a écrit :Dans une lettre, qu'Arlette Laguiller a envoyée aux responsables de la LCR pour décliner une invitation à leur université d'été, la candidate de Lutte ouvrière témoigne à sa façon, et non sans une pointe d'ironie, des difficultés que s'attendent à rencontrer les deux formations d'extrême gauche. Si d'aventure, elle n'obtenait pas les parrainages nécessaires, prévient-elle, elle appellerait à voter Olivier Besancenot.
Le plat est réchauffé ce matin dans Libé :
a écrit :En peine de signatures, Arlette n'exclut pas de voter LCR
Dans une lettre adressée au «camarade Olivier Besancenot», que «Libération» s'est procurée, la candidate de LO écarte Buffet ou Bové.
Par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN : Jeudi 31 août 2006 - 06:00
Port-Leucate (Aude) envoyé spécial
«A la LCR, on rame, mais à LO, ils galèrent.» Ce militant trotskiste, interrogé hier à Port-Leucate lors de la journée de clôture de l'université d'été de la formation d'Olivier Besancenot, ne croit pas si bien dire. Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière pour la sixième fois, commence apparemment à s'inquiéter sur sa capacité à réunir les 500 signatures nécessaires. Et elle s'épanche même sur le sujet dans une lettre (que Libération s'est procurée) adressée le 24 juillet... au «camarade Olivier Besancenot», son concurrent trotskiste. Et, surprise, elle se dit prête à appeler à voter pour le candidat de la LCR en cas d'échec. Même si, en 1969, LO, qui n'avait pas présenté de candidat, avait appelé à voter Krivine, il s'agit d'un véritable tournant dans les relations entre les deux formations trotskistes, Lutte ouvrière ayant longtemps critiqué la dérive «mouvementiste» de la LCR.
Le cas échéant. Le courrier est signé de la main d'Arlette Laguiller «au nom de la direction de LO» : «A l'heure qu'il est, je n'ai pas encore tous les parrainages nécessaires, mais j'espère bien les obtenir et que tu obtiendras les tiens. Je tiens cependant à te dire que, si je ne les avais pas, nous appellerions très probablement à voter pour ta candidature, mais pas pour la "candidature unitaire" que tu proposes, et dont le programme serait le plus petit dénominateur des positions respectives de tes soutiens», écrit-elle. La candidate de LO, le cas échéant, envisagerait donc de mettre un bulletin Besancenot dans l'urne au premier tour. Mais pas un bulletin Buffet ou Bové, au cas où l'un d'eux prendrait la tête d'une candidature unitaire antilibérale. Ni l'une ni l'autre ne sont suffisamment «anticapitalistes» à ses yeux. Cette perspective unitaire est de toute façon peu probable tant sa dynamique aujourd'hui semble plombée par le bras de fer entre la LCR et le PCF (lire Libération d'hier).
Le ralliement d'Arlette à Olivier aurait des limites : «Si je ne pouvais me présenter et que tu le puisses, le fait que nous pourrions appeler à voter pour toi ne signifierait pas qu'on en ferait automatiquement une candidature commune avec une campagne commune», précise-t-elle en joignant ses «salutations révolutionnaires et toute [son] amitié».
Si les deux formations d'extrême gauche rencontrent des difficultés pour réunir les 500 signatures, LO paraît plus mal partie. Marc, qui a démarché des maires dans l'Aisne pour la LCR, a une explication : «Souvent, les militants de LO sont passés avant nous. On prend les listes des maires qui ont parrainé des candidats de gauche en 2002. Dont ceux qui avaient signé pour Arlette. Certains nous disent qu'ils n'ont pas apprécié qu'elle ne donne pas de consigne de vote au deuxième tour contre Le Pen. Et qu'elle se moque de ceux qui allaient voter Chirac.»
Consigne d'exclusivité. Ce n'est pas gagné non plus pour Olivier Besancenot, qui n'a recueilli pour l'heure que 200 promesses de signature. «Je n'irai pas pleurnicher auprès de François Hollande», prévient ce dernier. Moins que la consigne d'exclusivité envoyée par le premier secrétaire du PS aux élus socialistes, c'est la «trouille des municipales, organisées un an après», qui freine les maires, explique Roberto, chargé de cette chasse aux signatures à la LCR. «Et, dans les communautés de communes, le chantage aux subventions brandi par les conseillers régionaux ou généraux fonctionne», explique Alain Krivine. Résultat : sur les parrainages de 2002, un tiers des élus resigne, un tiers refuse, et le reste hésite.