Les salariés bloquent le site de Saint-Ouen

Message par faupatronim » 24 Avr 2003, 11:49

Seine-Saint-Denis

Les salariés bloquent le site de Saint-Ouen


Alstom prévoit de supprimer 105 emplois sur 425 chez TSO. Le CCE examinait hier le volet économique du plan social.

Le blocage du site Alstom de Saint-Ouen a commencé à 5 heures hier matin, aux premières prises de poste. Quelques heures plus tard, le CCE de la branche T & D d'Alstom, dont dépend l'usine Transformateurs Saint-Ouen (TSO), devait se réunir dans la banlieue de Lyon. Au programme, le volet économique du projet de 105 suppressions d'emplois annoncé fin janvier. Des barrières ont été montées rue Adrien-Meslier, d'autres rue des Bateliers, des salariés forment une " barrière humaine " et empêchent l'entrée des récalcitrants. À 9 heures, ouvriers, techniciens, employés, cadres forment un gros bouchon tranquille devant l'usine. Les syndicats de la SIF, l'autre usine du site, propriété de la branche ferroviaire sont complices et expliquent le mouvement à leurs collègues un peu surpris. On distribue des tracts à en-tête unitaire (CGT, CFDT, FO de TSO et SIF, CGC de TSO) qui expliquent pourquoi " les salariés ferment les portes à la destruction de l'emploi " : " Contrairement à ce qu'elle prétend sur le papier, la direction ne travaille pas à la pérennité de l'usine Transformateurs de Saint-Ouen ", expliquent les syndicats. Rien de nouveau, selon eux : " le plan précédent a permis l'élimination de 200 des 600 emplois recensés en 2000 à TSO. Cette coupe sombre dans les effectifs et le retrait des investissements annoncés à l'époque ont empêché l'usine de répondre à son plan de charge ". Ce que la direction mijote, selon les syndicats, " ce n'est pas seulement 105 suppressions de postes, c'est un nouveau coup contre notre collectif de travail qui accélérerait la fermeture du site ".

Le rapport sur le plan de restructuration commandé par le CCE au cabinet Secafi insiste sur le peu de crédibilité des projets de la direction aux yeux des salariés. En 2000, un autre plan social a créé un fâcheux précédent : il devait être suivi d'investissements massifs dans l'entreprise. Si les réductions d'effectifs ont bien eu lieu - 200 en tout, entre les 165 prévus et les départs volontaires encouragés - les salariés n'ont jamais vu la couleur des 19 millions de francs d'investissements promis. Le schéma est le même aujourd'hui : les 105 suppressions d'emplois sont un préalable à l'installation d'une partie des ateliers sur " coussins d'air ". " Les salariés ne sont pas dupes ", explique Daniel Polo, de la CGT. " Et ils savent qu'une entreprise qui n'investit pas est condamnée à mourir. " " Nous sommes l'établissement, avec celui du Petit-Quevilly près de Rouen, qui a reçu les plus faibles investissements de la division ", explique Bernard Balestri de la CFDT. " On n'a plus embauché d'ouvriers depuis 1992 et on atteint un seuil d'effectifs en deçà duquel les choses vont devenir très difficiles. " Pour Daniel Polo, " les salariés ont besoin d'un signe fort de la direction pour croire dans ce projet, des investissements rapides, par exemple. Le projet en soi n'est pas déraisonnable, mais il met la barre très haut, et n'explique pas quels moyens humains permettront de le réaliser ".

L'avenir industriel du site est rendu plus flou par la vente programmée de la branche T & D Alstom. Le groupe espère ainsi réduire son endettement : ses pertes sont estimées à 1,3 milliard d'euros pour 2002-2003. Par ailleurs, Alstom est engagé dans un processus de " benchmarking " - en clair une uniformisation des processus de production dans l'ensemble du groupe - qui devrait permettre de mieux comparer les coûts d'une usine à l'autre. À TSO, les syndicats soupçonnent fortement la direction de vouloir baisser les effectifs pour diminuer les frais généraux trop élevés pour que l'usine soit rentable, face aux autres usines du groupe au Brésil, en Turquie. " Qu'on donne la même protection sociale, le même niveau de vie, les mêmes moyens en formation aux salariés turcs, et alors on pourra comparer les coûts ", s'emporte Daniel Polo. À son côté, un militant CGT de la SIF fustige la " fuite en avant d'Alstom pour récupérer du pognon ", et rappelle : " on est une entreprise industrielle, pas une banque ! "

Sur le site de l'établissement Alstom SIF, 520 salariés s'inquiètent des projets de la direction générale qui a programmé " l'optimisation géographique de son secteur ferroviaire ". À La Courneuve, les salariés de l'usine Alstom-Rateau luttent contre le démantèlement de leur usine. " Cette journée de blocage du site d'Alstom est une étape vers la construction du rapport de force qui sera nécessaire pour faire plier Alstom et des pouvoirs publics, trop souvent complices de la désertification industrielle de la proche banlieue ", proposent les syndicats. Daniel Polo soupire : " On a l'impression de faire le boulot du patron : on essaie de préserver les emplois, on travaille à la pérennité du site, c'est vraiment le monde à l'envers ! "

Lucy Bateman
faupatronim
 
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Message par Louis » 25 Avr 2003, 17:28

Rouge 2014 24/04/2003

Licenciements à Argenteuil
Bras de fer


Num, filiale de Schneider Electric, vient d'annoncer un plan qui supprime 98 emplois, transfère 52 postes près de Nice, ferme le site d'Argenteuil et maintient un moignon d'entreprise en région parisienne.

NUM, spécialiste de commandes numériques et asservissements pour machines-outils, est une entreprise de 220 salariés située à Argenteuil, filiale à 100 % de Schneider Electric. NUM ayant des filiales en Europe, en dehors des 98 emplois qu'elle supprime en France, ce sont 58 suppressions d'emplois qui sont prévues en Italie, en Allemagne ou en Suisse, sans compter le sort des sous-traitants et des salariés travaillant sur le site (gardiens, personnels d'entretien, de cantine et d'accueil).
En 2000 déjà, les salariés avaient subi 80 suppressions d'emplois, une réorganisation complète de l'entreprise et l'externalisation de plusieurs services, surtout liés à la fabrication. La lutte avait surtout porté contre les licenciements. Pour créer une perspective, les salariés avaient construit avec les élus et la section syndicale CGT un plan alternatif pour préserver des emplois. Mais le rouleau compresseur était passé en cassant des équipes de travail.
Face à la récession de ces derniers mois, la situation économique propre de NUM n'a jamais pu se redresser. La stratégie de développement des produits est imposée par les besoins de Schneider, le groupe renflouant les pertes de NUM chaque année, mais ne lui permettant pas de se développer face à de plus gros concurrents internationaux. En gros, pour la direction, la mondialisation a tué cette entreprise.
Bien sûr, la menace planait depuis un moment, mais la direction a accumulé les coups tordus, transférant une partie du développement, sortant des milliers de pièces électroniques du magasin, négociant avec une partie des cadres leurs solutions individuelles.
Aujourd'hui, la lutte contre les licenciements est difficile, car le bilan de 2000 est encore dans beaucoup de têtes, ainsi que les milliers de licenciements annoncés en France. Même avec une CGT devenue majoritaire en 2000, les traditions de luttes ne sont pas très fortes. Les premières réactions mêlent désarroi, colère, abattement et détermination.
Pourtant, la résistance s'organise. Une plainte pour délit d'entrave au comité d'entreprise a été votée. Des assemblées du personnel se tiennent presque tous les jours, dans lesquelles sont cherchées des formes d'actions qui gênent le fonctionnement de l'entreprise. Les revendications des salariés sont encore à construire, certains privilégiant la lutte pour l'emploi, d'autres ayant perdu tout espoir d'avenir, ne voulant se battre que pour une indemnité la plus forte possible. Jusque-là, l'information est bloquée médiatiquement. Elle circule cependant dans le groupe Schneider et au plan départemental. Mais il manque manifestement l'échelon national, ce que les salariés de NUM seuls ne pourront pas atteindre.
Le bras de fer a débuté entre les salariés et la direction. Rien n'est encore joué !

Correspondant.
Louis
 
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