Page 1 sur 1

Message Publié : 06 Avr 2007, 20:38
par logan
a écrit :Olivier Besancenot, La gauche dont rêve la droite

LE MONDE | 06.04.07 | 14h58

Nous sommes en 2005, juste avant la victoire du non au référendum. Au bout du fil, la voix s'étrangle de rage : "Mais qui est ce blanc-bec d'extrême gauche ? D'où sort-il ? Pourquoi lui accorder une telle tribune ?" Le coup de fil vient de Bruxelles. Mon interlocuteur suit un débat sur France 2 ; ce téléspectateur belge ardemment "ouiiste" vient de découvrir un orateur de talent : Olivier Besancenot. Choqué par la virulence des attaques contre le oui, il appelle des amis à Paris. Une manière de leur dire : "Mais faites quelque chose, bon sang !" C'est l'habitude. Le public belge suit les chaînes françaises et les débats contradictoires, souvent plus passionnants à leurs yeux que les échanges belgo-belges.


Vu de Belgique, ce qui trouble, c'est le côté atypique de Besancenot : il tape à coups de hache, d'arguments iconoclastes sur le traité européen, avec son look étudiant, visage poupin et souriant, jeans, tee-shirt et baskets. A la faveur de la campagne du non, Olivier Besancenot prendra cependant de la bouteille, même aux yeux des Belges. La victoire du non en France donnera une stature à sa bonne bouille, au-delà des frontières.

Aujourd'hui, autoproclamé "100 % de gauche", le candidat Besancenot a commencé sa deuxième campagne présidentielle au nom de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). En 2002, il avait fait le meilleur score de l'extrême gauche (4,25 %, soit 1 300 000 électeurs). (note de logan : Ah bon ce n'est pas Arlette avec 5,72% et 1,6 millions de voix à la même  election? )

A 33 ans, il est le plus jeune des candidats. Et il pourrait bien de nouveau cette année mener la course en tête de la gauche dite antilibérale.

Il se peut que son métier, très médiatisé, de facteur à Neuilly-la-huppée, en congé sans solde de La Poste pendant la campagne, explique en partie son statut de quasi-star politico-médiatique et la sympathie qu'il suscite au-delà des cercles révolutionnaires. Dans l'inconscient collectif, le facteur est porteur de lien social. Et justement, ce facteur-là répond au manque du lien social, qui se délite sous les coups d'une société de plus en plus individualiste et précaire. Contrairement aux autres candidats, Olivier Besancenot, salarié au bas de l'échelle, n'est pas perçu comme professionnel de la politique. La presse l'a même surnommé "le Gavroche révolutionnaire".

Autre atout : parents de gauche, père prof de physique, mère psychologue scolaire. Olivier incarne parfaitement la jeunesse des classes moyennes, marquée par le chômage et victime du déclassement social. La France a pris la mesure de l'angoisse collective de cette jeunesse lors des grandes manifestations contre le contrat première embauche (CPE) en 2006.

Titulaire d'une licence et d'une maîtrise d'histoire contemporaine, il est entré à La Poste sur concours pour obtenir un emploi de facteur. Il est emblématique du déclassement social à la française. Comme beaucoup de jeunes surdiplômés, contraints d'accepter des jobs sous-qualifiés. Même si l'on ne doute pas que le gentil facteur, naguère assistant parlementaire d'Alain Krivine (le dirigeant historique de la LCR) au Parlement européen, aurait pu faire d'autres choix.

C'est à 14 ans, à la fin de ses années de collège, qu'Olivier Besancenot passe à l'extrême gauche, sur fond d'une prise de conscience antiraciste qui s'imprègne du trotskisme inoculé par son prof d'allemand, membre de la LCR. Alain Krivine, ancien de Mai 1968, débatteur au temps de la télé en noir et blanc, ancien candidat présidentiel lui-même, a fait du jeune homme, en 2002, le candidat du camp de la révolution. Pour la suite, le facteur a prévenu : pas question de se laisser "arlettiser", d'endosser les habits de l'éternel candidat.

Ce jeune père d'un petit garçon, dont la mère est une éditrice parisienne, évoque souvent son désir de "profiter de la vie". Quant à Trotski, référence historique de la LCR, Besancenot en rejette l'héritage. Il évoque la Commune de Paris, cite Rosa Luxembourg, Louise Michel. "Je ne suis ni trotskiste, ni guévariste, ni luxembourgiste, dit-il, je suis révolutionnaire. Et la révolution, il faut la réinventer, car aucune expérience révolutionnaire n'a abouti. Certaines se sont terminées en caricature sanglante." La LCR et Besancenot ne seraient-ils plus trotskistes ? Ce n'est pas un scoop. Le trotskisme se définit par opposition au stalinisme, dit Besancenot, et "il y a de moins en moins de staliniens". Donc, de moins en moins de trotskistes... CQFD.

L'idéal révolutionnaire est, certes, minoritaire, à contre-courant de notre époque, qui a renoncé aux utopies, reconnaît Olivier Besancenot. Mais il ajoute que "cet idéal parle à certains secteurs de la jeunesse et du salariat qui ont envie de rêver et ne se contentent pas de l'idée que tout serait écrit d'avance...".

Pour des Belges de gauche, pétris de social-démocratie, de pragmatisme, de compromis, cette profession de foi révolutionnaire peut sembler exotique. Mais dans cette France imprégnée de références à 1789, où la "Révolution" habite l'inconscient de chaque Français, c'est la marque de fabrique de toute la gauche française. Cela expliquant peut-être aussi que plus de 10 % d'électeurs ont soutenu les trois candidats trotskistes à l'élection présidentielle, en 2002.

Olivier Besancenot regrette le "trop-plein". Le non de gauche n'a pas su se rassembler en candidature unique, soupire-t-il, sans trop accabler ses ex-alliés du combat "noniste" aujourd'hui concurrents, la trotskiste Laguiller, la communiste Buffet, l'altermondialiste Bové. Il refuse de dire avant le premier tour s'il appellera à voter Ségolène Royal au second tour face à Nicolas Sarkozy. "Je ne ferai pas la politique du pire, précise-t-il toutefois. Je sais faire la différence entre gauche et droite", laissant entendre qu'au second tour il pourrait finalement voter "Ségo".

Pour l'instant, la LCR se projette dans les luttes sociales et refuse la gauche de pouvoir parce que pas assez à gauche et que pouvoir politique rime avec compromis, un mot inconnu dans la culture politique française. Le compromis, c'est la fin du rêve dont se nourrit l'idéal. Le pouvoir, c'est donc le diable pour un révolutionnaire... Et on ne se compromet pas avec le diable.

Bref, on est dans le total paradoxe d'un Besancenot-le-Gavroche dont le joli rêve de pureté révolutionnaire comble le rêve de la droite d'avoir, face à elle, une gauche qui ne veut pas, mais alors absolument pas, du pouvoir.

Le Monde
Istvan Felkaï, journaliste à la RTBF (Radio belge francophone)

Message Publié : 06 Avr 2007, 21:07
par Jacquemart
On pourrait aussi écrire de beaux articles - et infiniment plus justes - sur "Le Pen, la droite dont rêve la gauche"...

Message Publié : 06 Avr 2007, 22:21
par shadoko
En plus de contenir la connerie factuelle, relevée par Logan, c'est vraiment neuneu et complètement à côté de la plaque. On sent que le type n'a pas compris grand-chose, ni à la politique de la LCR, ni au reste, d'ailleurs.

En passant, il fait dire à Besancenot ce qu'à mon avis, il n'a pas dit et il ne dirait pas:
a écrit :
L'idéal révolutionnaire est, certes, minoritaire, à contre-courant de notre époque, qui a renoncé aux utopies, reconnaît Olivier Besancenot.

Quelqu'un a-t-il entendu Besancenot dire ça (employer le mot "utopie" pour le communisme)?

Message Publié : 06 Avr 2007, 23:02
par Crockette
définir le trotskisme uniquement par le biais de la lorgnette "opposition au stalinisme" c'est nul...et dela part d'un étudiant en histoire je crois que cela est fait sciemment pour tromper le petit gotha médiatique...

comment baser (à l'époque) l'évolution de la lcr sur le che ? ça veut rien dire non plus, si ce n'est que le che s'est opposé officieusement à castro... :sleep:

Message Publié : 06 Avr 2007, 23:48
par Combat
Besancenot m'irrite fortement quand il repete son anti trotskysme... :dry:

Message Publié : 07 Avr 2007, 08:43
par Barikad
Moi c'est Combat qui m'irrite fortement, mais à chaque message qu'il poste, allez savoir pourquoi...
Allez, hop, c'etait ma petite humeur du matin.

Message Publié : 07 Avr 2007, 16:46
par Crockette
je veux dire qu'être troskiste c'est comme être marxiste, c'est trop facile de dire "moi je suis jeune, je suis au dessus tout cela";faut aller de l'avant etc tout cela ce sont des conneries qui sont dites par les libéraux...

qui a un minimum de culture sait très bien que ces courants théoriques sont toujours valables aujourd'hui et je dirais même plus qu'hier, car le capitalisme amorce vraiment sa phase d'auto destruction aujourd'hui...

c'est pourquoi je recommande à besancenot (et aussi à barikad je me le permets) le livre d'ernest mandel : "le troisième age du capitalisme" il est vraiment top ce bouquin pour tous ceux qui pense que le trostskisme voir le marxisme, c'est dépassé.