La crise au sein de l'association altermondialiste Attac s'envenime
LEMONDE.FR | 17.06.06 | 19h16 • Mis à jour le 17.06.06 | 19h16
'association altermondialiste Attac était menacée de paralysie, voire d'"éclatement", selon certains de ses membres, après la fronde d'opposants à l'actuelle direction qui ont dénoncé, samedi 17 juin à Rennes, des "anomalies" lors de l'élection du conseil d'administration.
L'assemblée générale d'Attac, organisée samedi et dimanche dans l'université Rennes 2, devait marquer une "réconciliation" après des mois de querelles internes qui avaient entraîné un premier report du renouvellement de la direction, en décembre 2005.
Le président sortant, Jacques Nikonoff, candidat à un nouveau mandat, fait l'objet de critiques de la part de certains opposants qui lui reprochent un "style de direction" trop "autoritaire et bureaucratique". Ils défendent, pour leur part, la candidature de l'économiste Jacques Cossart.
"ANOMALIES CRIANTES"
Samedi après-midi, les opposants à l'actuelle direction, dont le porte-parole de Solidaires, Pierre Khalfa, et l'économiste Susan George, ont dénoncé, devant plusieurs centaines d'adhérents, des "anomalies criantes" dans le décompte des bulletins de vote. Quelque 5 600 militants, sur les 25 000 que compte l'association, ont participé à ce vote par correspondance.
"Des enveloppes des votes reçues au siège d'Attac ont été ouvertes et le décompte des voix a montré de fortes variations au détriment des listes soutenues par Susan George", a affirmé, à la tribune, Aurélie Trouvé, proche des opposants. "Nous avons donc décidé de ne pas siéger au conseil d'administration tant qu'une expertise extérieure, indépendante, n'a pas été menée sur ces bulletins de vote", a-t-elle ajouté, huée par une partie de la salle dénonçant une bataille d'appareil.
M. Nikonoff et le président d'honneur d'Attac, Bernard Cassen, ont reconnu des "anomalies lors du dépouillement", mais "liées" selon eux "à la charge de travail, qui a été sous-estimée". "Des doutes sont toujours possibles sur une élection, nous sommes prêts à solliciter un avis extérieur, voire à saisir la justice si des fraudes sont avérées", a indiqué M. Nikonoff, longuement applaudi par les adhérents. Il a toutefois appelé ses opposants "à siéger" sans attendre au Conseil d'administration "pour qu'Attac ne soit pas paralysée et travaille sur le Manifeste" de l'association en vue des échéances électorales de 2007.
"COURSE À L'ÉCHALOTTE AU SOMMET D'ATTAC"
Un des défenseurs de M. Nikonoff, Jacques Weber, a mis en garde contre "un éclatement de l'association devant le ridicule de cette situation".
Du côté des opposants, M. Khalfa a demandé un "report de la réunion du nouveau Conseil d'administration", qui devait procéder, samedi soir, à l'élection du président et la proclamer dimanche. "Si on veut éviter l'éclatement, il faut faire preuve de raison, et non agir avec passion", a-t-il fait valoir. Samedi, en fin d'après-midi, aucune décision n'avait encore été prise.
Ce blocage arrive au mauvais moment pour Attac, victime, huit ans après sa création, d'une baisse d'environ 4 500 adhérents sur un an. Les adhérents présents à Rennes n'ont d'ailleurs pas caché leur colère face "au spectacle donné par les cadres d'Attac". "J'ai fait 800 km pour assister à cette comédie, c'est lamentable", s'est ainsi emporté à la tribune Jean-François Cerbère. Un autre militant, Jean Castagnez, a dénoncé une "course à l'échalotte au sommet d'Attac". "Ce n'est pas comme ça qu'on va attirer de nouveaux membres, notamment issus des classes populaires", a-t-il prévenu.
Avec AFP