La torture en Algerie en 1954-62

Message par Combat » 24 Juin 2006, 20:53

28 septembre 1957 : Torturée par les paras en présence du colonel Bigeard.
Louisette Ighilahriz avait vingt ans quand, membre d'une unité combattante de l'ALN, dans la zone 2 de la Wilaya IV (Algérois), le 28 septembre 1957, lors d'une attaque par un groupe du 3e REP (régiment étranger de parachutistes) dans la région de Chebli dans la Mitidja, elle est grièvement blessée, criblée de balles sur le côté droit et tombe aux mains des paras français. Interviewée par l'Humanité en juin 2000, elle déclare:

« Nous étions neuf combattants, cachés dans une casemate. L'accrochage avec les paras a commencé à 5 heures du matin et s'est terminé plus d'une heure après. Sept des nôtres sont morts : ils ont pour la plupart été achevés, je les ai vus mourir. Ils avaient entre vingt et vingt-cinq ans. Un est trépané à vie et moi, aujourd'hui, je suis la seule survivante du groupe. [...] Ils m'ont d'abord soignée sommairement pour me faire parler. [...] J'ai été torturée au Paradou, à Hydra, sur les hauteurs d'Alger, qui était le siège de la 10e DP (division parachutiste), commandée par le général Massu.

[...] Bigeard était à deux pas de moi. Et le gros zèbre qui me torturait en personne sous les yeux de son chef, c'était le capitaine Graziani. Il a été tué en Kabylie en 1958. [...] Bigeard ne sortait de sa bouche que des propos orduriers que je n'oserais pas, par décence, vous rapporter. Vous pensez bien, une femme combattante ! Je vous passe les sévices que j'ai subis. Ils sont tout simplement innommables. C'était très dur, quoi ! Ils se sont acharnés contre moi. Je faisais tout sur moi, je puais. C'était de la putréfaction... [...] Que Bigeard démente ou reconnaisse ce qu'il a fait, je resterai toujours, à travers des milliers de cas d'Algériennes et d'Algériens, sa mauvaise conscience. [...] La torture était pratiquée à l'état industriel. Il en a tellement torturé qu'il ne se souvient sans doute plus de nous. J'ai été traumatisée à vie. Je ne suis qu'un cas parmi des milliers d'autres. Du 28 septembre au 26 décembre 1957, je suis restée à la 10e DP. Ils me torturaient presque tous les jours. »

Le 15 décembre 1957, le commandant Richaud l'a visitée dans sa cellule et l'a faite soigner à l'hôpital Maillot de Bab el Oued.

« J'ai entendu les infirmières répondre à des militaires "ordre du commandant Richaud", pour qu'on ne m'ampute pas de la jambe droite qui était dans un état de gravité avancée. J'ai subi plusieurs opérations. On m'a enlevé les balles, plâtré la jambe qui était fracturée en plusieurs endroits. Puis on m'a ramenée à la 10e DP, toujours sur ordre du commandant Richaud. [...] A Noël, le commandant Richaud est venu constater si ses ordres avaient été exécutés. Vous savez, je me demandais quel ange était passé par là ! Je n'arrêtais pas de me répéter : " C'est pas vrai, c'est pas possible, après ce que j'ai subi !" »

Le commandant Richaud l'a fait transférer à la prison civile de Barberousse, à Alger. Elle a été condamnée à cinq ans de prison par le juge militaire, emmenée à la prison d'El Harrach, puis internée en France. Elle s'est évadée le 16 février 1962.

Dans son livre, Marcel Bigeard affirme « n'avoir jamais vu Louisette Ighilahriz », il dénonce l'article « assassin et menteur » de Florence Beaugé. Il écrit (p. 32) « cette femme a été transférée au PC de la 10ème DP de Massu, grièvement blessée le 28 septembre 1957. Or le 3 septembre, j'avais quitté Alger pour repartir, à la tête de mon régiment, me battre contre de vrais combat tants dans les djebels. » Quels djebels mon général? Et pour combien de temps? Pourquoi ne précisez-vous pas? A l'affirmation que Massu, Graziani et lui-même sont venus la voir, tout ce qu'il trouve à dire c'est pourquoi pas Salan ou le président Coty. Maladroitement Bigeard démontre plus loin qu'il sait recourir quand il le faut au mensonge « alors nous racontons aux médias qu'il [Zerrouk,106] s'est enfui. Le ridicule ne tue pas [...] » Ces dénégations sont peu convaincantes.


Sources :

Le Monde, 22 juin 2000; Lila réclame le jugement de ses tortionnaires, L'Humanité, 29 Juin 2000; Marcel Bigeard, J'ai mal à la France, éditions du Polygone, 2001.


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Source: http://perso.orange.fr/jacques.morel67/ccf...col/node90.html
Combat
 
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