Chasser la droite ?

Message par Puig Antich » 28 Déc 2006, 18:37

a écrit : Lors des caravanes, les remarques qui venaient le plus souvent, si l’on excepte les partisans de Le Pen qui se trouvent aussi dans ces milieux-là et qui ne nous parlaient que peu, concernaient d’abord la situation, la crainte du chômage, pour eux-mêmes ou pour leurs proches, des intérims à répétition, qui ne se succèdent pas toujours sans trou, ce qui aboutit à des salaires de misère.
Si la discussion portait sur le plan politique, c’était neuf fois sur dix pour vomir la droite au pouvoir, son cynisme, ses mesures anti-ouvrières et le leitmotiv qui revenait, sur tous les tons et avec toutes les variantes possibles autour de la même conviction, c’était : «Il faut chasser la droite».
Lorsque nos camarades discutaient du gouvernement socialiste d’avant 2002, ils ne rencontraient pas toujours une compréhension immédiate car les souvenirs des mauvais coups de ce gouvernement s’évanouissaient avec le temps et son image se bonifiait en vieillissant, surtout à cause du rejet, augmentant de jour en jour, de cette droite abhorrée.
Si nos camarades rappelaient tout le passé du gouvernement socialiste, le fait qu’il avait privatisé plus que la droite qui l’avait précédé, les salaires qui avaient été bloqués par le premier gouvernement socialiste et n’avaient pas été débloqués par le dernier, que les 35 heures avaient eu du bon pour beaucoup de travailleurs, mais du mauvais pour beaucoup d’autres, ils finissaient par obtenir un acquiescement mais ne convainquaient pas vraiment.
Cela trompait parfois certains de nos camarades qui confondaient le désir de ne pas relancer la discussion avec un accord véritable. Si nous parlions des compensations larges pour le patronat, sur le dos des travailleurs et sur celui des contribuables, pour le petit patronat bien sûr mais, au travers des sous-traitants, pour le grand aussi, nos interlocuteurs arrivaient à se rappeler tout cela et admettaient que le Parti socialiste n’était pas le leur, surtout d’ailleurs les sympathisants communistes. Mais nos interlocuteurs disaient alors finalement : «Tu as raison, je sais, je me souviens, mais quand même la gauche c’est moins pire que la droite». Et souvent ils ajoutaient : «Je voterai pour le PS au deuxième tour pour chasser la droite» quand ce n’était pas : «Il ne faut pas revivre 2002 et par sécurité je voterai pour les socialistes dès le premier tour».


Extrait du rapport politique intérieur voté à 97% au congrès de L.O.


Je pense que celà vérifie la justesse politique dont ont fait preuve - toutes tendances confondues - ceux qui, à un certain moment du développement du mouvement contre le C.P.E., ont lutté pour qu'il prenne en charge centralement, et de manière visible, le combat pour chasser le gouvernement, sans attendre les élections.

C'était la seule manière de faire entrer en mouvement de larges couches du prolétariat ; c'était aussi la seule manière d'éviter ce qui risque de se passer en 2007 sans mouvement d'ampleur avant les élections : que ce soit sur le terrain du parlementarisme, et au profit du parti socialiste et d'une nouvelle mouture de l'union de la gauche, que se cristalise cette saine et naturelle aspiration populaire.

J'aurais sincérement aimé que les camarades de LO, de sa fraction, de la LCR ainsi que tous les autres militants révolutionnaires s'engagent à ce moment là clairement de ce côté là. Ce n'était certes pas le plus facile, car même si ce mot d'ordre était populaire, le milieu militant y était soit hostile soit y mettait un contenu opportuniste, mais je pense que c'était le moyen le plus efficace de faire monter le mouvement en puissance et de le rendre vraiment incontrôlable par les appareils syndicaux - ce qu'il n'a jamais vraiment été -, et par là même, sinon de le chasser, d'incapaciter vraiment le gouvernement dans sa volonté d'attaquer, voir le contraindre à retirer le CNE et la loi sur l'égalité des chances.

Une telle politique ne renforce pas les illusions sur le PS, mais au contraire est un avertissement sérieux qui pèse sur lui - bien plus qu'un vote extrême-gauche au premier tour - au cas où il revient aux affaires.
Puig Antich
 
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Message par amanda » 28 Déc 2006, 19:00

Puig, salut
Tu penses sérieusement que si mouvement d'envergure il devait y avoir LO se serait défilé ? la question est bien de savoir: un mouvement pour quoi ? pour chasser la droite, et aprés donner le pouvoir au PS, parceque c'est vraiment le max que cela aurait pu donner, et moi je pense qu'une organisation communiste révolutionnaire n'a pas à faire feu de tout bois mais doit continuer à discuter, à militer sans donner d' illusions.
De plus ce que tu cites est extrait des textes du congrés, les copains de LO sont allés les chercher ces réactions, en discutant et souvent bien longtemps. Cela ne veut pas dire que le ces personnes là étaient prêtes à descendre dans la rue pour virer la droite et, soit dit en passant, les personnes rencontrées ne représentent qu'une infime partie du monde du travail.
amanda
 
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Message par Puig Antich » 28 Déc 2006, 19:18

salut amanda :wavey:

Je veux pas accorder valeur évangélique au texte, mais son auteur prétend quand même qu'il s'agissait de personnes totalement exaspérées, d'une part, et que d'autre part celà valait bien mieux qu'un sondage d'opinion, car la disposition géographique des caravanes avaient été choisies pour toucher un public precis : les couches les plus exploités du prolétariat, et les sans-emplois. D'ailleurs dans ces deux couches on retrouve souvent les mêmes personnes, qui oscillent entre période d'"inactivité" et boulots de merde.

Vu l'état d'exaspération sociale qui est le leur, et vu aussi qu'une fraction d'entre eux à tout de même participé aux manifestations, je pense que celà valait le coup de tenter de les mobiliser sur l'axe de chasser le gouvernement. Pourquoi ? Parce que, derrière ce mot d'ordre, il y a chasser sa politique, les lois qu'il a voté, et donc celà concerne tout le monde. Pas seulement les jeunes de moins de 26 ans. Pas seulement ceux qui se sentent encore protégés par le code du travail. Mais aussi ceux qui aspirent au retrait de dispositifs qui visent plus précisément les couches exploitées ; et ceux qui aspirent à un changement plus radical dans les conditions de vie.

Moi aussi, j'aimerais comme toi qu'on puisse déclencher un tel mouvement directement sous le mot d'ordre "le pouvoir aux travailleurs", mais en attendant que les ferments d'un tel pouvoir soient palpables, on ne peut laisser aux seuls réformistes le rôle d'opposants politiques - par ailleurs fantoches - au gouvernement en place.

a écrit :Tu penses sérieusement que si mouvement d'envergure il devait y avoir LO se serait défilé ?


Loin de moi une telle pensée. Je ne le pense absolument pas. Mais il faut aussi le provoquer, ce mouvement d'envergure. Il peut être spontané, échapper à d'autres forces qui l'auraient enclenchés, mais le mieux est quand même que les révolutionnaires cherchent à le provoquer, l'organiser, le diriger.

Après c'est un débat sur la période et je pense pas qu'on se convaincra, un débat pour savoir si on a les forces pour s'engager dans une démarche comme celle-la et si il y aura du répondant. Ma position c'est que oui, dans certains contextes particuliers, et qu'en tout état de cause on doit chercher à être en position de le faire...

a écrit :pour chasser la droite, et aprés donner le pouvoir au PS, parceque c'est vraiment le max que cela aurait pu donner, et moi je pense qu'une organisation communiste révolutionnaire n'a pas à faire feu de tout bois mais doit continuer à discuter, à militer sans donner d' illusions.


C'aurait déjà été énorme. Je suis d'accord, c'est le max que ca aurait pu donner. Mais bon, c'est pas tous les jours qu'un gouvernement est contraint à la démission dans une métropole impérialiste sous la pression d'un mouvement de rue. Et le PS arrivé dans ces conditions au pouvoir, j'aurais pas aimé être à sa place.
Puig Antich
 
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Message par amanda » 28 Déc 2006, 19:56

Bon sur le texte mettons nous d'accord: il ne s'agit bien entendu pas, de l'évangile selon LO, il s'agit de personnes, totalement expaspérées, mais rencontrées sur les caravanes..
Et loin de moins l'idée d'enlever quoique ce soit aux copains de LO, même si les sites ont stratégiquement bien choisis ils ne touchent pas tant de monde que ça parmis les travailleurs (ceci étant lié au nombre réduit de militants).
C'est bien entendu mieux qu'un sondage d'opinion, cela ne veut pas dire que cela touche plus de gens mais des gens avec qui LO choisit de discuter.

Ensuite et c'est bien là que nous ne sommes pas d'accord, chasser ce gouvernment (pour un autre ou pour une sorte de crise constitutionnlle avec éléctions etc..) je ne pense pas que LO doive enclencher ou chercher un tel mouvement, à se poser comme fer de lance d'un tel mouvement, sans quoi on n'y comprendra plus rien..
On peut "le provoquer, l'organiser, le diriger" si c'est un mouvement qui soit un tout peu de classe, c'est à dire dirigé , contre les patrons , pas seulement et uniquement contre leurs valets, un peu quoi..
amanda
 
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Message par LesPaul » 28 Déc 2006, 20:16

Si ça n'était pas représentatif, pourquoi le mettriez vous dans un texte de congrès? Ca serait idiot.

Moi j'entends partout la même chose que sur les caravanes, et d'ailleurs objectivement c'est vrai, entre 2002 et 2007 ils ont battu tous les records de sale coups depuis 1945.
LesPaul
 
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Message par titi » 28 Déc 2006, 21:37

oui LesPaul, ce gouvernement a fait pire que jospin, qui a fait pire que juppé, qui a fait pire que balladur, qui a fait pire que bérégovoy, qui a fait pire etc. etc.

et le prochain gouvernement, si la classe ouvrière ne rentre pas dans la danse contre lui, fera pire que chirac-raffarin-villepin

le prochain gouvernement, que ce soit royal ou sarkozy (ou bayrou), il fera pire si on le laisse faire
titi
 
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Message par LesPaul » 28 Déc 2006, 23:09

Alors pourquoi LO reprend aujourd'hui l'idée qu'il faut battre la droite?
Je vais lire vos textes de congrès pour comprendre comment vous pouvez à la fois dire PS=UMP et à la fois "battre la droite" commele fait Arlette en meeting. @+
LesPaul
 
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Message par Jacquemart » 28 Déc 2006, 23:16

a écrit :comment vous pouvez à la fois dire PS=UMP et à la fois "battre la droite" commele fait Arlette en meeting

Si tu lis bien, tu verras que LO ne dit ni l'un ni l'autre. :-P
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Message par Puig Antich » 28 Déc 2006, 23:32

a écrit :
Ensuite et c'est bien là que nous ne sommes pas d'accord, chasser ce gouvernment (pour un autre ou pour une sorte de crise constitutionnlle avec éléctions etc..) je ne pense pas que LO doive enclencher ou chercher un tel mouvement, à se poser comme fer de lance d'un tel mouvement, sans quoi on n'y comprendra plus rien..
On peut "le provoquer, l'organiser, le diriger" si c'est un mouvement qui soit un tout peu de classe, c'est à dire dirigé , contre les patrons , pas seulement et uniquement contre leurs valets, un peu quoi..
e

Dejà, le mouvement CPE avait un évident contenu de classe, car sa signification c'était de mettre un coup d'arrêt, de freiner du moins, la casse du contrat de travail. C'était une question qui concernait toute la classe, pas seulement les moins de 26 ans.

Ensuite, oui, biensûr qu'il faut le diriger contre les patrons ce mouvement : c'est la question du programme, des revendications : interdire les licenciements, obtenir la hausse des salaires et leur échelle mobile, briser les dispositifs liberticides, anti-immigrès. Voilà quelques objectifs que pourraient se fixer un tel mouvement. Si il est encore plus profond, on pourra même avancer l'expropriation de certains grands groupes, ou au moins la fameuse "renationalisation de ceci et celà" mais si possible sous contrôle ouvrier....

Mais justement, face à un gouvernement minoritaire, une exaspération qui peut rallier à elle à la fois les couches les plus exploitées et les couches moyennes autour d'un mot d'ordre non seulement antigouvernemental, mais qu'il faudra compléter pour frapper les points les plus réactionnaires des institutions bourgeoises : pourquoi se priverait on de l'exploiter ? Par souci de pureté ? Mais rien ne nous oblige à nous lier en quoi que ce soit avec la formule bourgeoise de gouvernement qui viendrait tenter de replâtrer le régime, de sauver la propriété privée des moyens de production et tout le toutim à la place d'un gouvernement de droite chassé...

Au contraire, on la dénoncera. Mais on aura franchi une étape, on aura créé des conditions plus favorables pour la classe des travailleurs, qui par une gymnastique (comités de grève, assemblées générales, débordement des appareils syndicaux) se sera forgé des outils politiques, une expérience pratique, qui lui serviront ultérieurement.
Puig Antich
 
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Message par com_71 » 29 Déc 2006, 00:01

Pour Puig Antich, en général :

Quand il y a de la bruine, on n'est pas obligé de mobiliser quinze cabinets d'architectes pour finaliser un projet de toiture bétonnée pouvant résister à des vents de 600 km/h, et à l'impact de trois météorites en cinq minutes suivi d'un tremblement de terre de degré 45...

Il peut être plus astucieux de repérer, au cas où, une petite boutique où l'on pourra trouver un parapluie... ;)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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