CITATION
Un million de manifestants en Allemagne pour le 1er mai
LEMONDE.FR | 01.05.03 | 20h31
Un million de personnes ont manifesté dans le calme en Allemagne, jeudi 1er mai, à l'occasion de la fête du travail. En milieu d'après-midi, le nombre de manifestants avait déjà doublé par rapport à l'an passé, selon des chiffres de la Confédération syndicale allemande (DGB). Le climat social actuel est très tendu en Allemagne, où le chômage prend des proportions dramatiques avec près de 4,5 millions de chômeurs en avril, alors que le chancelier veut imposer aux forceps des réformes perçues comme trop libérales par l'aile gauche du Parti social-démocrate (SPD), qu'il préside.
Les syndicats, alliés traditionnels du chancelier, ont saisi l'occasion du 1er mai pour exprimer leur opposition à son plan de réformes baptisé Agenda 2010, qui prévoit notamment des réductions des allocations pour les chômeurs de longue durée, un assouplissement du droit de licenciement, la baisse des prestations du système de santé public et un relèvement de l'âge de la retraite. Sifflements et huées ont accueilli le chancelier, qui affrontait à Neu-Anspach, près de Francfort, quelque 7 000 militants de la DGB.
Gerhard Schröder, dont près de quatre Allemands sur dix réclament la démission selon un sondage, a malgré tout défendu avec véhémence son plan de réformes, qu'il entend faire adopter par le Parlement d'ici l'été, au motif qu'il a "l'objectif de rendre l'Allemagne dynamique". Le chancelier a affirmé froidement avoir "pris connaissance des nombreuses protestations" suscitées par ses projets, estimant que celles-ci n'avaient "pas de réel fondement".
Prenant la parole après M. Schröder, le chef de la DGB, Michael Sommer, a soigneusement pris ses distances avec lui : "Je suis au SPD mais je n'ai pas la même opinion que lui", a-t-il lancé, ponctuant son discours de "cher Gerhard". Le terme de "réformes" sonne en l'occurrence davantage comme "démantèlement de l'Etat providence", a-t-il notamment souligné, relevant à l'adresse du chancelier : "Nous ne pourrons jamais accepter que l'économie allemande laisse sur le pavé, cette année encore, 140 000 jeunes qui n'ont aucune perspective de formation" professionnelle.
Plusieurs manifestations d'extrême droite doublées de contre-manifestations se déroulaient dans le calme jeudi après-midi notamment à Berlin, Dresde et Halle, dans l'est du pays. Dans l'ouest de la capitale allemande, quelque 500 personnes ont accompagné de sifflements et de pancartes dénonçant "la terreur nazie" un défilé du parti néonazi NPD, qui rassemblait plus de 1 200 personnes. Dans la matinée, 300 militants d'extrême gauche ont brandi des balais "pour balayer l'idéologie brune". Certains extrémistes de gauche ont tenté de barrer la voie aux néonazis, donnant lieu à de légers heurts, selon la police.
Dans le même temps, une manifestation régionale des syndicats placée sous le slogan "Berlin a besoin de travail, d'éducation et d'avenir" a réuni 8 000 personnes selon la police, 20 000 selon les organisateurs, contre l'Agenda 2010. Plus de 20 000 manifestants et 65 défilés étaient attendus jeudi dans la capitale. Quelque 7 500 policiers étaient mobilisés pour éviter les affrontements traditionnels du 1er mai, orchestrés par des groupuscules d'extrême gauche.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, 97 personnes ont ainsi déjà été interpellées dans le quartier de Prenzlauer Berg, à Berlin-Est, pour "troubles de l'ordre public", après des heurts au cours desquels 29 policiers ont été blessés, dont un grièvement. A Hambourg, 200 personnes ont également été interpellées après des accrochages avec les forces de l'ordre, a indiqué la police locale.
Avec AFP
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