Les rebelles maoïstes acceptent d'entrer dans le gouvern

[Combat]

Après dix ans de guérilla, les rebelles maoïstes acceptent d'entrer dans le gouvernement népalais
LE MONDE | 17.06.06 | 14h58 • Mis à jour le 17.06.06 | 14h58
ISLAMABAD CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD


"Historique", l'accord signé, vendredi 16 juin à Katmandou, entre le premier ministre népalais, Girija Prasad Koirala, et le chef des rebelles maoïstes Pushpa Kamal Dahal, "Prachanda" (le Féroce) de son nom de guerre, constitue le premier réel espoir de mettre fin à une guérilla qui a fait 13 000 morts en dix ans.

"Nous sommes parvenus à un accord en huit points pour sortir le pays de la crise actuelle", a annoncé, aux termes d'une longue journée de négociations, le ministre de l'intérieur, Krishna Prasad Sitaula.

L'accord prévoit la dissolution du Parlement actuel et, parallèlement, celle de l'administration que les maoïstes ont mise en place dans les zones rurales qu'ils contrôlent. Il prévoit aussi la rédaction d'une nouvelle Constitution intérimaire et la formation d'un gouvernement auquel participeront les maoïstes.

"Une nouvelle Constitution sera préparée dans les trois semaines et après cela un nouveau gouvernement intérimaire sera formé", a affirmé le chef des maoïstes, au cours d'une conférence de presse.

L'accord réaffirme la nécessité de l'élection d'une Assemblée constituante qui sera chargée de réviser la Constitution du Népal, l'une des exigences-clés des maoïstes qui souhaitent la fin de la monarchie. "Une République démocratique est notre exigence minimale et nous voulons aller à la rencontre du peuple népalais avec cette exigence durant la campagne électorale pour l'Assemblée constituante", a affirmé "Prachanda", qui a précisé que l'élection devrait avoir lieu avant avril 2007.


LE ROI SPECTATEUR


Les deux parties sont en outre convenues de demander aux Nations unies la surveillance des armes durant les élections. "Pour des élections libres et honnêtes à l'Assemblée constituante, les deux parties sont tombées d'accord pour demander aux Nations unies de surveiller les soldats et l'emploi des armes des deux côtés", affirme le communiqué.

"Prachanda", dont l'objectif est l'intégration de ses guérilleros dans l'armée népalaise, exige que ceux-ci soient traités sur le même pied que les soldats de l'armée régulière.

Transporté en hélicoptère militaire, "Prachanda" effectuait sa première visite publique dans la capitale népalaise depuis le début de la guérilla en 1996, et c'est aussi la première fois que le processus de paix est discuté au plus haut niveau entre le premier ministre et le chef des rebelles.

Deux autres tentatives de paix avaient eu lieu mais elles avaient buté sur les exigences des maoïstes et celles du roi. Gyanendra n'est plus aujourd'hui qu'une figure protocolaire et il pourrait bien n'assister qu'en spectateur impuissant à la fin de la monarchie.

Beaucoup reste à faire pour que le Népal tourne définitivement la page de la guerre, et la coopération entre l'alliance des sept partis politiques et les maoïstes ne sera pas toujours aisée tant leur culture politique est différente.

L'arrivée des maoïstes au gouvernement risque aussi de susciter quelques grincements parmi les pays donateurs du Népal. Elle sera en tout cas regardée de très près en Inde, où le gouvernement préférerait le maintien d'une monarchie, même honorifique, à Katmandou.