Lecture : appel à ne pas appliquer la circulaire

Message par Valiere » 26 Juin 2006, 07:07

Lecture : appel à ne pas appliquer la circulaire
Appel AFL- CEMEA-GFEN- ICEM à signer contre la circulaire du MEN sur l'apprentissage de la lecture

Nous, éducateurs, formateurs, enseignants, parents, militants de mouvements pédagogiques et d’éducation populaire, nous ne tiendrons pas compte de la circulaire du Ministre de l’Éducation nationale préconisant une méthode de lecture contraire à la visée émancipatrice de l’Éducation et aux résultats des recherches que nous conduisons.

Depuis plusieurs mois, le terrain avait été minutieusement préparé : jeter le doute dans l’opinion publique, apeurer les parents, valoriser certaines pratiques pédagogiques, en condamner d’autres...
Les événements de novembre, renforçant ces peurs et ces doutes, ont permis de stigmatiser une partie de la jeunesse et de ses enseignants.
La circulation organisée à l’échelle nationale de cette désinformation a constitué une véritable propagande gouvernementale afin de conditionner l’opinion publique.

Imposer une méthode d’apprentissage est déjà en soi un déni d’éducation, réduisant l’acte d’enseigner à une simple exécution et la classe à une somme de techniques et de recettes. Mais lorsque cette méthode vise l’assujettissement de la jeunesse, nous sommes bien dans la propagation d’une idéologie politique écrasant tout espoir d’émancipation possible par l’éducation.

Des méthodes d’apprentissage où l’enfant est chercheur à celle où l'enfant est dressé, le choix idéologique est limpide : lui refuser dès le plus jeune âge de penser, lui ôter le désir de questionner, de comprendre, de connaître, lui imposer une obéissance passive en l’enfermant d’abord dans des exercices répétitifs et mimétiques... Au-delà de l'apprentissage de la lecture, c'est bien la volonté d'agir sur les capacités réflexives et complexes de la compréhension du monde de toute une jeunesse !

Une jeunesse qui déchiffre et une jeunesse qui lit… Les jeunes des milieux populaires en sauront toujours bien assez pour déchiffrer les programmes de télévision, la publicité et les messages utiles à la consommation. Des textes simplifiés pour les uns, des textes complexes pour les autres, les "héritiers", qui les auront d’abord rencontrés dans la famille et les activités culturelles privées...

La méthode syllabique constitue en outre un sérieux atout économique ! Pas la peine de réduire les effectifs ou de dédoubler des classes s’il s’agit de faire répéter en chœur aux enfants des sons et des syllabes. Les récalcitrants seront traités au cas par cas dans les programmes de réussite éducative en contractualisant les familles qui devront accepter l’échec, la rééducation et l’orientation comme allant de soi. Les solutions préconisées ne coûteront rien à l’Éducation nationale puisque déléguées au privé : orthophonistes, soutiens scolaires, formations à distance, éditions scolaires et parascolaires...

On est bien loin de l'école publique, laïque et gratuite pour tous !

Le gouvernement a commencé par la méthode de lecture, emblématique de sa volonté politique et sociale. Mais qu’en sera-t-il demain de l’enseignement des mathématiques, de l’histoire, des arts... ? Ils ne resteront pas davantage des espaces de mise en œuvre de la pensée.

M. de Robien est bien conscient que sa circulaire va à l’encontre des programmes de 2002. Qu’importe ! Trop ambitieux, ils seront changés pour rompre avec les progrès reconnus par tous dont ils témoignaient.

Non.
Nous appelons tous les enseignants et tous les éducateurs qui travaillent à l’augmentation (difficile car l’école n’est pas seule en cause) de la réussite de tous les enfants et de tous les jeunes à poursuivre ce qu’ils ont engagé et dont les résultats, encore insuffisants, se situent déjà largement au-dessus de ceux des méthodes d’alphabétisation. Celles-ci, du temps où elles étaient utilisées, n’ont jamais permis à 50 % des enfants d’obtenir le Certificat d’études. Aujourd’hui, plus de 60 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat. Ce n’est pas un hasard.

Poursuivons ensemble !
AFL (Association française pour la lecture)
CEMEA (Centres d’entraînement aux Méthodes d’Éducation Actives)
GFEN (Groupe français d’éducation nouvelle)
ICEM - Pédagogie Freinet (Institut coopératif de l’école moderne)

Signatures de soutien

Jean-François Chalot, responsable d’association d’éducation populaire
Evelyne Charmeux, professeur honoraire de l'IUFM de Toulouse, chercheur en pédagogie de la lecture
Nicole Desgroppes, membre de l’Inter-Réseaux Ecole des RERS
André Duny, président de la coordination de la nouvelle éducation populaire
Jacques Fijalkow, professeur de psycholinguistique, Université de Toulouse-le-Mirail
André Giordan, Professeur Laboratoire de Didactique et Epistémologie des Sciences, Directeur
Université de Genève
Jean Gondonneau, Président de Peuple et Culture
Claire Heber-Suffrin, fondatrice des réseaux d’échanges réciproques de savoirs RERS
Georges Hervé, animateur du réseau REVEIL
Gaston Mialaret, professeur honoraire de l’Université de Caen
Francis Morin, maire-adjoint, délégué à l’éducation, mairie de Stains (93)
André Ouzoulias, professeur à l’IUFM de Versailles
Maria Pagoni, Maître de Conférence à Lille 3
Jacques Pain, professeur des Universités

Ecole Emancipée, tendance syndicale de la FSU
Emancipation Tendance Intersyndicale
UDAS-PAS 38 (Union des Alternatives Syndicales) Grenoble
Valiere
 
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Message par Jenlain » 26 Juin 2006, 14:51

c'est quand meme un peu démagogique de lutter contre cette directive en pronant "l'emancipation de l'éducation", "d'imposer une méthode d’apprentissage", "des méthodes d’apprentissage où l’enfant est chercheur à celle où l'enfant est dressé" ... c'est enormement caricaturale. Les sciences de l'éducation, avec l'apport des sciences cognitives, étudie l'apprentissage de la lecture. Le problème est énormement plus complexe.

"M. de Robien est bien conscient que sa circulaire va à l’encontre des programmes de 2002. Qu’importe ! Trop ambitieux, ils seront changés pour rompre avec les progrès reconnus par tous dont ils témoignaient"
C'est du grand n'importe quoi, il y a plein de professeurs qui sont pour la méthode syllabique. Ils s'etaient d'ailleurs fait entendre il y a quelques temps denoncant le fait que le ministère de l'Education ne tirait pas le bilan du passage à la méthode globale, et pronaient un retour à cette méthode syllabique. Il y a eu un gros tapage médiatique ou la télé montrait ces "valeureux" professeurs qui desobeissaient et utiliser la méthode syllabique, avec la grande satisfaction des parents quand à la réussite de leurs enfants.

Ils ont raison de gueuler contre ce retour à la méthode syllabique, qui pose certains problème d'apprentissage (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on l'avait abandonner). Rien ne permettait à nos chers ministres de faire le choix de la méthode syllabique sous couvert scientifique.
Mais leurs arguments, c'est du vent.
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Message par Bertrand » 26 Juin 2006, 16:37

Tu parles de méthode globale Jeanlain, mais cette dernière, très ancienne, a été et est très peu utilisée dans les écoles.

"Il y a plein de professeurs qui sont pour la méthode syllabique" dis-tu. Pas sûr ; il y a eu un petit battage médiatique autour de publications de 2 ou 3 instits qui prônent un retour à la méthode syllabique, qui se sont peut-être fait "une petite gratte", mais à part ça....

"Le problème est complexe" poursuis-tu, et "les Sciences de l'Education étudient l'apprentissage de la lecture". Justement, parmi les signataires, beaucoup sont connus pour être des précurseurs dans ce domaine.

De Robien est un incompétent notoire et au-delà, un fieffé réactionnaire dont le seul souci est de "rentabiliser l'éducation nationale". Tous les moyens sont bons, y compris surfer sur les inquiétudes ou les préjugés, comme ses collègues. mais n'oublions pas les milliers de postes qui vont être supprimés à la prochaine rentrée.
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Message par yannalan » 27 Juin 2006, 10:02

:: ah bon, parce qu’une technique d’apprentissage de la lecture peut-être émancipatrice ? Il me semblait pourtant

Oui, en ce sens qu'on fait appel à l'intelligence du gamin en lui faisant comprendre ce qu'il raconte et en lui faisant voir que lire, ça sert à comprendre, pas à faire plaisir au maître.
Ca veut pas dire "méthode globale" qui est un serpent de mer employé par les réacs. Dans les faits, un instit de CP voit ce qui marche et l'emploie en général, en faisan tun mix entre semi-global et syllabique, les enfants n'ayant pas forcément la même approche.

"Des méthodes où l'enfant est chercheur" peut à première vue sembler démago. C'est évident qu'ils sont là pour apprendre, mais il est tout aussi évident que plus ils seront actifs, et plus ils apprendront mieux.

Est-ce à-dire que chaque enseignant peut faire n’importe quelle petite cuisine, et qu’il faut refuser , non une technique, mais une méthodologie commune unifiante ? Pas de programmes unifiés sur tout le territoire non plus ? Bonjour vos principes d’école « laïque, pubique et gratuite pour tous ».

Oui, l'enseignant a un guide, ce sont les programmes. Après, il connaît sa classe, il se connaît lui-même et il voit par expérience ce qui fonctionne. Je ne vois pas ce que ça a à voir avec la gratuité, le public ou la laïcité ! Et quand à l'"unité des programmes sur tout le territoire", pourquoi s'attacher au dit territoire national ?

Il est vrai qu’un enseignant qui fait apprendre « bêtement » ses tables à un gamin par des exercices répétitifs et mimétiques est un monstre au service du capital, tandis qu’un enfant qui fait l’opération 9X9 = 65 fait preuve d’autonomie, affirme sa personnalité et son esprit de chercheur etc

Les tables, faut les apprendre, OK, là on parlait de la lecture.


Celles-ci, du temps où elles étaient utilisées, n’ont jamais permis à 50 % des enfants d’obtenir le Certificat d’études. Aujourd’hui, plus de 60 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat. Ce n’est pas un hasard.

Si tu trouves un argument plus foireux que celui-là, tu meurs !


Foireux pourquoi ? J'ai connu l'époque du certif, mon oncle était instit, il ne présentaient que ceux qui avaient des chances après un bachotage intensif. Et comme il le disait lui-même "après trois mois ils ont perdu les trois quarts" Oui, l'enseignement a changé, oui, il y a des pédagogues en chambre et des inspecteurs des travaux finis dans l'éducation, c'esst une chose. Mais le temps de la matraque est terminé, meêm si certains le regrettent visiblement
yannalan
 
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Message par yannalan » 27 Juin 2006, 11:44

Pour ce qui est de la "matraque", non, tu n'es pas concerné, ni les militants (j'espère), mais une littérature nostalgique envahit les rayons en ce moment
Sur la lecture, on apprend d'un côté à relier les lettres pour produire un son, mais aussi à appréhender le mot comme signifiant quelque chose. ON marche sur deux jambes.
Pur ce qui est d'apprendre, oui, pour un certain nombre de choses. Pour ce qui est de l'orthographe, puisque tu soulèves le problème, si ce n'était qu'une question d'apprentissage, ce serait très simple... IL y a tout un tas de facteurs liés à la mémoire visuelle ou auditive de l'enfant, le fait qu'il lise ou pas, ses compétences en langue acquises non seulement à l'école mais en dehors, j'en passe et des meilleures...
Sur la lecture, non, effectivement, ce n'est pas la méthode qui détermine la réussite ou pas. Mais si tu vois des lycéens qui ne maîtrisent pas un certain nombre de compétences, dis-toi qu''il y a trente ans, ils seraient simplement partis bosser aux champs ou à l'usine du coin. On va pas le regretter ?
yannalan
 
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