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a écrit :LE CRIF "SCANDALISÉ"
Sur France Culture, Raymond Barre défend Papon, Gollnisch, et fustige "le lobby juif"
LE MONDE | 03.03.07 | 14h47 • Mis à jour le 03.03.07 | 14h47
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) s'est dit, vendredi 2 mars, "scandalisé" par les propos tenus la veille sur France Culture par Raymond Barre. Invité de l'émission "Le rendez-vous des politiques", enregistrée le 20 février et diffusée jeudi 1er mars, à l'occasion de la sortie de son livre d'entretiens avec Jean Bothorel, L'Expérience du pouvoir (Fayard), l'ancien premier ministre a défendu Maurice Papon et Bruno Gollnisch, et parlé de "lobby juif capable de monter des opérations indignes".
A la suite de questions sur sa nomination à la tête du gouvernement en 1976, M. Barre a été interrogé sur Maurice Papon, qui fut son ministre du budget de 1978 à 1981. Assurant ne pas regretter d'avoir nommé M. Papon, il a qualifié l'ancien préfet de "grand commis de l'Etat (...) très courageux" qui "a payé surtout à cause de Charonne". "Le reste, c'était un alibi", a-t-il affirmé, taisant les événements du 17 octobre 1961 (manifestation pacifique au cours de laquelle plusieurs dizaines d'Algériens ont été tués) et le rôle joué par M. Papon sous Vichy dans la déportation de juifs et pour lequel il a été condamné pour "complicité de crime contre l'humanité", en 1997.
A la question de savoir si M. Papon aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde qu'il occupa de 1942 à 1944, Raymond Barre a soutenu : "Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou, à plus forte raison, dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu'il s'agit vraiment d'un intérêt national majeur. (...) Ce n'était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France." Pour lui, Maurice Papon a été un "bouc émissaire".
Interrogé sur les propos qu'il avait tenus après l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980, à Paris, l'ancien premier ministre a dit ne rien regretter. Il avait alors parlé d'un "attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic".
Sur France Culture, Raymond Barre a tenu à rappeler que, dans la même déclaration, il avait indiqué que "la communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté française". Il a précisé avoir parlé de "Français innocents" parce que "la caractéristique de ceux qui faisaient l'attentat, c'était de châtier des juifs coupables. (...) Les Français n'étaient pas du tout liés à cette affaire". Aussi M. Barre a-t-il dénoncé "la campagne faite (à ce moment-là) par le lobby juif le plus lié à la gauche". Et d'insister : "Je considère que le lobby juif - pas seulement en ce qui me concerne - est capable de monter des opérations qui sont indignes et je tiens à le dire publiquement."
Enfin, à propos de Bruno Gollnisch, ancien élu Front national au conseil municipal de Lyon et condamné pour propos négationnistes, Raymond Barre a maintenu sa position. "J'ai dit que je blâmais ce qu'il avait dit, mais que, pour le reste, je l'avais connu et que c'était un homme bien", a-t-il expliqué. Affirmant être "quelqu'un qui considère que les gens peuvent avoir leurs opinions", il a ajouté : "J'ai tellement entendu les propos de M. Gollnisch à Lyon que cela finissait par ne plus m'émouvoir. Quand on entend à longueur de journée tout ce qui se dit à droite et à gauche, à la fin, on n'y porte plus attention."
Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l'édition du 04.03.07.
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