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Message Publié : 05 Fév 2007, 18:52
par Valiere
La plainte des islamistes contre Charlie Hebdo doit être balayée

Les 7 et 8 février aura lieu, au Palais de Justice de Paris, un procès d’un autre siècle. Emmenés par le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, l’Union des Organisations Islamique de France (UOIF), proche des Frères Musulmans, et la Ligue Islamique Mondiale, des organisations religieuses obscurantistes poursuivent l’hebdomadaire satyrique Charlie Hebdo et son directeur Philippe Val pour la publication d’un dessin de Cabu en page une du journal.

Dalil Boubakeur dénonce dans ce dessin, qui moque l’intégrisme, « un délit d’expression incitant à la haine raciale ». Il ne fait que confondre, volontairement, le droit à la libre critique de tous les dogmes, donc de toutes les religions, dont l’islam, sous une forme scientifique, rationnelle, artistique ou humoristique, avec du racisme, comme si une religion pouvait être une race !

En procédant à ce genre de confusion, mais aussi en menaçant de mort, dans le monde, des esprits libres, qui, comme Salman Rushdie, Taslima Nasreen ou Aayan Hirsi Ali, osent critiquer l’islam, en poursuivant, en France, devant les tribunaux, un journal satyrique français, après avoir menacé les dessinateurs d’un journal danois, c’est à la liberté d’expression et à la laïcité que les fondamentalistes veulent s’attaquer.

Pour les intégristes, cette liberté d’expression doit s’arrêter là où commence celle des croyants. Ils veulent donc interdire toute critique de l’islam, pour le plus grand plaisir des autres Eglises. Ils veulent réintroduire, en France, le délit de blasphème.

C’est pour cette raison que cette plainte doit être balayée, il en va des fondamentaux des principes laïques, en France.

L’Union des Familles Laïques (Ufal) sera donc aux côtés de toute la rédaction de Charlie Hebdo, qui, depuis des années, sous ses propres formes, contribue à dénoncer les offensives de tous les intégrismes religieux, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou juifs.

En organisant, ce week-end, à Montreuil, des journées internationales laïques, elle sera de même aux côtés de toutes les féministes et de tous les démocrates, qui, partout dans le monde, subissent les violences des cléricaux, qu’ils sévissent à Téhéran, à Varsovie ou ailleurs.

Elle est naturellement aux côtés des progressistes portugais qui mènent une campagne difficile, pour obtenir le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), et qui se heurtent, avant le référendum du dimanche 11 février, à l’intransigeance de l’église catholique et des forces conservatrices.

Contact presse :

Bernard Teper, 06.08.10.44.52

Pierre Cassen, 06.10.31.83.60

Message Publié : 05 Fév 2007, 19:06
par logan
C'est pour quel dessin ?

Message Publié : 05 Fév 2007, 19:09
par logan
Ah ça doit être celui-ci

Message Publié : 05 Fév 2007, 19:18
par Valiere
OUI

A l'occasion du procès des caricatures, qui s'ouvre mercredi, il faut rappeler le droit de critiquer toutes les religions et leurs symboles.

Nous soutenons «Charlie Hebdo»

Le procès qui s'ouvre au tribunal de grande instance de Paris du 7 au 8 février 2007 est d'une extrême importance. Charlie Hebdo est poursuivi pour avoir republié les dessins danois du Jyllands Posten sur Mahomet.

Dans un contexte où des intégristes menaçaient de mort quiconque osait soutenir les journaux et pays pris pour cibles, ce journal a choisi de rester fidèle à sa tradition de liberté de ton et d'expression envers toutes les religions et tous leurs symboles: le pape comme Jésus ou Mahomet. Il l'a fait en mettant ces douze dessins à la disposition du grand public, afin qu'il se fasse une opinion par lui-même. Par solidarité avec Jacques Lefranc, rédacteur en chef de France Soir, qui venait d'être licencié pour avoir eu ce courage. Parce que si tous les journaux d'Europe avaient fait de même, l'intimidation des extrémistes aurait échoué. Parce que si tous les journaux d'Europe s'étaient pliés à cette injonction, leur silence aurait signé la victoire des extrémistes.

Malgré ce climat, des organisations musulmanes traditionnelles (la Mosquée de Paris), intégristes (l'UOIF) et même l'un des bailleurs de fonds de l'islam extrémiste wahhabite en provenance d'Arabie Saoudite (la Ligue islamique mondiale) ont choisi d'ajouter à l'intimidation une menace judiciaire en intentant à Charlie Hebdo, au titre des lois antiracistes, un procès pour «injures publiques à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur religion». Deux dessins sont visés: celui montrant Mahomet avec une bombe dans son turban, mais aussi celui où Mahomet freine un groupe de kamikazes par cette annonce: «Stop, on n'a plus de vierges en stock.» La couverture du numéro, où Cabu représente un Mahomet «débordé par les intégristes» et qui les désavoue ( «C'est dur d'être aimé par des cons») est également poursuivie pour «injures», alors qu'elle visait justement à montrer un Mahomet se désolidarisant des intégristes.

C'est dire la confusion entretenue par cette plainte contre un journal qui combat depuis toujours à la fois le racisme et l'intégrisme. Nous refusons cet amalgame, facilité par l'utilisation abusive du mot «islamophobie», consistant à confondre la critique légitime de l'extrémisme et du terrorisme instrumentalisant les symboles de l'islam avec du racisme à l'encontre des individus de religion musulmane.

Certains nous disent aujourd'hui que le contexte géopolitique devrait inciter à la prudence, voire au silence. C'est tout le contraire. La liberté d'expression et la laïcité ont besoin d'être réaffirmées comme rarement. Ceux qui résistent à l'intégrisme n'ont que la plume et le crayon pour faire face aux menaces. Des démocrates du monde entier, notamment musulmans, espèrent trouver en Europe, et tout particulièrement en France, un havre laïque où leur parole n'est entravée ni par la dictature ni par l'intégrisme.

Si Charlie Hebdo venait à être condamné, si l'autocensure généralisée devait faire jurisprudence, nous perdrions tous cet espace commun de résistance et de liberté. Pour ces raisons, nous soutenons Charlie Hebdo et le droit de continuer à critiquer toutes les religions sans exception.

Premiers signataires:

Taslima Nasrin (écrivaine), Elisabeth Badinter (philosophe), Nasser Khader (député du Danemark), Ibrahim Ramadan (secrétaire générale de l'Association des musulmans démocrates danois), Irshad Manji (écrivaine), Albert Memmi (écrivain), Claude Lanzmann et le comité de rédaction des Temps modernes, Chris Marker (réalisateur), René Pétillon (dessinateur), Angelo Rinaldi (écrivain, membre de l'Académie française), Elisabeth Roudinesco (historienne), Mohammed Sifaoui (journaliste réalisateur), Leïla Babès (sociologue), Elisabeth de Fontenay (philosophe), Abdelwahab Meddeb (écrivain), Bernard-Henri Lévy (philosophe), Fethi Benslama (psychanalyste), Chahla Chafiq (sociologue, écrivaine), Wassyla Tamzali (écrivaine), Farouk Mansouri (écrivain journaliste), Françoise Seligmann (présidente d'honneur de la Ligue des droits de l'homme), Antoine Spire (journaliste), Michel del Castillo (écrivain), Yves Pouliquen (membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences), Jean-Claude Pecker (professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Académie des sciences), Frédéric Vitoux (écrivain, membre de l'Académie française), Jeanne Favret-Saada (directeur EPHE, section sciences religieuses), Pascal Bruckner (écrivain), Dominique Sopo (président de Sos Racisme), Jean-Michel Quillardet (grand maître du GODF), Gilles Perrault (écrivain), Patrick Gaubert (président de la Licra), Luce Perrot (présidente de l'association Lire la politique), Alain Girard (premier secrétaire général du SNJ), Bernard Teper (président de l'UFAL), Michel Zaoui (avocat), Alain Seksig (enseignant), Benjamin Abtan (président de l'UEJF), Nadja Ringart (sociologue), Ahmed Meguini (journaliste militant), Samia Messaoudi (journaliste Beur FM), Loubna Méliane (militante antiraciste), Nadia Amiri (infirmière), Jean-Marie Matisson (président du comité Laïcité République), Olivier Bétourné (éditeur), Christophe Girard (adjoint au maire de Paris chargé de la culture), Didier Idjadi (maire adjoint Verts à Bagnolet), Roland Castro (architecte, candidat à la présidentielle), Corinne Lepage (avocate, candidate à la présidentielle), Dominique Voynet (sénatrice, candidate à la présidentielle), Reporters sans Frontières.

Associations signataires: SOS Racisme, LICRA, Grand Orient de France, Union des familles laïques (UFAL), Comité Laïcité République, Syndicat national des journalistes (SNJ).

Message Publié : 05 Fév 2007, 19:26
par abounouwas
C'est clair que de se "poiler" sur les obscurantistes c'est assez rigolo et je m'en suis payé personnellement une bonne tranche.
Juste en passant, la question de la réception dans le monde musulman est assez ambigue. Les dictatures en place et leurs sbires intellos s'en sont donné à coeur joie dans la surenchère pour stigmatiser l'extérieur source de tous les maux. Pour en avoir discuté dans plusieurs pays arabes, l'écho qui me revenait était quand même celui de l'opportunité de ces dessins.
Je m'explique. La réaction était assez prévisible. Dans un contexte nauséabond de "choc des civilisations", les journaux danois et norvégiens ont glissé sur la vague islamophobe ce qui est à double tranchant.
Derrière les appels à la liberté de la presse (que je défends bien entendu sur le principe), on voudrait bien voir les journalistes bourgeois parler des grands groupes qui les détiennent et des collusions des médias avec le grand capital. Pourquoi pas plutôt que de dessiner un Mohamed enturbanné explosif, croquer un Sarko communautariste à la place...? Ou dénoncer la complicité des gouvernements occidentaux démocratiques avec toutes les dictatures qui étouffent et exploitent les peuples de l'espace en question?
Un copain me faisait remarquer assez judicieusement que si on était contre le judaisme comme religion réactionnaire (ce avec quoi je suis d'accord), le faire pendant les années 30 en Europe avait des implications qu'on ne pouvait ignorer.

Message Publié : 05 Fév 2007, 19:46
par Valiere
Il ne s'agit pas d'entrer dans le cadre du choc des civilisations, qui n'est pas notre terrain mais de refuser que le droit au blasphème soit institué.
Il y a là un danger pour nos libertés et d'ailleurs les intégristes cathos , protestants et juifs soutiennent les intégristes islamistes.

Message Publié : 05 Fév 2007, 20:11
par abounouwas
relis ce que j'ai écrit sur l'opportunité de dissocier ces deux aspects: liberté d'expression et réception de ces dessins. Quant à nos libertés, tu conviendras que c'est un peu rapide. Le doit de blasphémer le capital existe-t-il?

Message Publié : 05 Fév 2007, 21:13
par logan
(abounouwas a écrit :
Un copain me faisait remarquer assez judicieusement que si on était contre le judaisme comme religion réactionnaire (ce avec quoi je suis d'accord), le faire pendant les années 30 en Europe avait des implications qu'on ne pouvait ignorer.

Tu peux préciser ce que tu entends par là, Abounouwas ?
Parce que Trotsky par exemple luttait contre la religion juive dans les années 30, tout en étant Juif lui-même et ce alors même que l'antisémitisme explosait en Europe.

Message Publié : 05 Fév 2007, 22:53
par abounouwas
je veux dire juste par là que si vraiment il s'agit comme certains journaux ont dit de défendre la liberté d'expression alors ils peuvent aussi blasphémer sur des tabous comme le capital qui tient la presse et que s'ils entendent faire oeuvre salutaire à destination du monde musulman (ce que je veux bien croire), il serait plus intéressant je pense de s'en prendre aux icônes vivantes, dictateurs et complices démocrates européens. Cela serait mieux percu par la population de ces pays et cela ne ferait pas le jeu de la récupération des régimes totalitaires et des intellectuels réacs qui les défendent. Voilà pourquoi si je considère que le judaisme, au même titre que les autres religions, est une idéologie à combattre, je ne suis pas certain que c'était dans les priorités de Trotsky de s'en prendre à lui dans un contexte très antisémite, je dois reconnaître que je ne connaissais pas non plus ce(s) texte(s) au(x)quel(s) tu fais référence. A titre de précision le journal danois qui a publié ces caricatures n'e était pas à son coup d'essai et tu sais comme moi qu'il y a une tendance de la presse réactionnaire à flatter son lectorat avec ce genre de dérapages contrôlés.

Message Publié : 05 Fév 2007, 22:59
par pelon
Voici l'article de LO au moment des caricatures :

a écrit :
À propos des caricatures de Mahomet: Le bal des hypocrites

Si les événements qui ont suivi la publication par un quotidien danois de caricatures de Mahomet démontrent quelque chose, c’est que le jésuitisme est la chose la mieux partagée par tous ceux qui se réclament d’une religion, qu’elle soit catholique, luthérienne ou musulmane... et par bon nombre d’hommes politiques et de commentateurs. «Les choix se sont faits entre le principe de la liberté de la presse et le respect de la foi» affirmait Libération le 3 février, en annonçant à la Une un dossier sur les «caricatures de Mahomet [qui] embrasent le monde musulman».

Présenter les choses sous ce seul aspect, c’est vraiment se moquer du monde.

Qui peut croire qu’en présentant Mahomet comme un poseur de bombes, le Jyllands-Posten, quotidien danois conservateur, était habité par le seul désir de combattre la religion (dans un pays où le luthérianisme est religion d’État)? Sa rédaction en chef savait ce qu’elle faisait en commandant spécialement ces dessins dans un pays où l’extrême droite se sent le vent en poupe, après avoir obtenu 13% des sièges au Parlement.

Qui peut croire que France-Soir, en reproduisant ces dessins, n’était animé que par la passion de défendre la liberté de la presse et non par la recherche d’un coup médiatique, bien utile à un journal en difficultés financières. D’ailleurs, le limogeage immédiat de son rédacteur en chef par le principal actionnaire du journal a aussitôt montré ce qu’il fallait entendre par «liberté de la presse» dans le monde capitaliste.

Mais qui peut croire aussi que les manifestations qui se sont déroulées ces jours derniers dans les pays musulmans aient été dues à la seule indignation de gens qui se seraient sentis offensés dans leur foi?

Dans une Syrie où il n’y a de manifestations qu’autorisées, c’est-à-dire voulues par le régime policier de Damas, le sac des ambassades danoise et norvégienne ne peut pas être le seul fait de fanatiques religieux. Affaibli depuis qu’il a dû évacuer le Liban, le régime syrien, pourtant laïque, cherche à se refaire une santé en s’affichant comme un défenseur de l’islam. En orchestrant ces manifestations, il cherche à souder la population derrière lui et à démontrer à l’Occident qu’il peut s’appuyer sur elle. C’est aussi une manière d’amener ses voisins islamiques, et d’abord les monarchies du Golfe, à le soutenir face à l’Occident.

De la même manière les religieux chiites qui sont les maîtres de l’Iran se sont trouvés bien heureux, dans un contexte où ils sont soumis aux pressions occidentales visant à les empêcher de développer leur programme nucléaire, de pouvoir jouer le rôle des croyants outragés.

Et bien sûr les mouvements islamistes de toutes sortes, dont les invocations à l’islam recouvrent la volonté d’imposer des régimes réactionnaires, se sont précipités pour utiliser cette situation. Mais s’ils peuvent le faire avec succès, c’est aussi parce que la politique des grandes puissances impérialistes, le mépris qu’elles affichent pour les victimes de leurs interventions en Irak et en Afghanistan, leur soutien à Israël et leur déni de fait des droits du peuple palestinien, l’exploitation des ressources et des travailleurs des pays du Tiers Monde, suscite dans la population des sentiments de haine envers tout ce qui représente l’Occident.

Mais les hommes politiques occidentaux qui font mine de défendre la «liberté de la presse», tout en se prononçant pour le respect des convictions religieuses de chacun, ne sont pas les derniers dans ce concours d’hypocrisie. Ces discours sur le «respect des convictions religieuses» sont à la fois un instrument diplomatique dans leurs relations avec les pays musulmans, et un geste destiné aux bigots de leurs propres pays (ils en font parfois eux-mêmes partie) dont ils ont besoin de l’appui politique.

Quand Bush dit «comprendre» les réactions des musulmans face aux caricatures de Mahomet, il y a, de la part de ce président qui se dit «born again» (le christianisme lui aurait offert une «re-naissance»), l’expression d’une confraternité en bigoterie.

Car il n’y a pas que dans le que l’obscurantisme religieux fait bon ménage avec l’oppression sociale.

On en a un bon exemple avec les États-Unis et les assauts réitérés des intégristes chrétiens visant à mettre sur un pied d’égalité dans l’enseignement les contes bibliques sur l’origine du monde et la science. Il n’y a pas que sur ce terrain des fadaises «créationistes» que les intégristes chrétiens font feu, au propre comme au figuré, de tout bois. Le personnel des centres d’interruption de grossesse, dont plusieurs médecins ont été assassinés au nom de la défense du caractère sacré de la vie, les femmes qui ont de plus en plus de mal à trouver de tels centres, savent que les fous de dieu chrétiens n’ont rien à envier à leurs homologues musulmans, juifs, hindous ou autres.

Mais si l’humanité n’est pas sortie du Moyen Âge, si elle menace par bien des aspects d’y retourner, ce n’est pas un simple problème de survivance des préjugés religieux. C’est surtout une conséquence d’un ordre social dépassé, reposant sur l’exploitation et l’oppression, qui se survit, et qui a besoin pour maintenir sa domination de s’appuyer sur tout le fatras des idées réactionnaires héritées du passé.

Pierre LAFFITTE