a écrit :Arlette Laguiller se pose en "agitatrice" de la présidentielle
Reuters jeudi 22 juin 2006, mis à jour à 11:21
"Je suis une agitatrice!", lance avec fierté Arlette Laguiller qui aborde sans complexe, à 66 ans, sa sixième, et dernière, campagne présidentielle.
Dans un entretien à Reuters, la porte-parole de Lutte ouvrière avoue qu'elle "n'a pas l'outrecuidance de penser être président de la République".
Mais, prévient l'icône vivante de la classe ouvrière, "bien que nos idées soient minoritaires, on existe!".
La candidate du parti d'extrême gauche entend pour son dernier tour de piste l'an prochain "bousculer" et réaffirme sa volonté de faire cavalier seul, à la gauche de la gauche.
"On ne va pas renoncer et créer des illusions auprès des travailleurs, qu'il suffit d'aller voter pour le Parti socialiste et leur situation va changer!", dit-elle.
Arlette Laguiller, créditée au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 de 5,72% des suffrages, laisse entendre que les voix de LO n'iront pas systématiquement à la gauche.
"J'ai appelé deux fois dans ma vie à voter pour la gauche, en 1974 et 1981", rappelle Arlette Laguiller. En 2007, "ce sera en fonction des programmes des candidats", dit-elle.
Influencée par un père "aux idées de gauche, entre le parti communiste et les anars", elle assure que ni l'âge ni les nombreuses campagnes n'ont entamé sa détermination.
"Je crois que quand vous avez vos idées bien chevillées au corps, vous avez encore plus envie, non seulement de les défendre mais de faire bouger les choses", assure-t-elle dans un large sourire.
"On maintient une tradition de lutte de classes que la gauche a oubliée", revendique Arlette Laguiller.
Fustigeant la droite, le patronat, la loi du marché ou encore les grandes entreprises, elle se félicite "d'avoir empêché qu'on oublie que la classe ouvrière existe".
DEFENDRE SES IDEES JUSQU'A LA MORT
Première femme en France à se présenter, en 1974, à une élection présidentielle, "Arlette" récolte 2,30% des suffrages.
"Cette fois, c'est ma dernière campagne présidentielle", dit-elle, tout en précisant qu'il ne s'agit pas d'un adieu à la politique.
"Les idées, il faut les défendre jusqu'au bout, jusqu'à ce que la maladie ou la mort vous en empêche", assure cette militante, qui à 20 ans s'engage contre la guerre d'Algérie.
Née le 18 mars 1940 aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, d'un père manoeuvre et d'une mère secrétaire, elle commence à travailler à 16 ans comme dactylo au Crédit lyonnais où elle restera 40 ans, jusqu'a sa préretraite en 1997.
Députée européenne de 1999 à 2004, ses principales cibles sont les mécanismes capitalistes et la loi du marché.
Dans son programme pour 2007, elle prône un smic à 1.500 euros "tout de suite" et une réduction du temps de travail.
La candidate de Lutte ouvrière se dit "révoltée par le chômage et les bénéfices des grandes entreprises.
"La seule façon de régler ce problème numéro un (...) ce serait qu'il y ait un contrôle des travailleurs sur les finances des grandes entreprises et leur fonctionnement", dit-elle.
"La droite a tellement porté de coups contre le monde du travail, on dirait presque que le PS n'a pas besoin de faire campagne", dit-elle.
Arlette Laguiller "ne se sent pas proche" pour autant de Ségolène Royal, candidate potentielle du PS, qu'elle compare à "une dame patronnesse". Elle dénonce son "attitude bourgeoise" et ses solutions "choquantes" contre la délinquance des jeunes.
A l'inverse, elle la rejoint sur la question du mariage des homosexuels. "Je suis tout a fait pour", dit-elle.
Plus à gauche, elle voit "mal" le PCF renoncer au scrutin de 2007, au profit d'une candidature unique autour de José Bové ou du porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot.
Source