a écrit :"Nous étions vint-sept au départ de Libye, mais pendant la traversée treize d'entre nous n'ont pas réussi à tenir le coup et nous avons été obligés de jeter leurs corps dans la mer", a raconté, samdi 29 juillet, un immigré clandestin rescapé d'une trop longue traversée entre les côtes africaines et l'Italie. Sept des quatorze survivants ont été hospitalisés dans un état grave, dont deux dans le coma, après avoir été transportés à l'aide de quatre hélicoptères à Palerme, en Sicile.
Les immigrés, des hommes entre 20 et 30 ans, s'apprêtaient à jeter par-dessus bord leur deux camarades dans le coma, qu'ils croyaient déjà morts, quand ils ont été secourus après près de trois semaines à la dérive. "Ils étaient dans des conditions pitoyables, réduits à des squelettes, les lèvres détruites par le soleil et le sel. Certains nous ont raconté qu'ils étaient en mer depuis 20 jours et qu'ils avaient épuisé leur réserve d'eau et de nourriture au bout d'une semaine", a raconté le capitaine de frégate Stefano Bricchi, commandant du premier navire (militaire) à avoir secouru les immigrants, à l'agence italienne Ansa. Les immigrés seraient érythréens, maliens et il y aurait un Egyptien, selon la même source.
2 000 CLANDESTINS EN 15 JOURS À LAMPEDUSA
Ce drame présente un des bilans les plus lourds depuis le début de l'année, après les 47 émigrants sénégalais morts à bord d'une embarcation partie du Cap Vert pour les Canaries et qui avait dérivé pendant quatre mois dans l'Atlantique jusqu'à l'île de la Barbade, face au Brésil. Dix-sept corps ont par ailleurs été repêchés le 15 mars par un navire-hôpital espagnol au sud des Canaries et 17 personnes sont également portées disparues depuis mercredi, après le naufrage de leur embarcation au large de la Tunisie.
Depuis la récente mise en place par l'Espagne d'un contrôle plus rigoureux des routes d'accès des candidats à l'immigration clandestine, une partie des flux dirigés vers ce pays s'est détournée vers l'Italie, a indiqué jeudi le ministre de l'intérieur, Giuliano Amato. Et de préciser que "lors des quinze derniers jours, plus de 2 000 clandestins, en majorité des citoyens maghrébins, sont arrivés à Lampedusa", petite île située à quelque 300 km des côtes libyennes, et à 200 km au sud de la Sicile.
Le Commissaire européen à la justice, à la liberté et à la sécurité Franco Frattini a annoncé vendredi une série de mesures pour aider l'Italie à lutter contre l'afflux massif de boat people. Selon lui,"la première option est d'impliquer Malte, l'Italie et la Grèce dans des opérations de patrouille, qui s'étendraient des eaux de Lampedusa et de Malte (...) jusque dans les eaux grecques et libyennes".
Les débarquements sur les côtes italiennes sont très fréquents pendant la belle saison, mais la péninsule est devenue encore plus attrayante ces dix derniers jours : le nouveau gouvernement de gauche, dirigé par Romano Prodi, a annoncé la régularisation de 350 000 clandestins travaillant déjà en Italie, avant de prendre de nouvelles mesures facilitant l'obtention d'une carte de séjour ou le regroupement familial.