Huma 17/11 300 manifestants...

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Le MEDEF fait sa promo sur la « diversité »

Chômage . Face au MEDEF qui vantait, hier, en Seine-Saint-Denis, son opération « Nos quartiers ont du talent », plusieurs centaines de personnes ont exigé « de nouveaux droits pour le 93 ».

Trois cents manifestants étaient rassemblés hier matin devant le complexe Eurosite, à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en contrepoint du lancement de la seconde édition de l’opération « Nos quartiers ont du talent », en présence de Laurence Parisot, présidente du MEDEF, et d’Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances.

À l’intérieur, dans une ambiance feutrée, devant un parterre de chefs d’entreprise, des jeunes diplômés triés sur le volet vantent les mérites de l’opération destinée à des bac + 4 et basée sur le « parrainage » des jeunes chômeurs qualifiés, invités à participer à des séances de « coaching » pour mieux se vendre. « Je viens d’un quartier qui a mauvaise presse. Ce n’est pas de ma faute : je suis une personne conquérante, ambitieuse, dynamique », récite Saïd. « Soyez patient, la patience, ça paye », lui sourit le Monsieur Loyal qui anime la « table ronde ». Ingénieur à la recherche d’un emploi, Ouahid a l’outrecuidance d’avouer qu’il préférerait un CDI. « Vous savez, le reprend le modérateur, on peut commencer avec un CDD, puis se faire une place dans l’entreprise. » Venu de Londres, Hamid Senni, jeune dirigeant, estime que « l’entreprise n’est pas une association, elle n’est pas là pour faire dans l’humanitaire ». Pour être embauché, prévient-il, « il faut être bon ». Avant de faire l’apologie de la précarité, « un état d’esprit ». « Responsable diversité » chez L’Oréal, Sylviane Balustre d’Erneville explique, de son côté, que la diversité est « d’abord un enjeu d’ordre économique pour les entreprises », que la sienne se doit d’intégrer « dans sa stratégie de développement » pour « mieux appréhender les attentes diverses des clients en matière de beauté ».

Au fond de la salle, une petite femme brune et sèche badgée « MEDEF 93 » s’inquiète du nombre de manifestants à l’extérieur. « Mais enfin, que veulent-ils ? » « Eux-mêmes ne le savent pas bien », soupire sa collègue. Dehors, pourtant, les manifestants sont parfaitement conscients de l’objet du rassemblement, auquel appelait une large intersyndicale « pour de nouveaux droits pour le 93 » en matière d’emploi et d’éducation. Carole, militante de l’UNEF à Paris-XIII-Villetaneuse, estime que l’enjeu est de donner « à tous les jeunes une solide qualification ». Pour Thierry Dumez, responsable de la CGT 93, il s’agit de « faire monter des revendications » face à « une opération médiatique du gouvernement et du MEDEF ». Le responsable syndical estime à plus de 900 le nombre de salariés frappés par des plans de licenciement en Seine-Saint-Denis.

Dans la foule colorée, les salariés de DHL, de Saint-Gobain, d’Eurocopter ou encore d’Aventis côtoient les responsables politiques venus en soutien, parmi lesquels Arlette Laguiller, Alain Krivine et la sénatrice communiste Éliane Assassi. Mohammed Mechmache, de l’association ACLEFEU, défend l’idée d’une allocation d’autonomie pour les jeunes et suggère que l’on ne taxe « pas seulement les salaires, mais toute la richesse produite par les entreprises ».

L’un des nombreux élus communistes présents, le conseiller général Azzedine Taïbi, dénonce, à propos de l’opération « Nos quartiers ont du talent », l’hypocrisie de « la logique qui consiste à en sortir quelques-uns du lot pour mieux cacher les 99 % qu’on laisse dans la galère ». Au même moment, à l’intérieur, Laurence Parisot dit son « émotion de voir cette opération institutionnalisée ». Dans les faits, sur les 200 jeunes qui en ont bénéficié, 75 ont trouvé un emploi, dont une vingtaine en CDD.

Rosa Moussaoui