tentant de désamorcer les réserves du vieux parti : «Je sais que vous me soutenez dans cette démarche, nouvelle, surprenante pour quelques-uns, qui nous demande des efforts aux uns et aux autres pour sortir des dogmes, des idées préconçues, des camps qui s'affrontent.» Jugeant «possible de rassembler les républicains de progrès, ceux qui pensent que l'éducation et la sécurité sociale doivent être au coeur de notre projet présidentiel», s'affirmant «convaincue que nous devons nous rassembler dès lors que les valeurs de paix sociale nous sont communes», la candidate a ensuite égrené les points de rapprochement potentiels avec les centristes : «la question de la dette», la «paix civile», «une réforme fondamentale pour que la VIe République se lève», l' «Etat impartial qui ne nomme pas les membres du CSA et du CSM», la nécessité de faire «revenir la France à la table de l'Europe».
Avant d'assener le plus imparable des arguments de rassemblement : la figure de l'adversaire. De poser «le choix de la division» contre «le choix de la réconciliation». Et de plaider pour une «France du sourire». Celui adressé aux électeurs du centre, vendredi soir, l'était à pleines dents.
Un peu étrange, non ?