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Congrès du PS: François Hollande à la recherche des ouvriers perdus

PARIS (AP) - Le PS coupé de ses racines populaires? Déterminé à prendre un nouveau départ au Congrès de Dijon à l'aube des élections de 2004, François Hollande va devoir relever le redoutable défi de ramener dans le giron socialiste les ouvriers et catégories populaires, qui ont boudé Lionel Jospin le 21 avril 2002 pour se réfugier dans les bras de Jean-Marie Le Pen et Arlette Laguiller.

Le constat est sans appel: selon le Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), seuls 13% des ouvriers et 13% des employés ont choisi Jospin au premier tour de la présidentielle, contre 24% et 20% en 1995. Une véritable dégringolade, alors que 41% des ouvriers et 39% des employés avaient voté Mitterrand en 1988.

S'ils se sont massivement réfugiés dans l'abstention, beaucoup se sont également laissés séduire par les sirènes extrémistes: 24% des ouvriers ont choisi Jean-Marie Le Pen et 10% Arlette Laguiller. "Une telle chute incite à envisager l'hypothèse d'une rupture de contrat entre les catégories les plus acquises au socialisme et leurs gouvernants", souligne le Cevipof.

Or, ce divorce avec la "France d'en bas" a des échos jusque dans les rangs socialistes: en 1998, on ne recensait que 5% d'ouvriers, 11% d'employés, 4% de précaires et 3% de chômeurs parmi les militants. Contrairement à ce que prévoient les statuts, seuls 65% étaient syndiqués. Cette tendance se confirme chez les "adhérents du 22 avril" 2002, puisque 5,17% sont ouvriers, 7% chômeurs et 13% syndiqués.

"Nous avons manqué de vigilance face à la précarité du travail, au niveau des salaires, à la dureté de la vie des plus modestes", reconnaît la motion de François Hollande. "Notre parti a perdu une large partie de sa base populaire", renchérit le "Nouveau PS", "aux yeux de millions de Français, nous ne sommes plus les garants du progrès social". Bref, la petite phrase de Lionel Jospin, "mon projet n'est pas socialiste" et sa rencontre choc avec les salariés licenciés de Lu-Danone sont encore dans les mémoires...

Conscient de cet embourgeoisement du PS, le Premier secrétaire François Hollande compte bien faire du Congrès le coup d'envoi des retrouvailles avec les couches populaires. Pour ramener au bercail les brebis égarées, il détaille dans sa motion plusieurs solutions en forme de mea culpa: protéger les salariés face aux licenciements, pénaliser les entreprises qui ont recours au travail précaire, créer une "Sécurité sociale du travail" pour financer la formation tout au long de la vie ou augmenter les bas salaires.

Symbole de cette volonté de renouer avec la base, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault assistera aux travaux de Dijon et le No1 de la CFDT François Chérèque enverra un représentant. AP

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