
Un article du monde fort revelateur. Pendant ce temps des trotskystes soutiennent le PT de Lula et un membre de DS(democratie socialiste) est ministre.
ll allait partir. Mais il s'est attardé, pour une conversation informelle avec la presse. Fait rare. Mercredi 24 mai, à l'ambassade de France à Brasilia (Brésil), loin du climat provoqué en France par l'affaire Clearstream, Jacques Chirac s'est un peu détendu, à l'issue de la réception donnée pour la communauté française.
Le président, qui doit s'entretenir, jeudi 25 mai, avec son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, s'est réjoui de la probable réélection de celui-ci dans quelques mois : "Il sera réélu. C'est souhaitable pour le Brésil, car c'est un homme intelligent et raisonnable."
Le sera-t-il, dès le premier tour, malgré les scandales qui ont entaché la réputation du Parti des travailleurs (PT) ? M. Chirac a dit ne pas connaître suffisamment la politique brésilienne pour émettre un pronostic, mais il a rendu hommage à l'homme de gauche : "Il a fait quelque chose d'extraordinaire, la "bourse des familles". C'est-à-dire qu'il a créé un revenu minimum pour 18 millions de personnes", a souligné M. Chirac. "Cela fait instantanément 18 millions d'électeurs !", a-t-il ajouté. Même si les deux chefs d'Etat ont des différends sur la politique agricole au sein de l'Organisation mondiale du commerce, M. Chirac comprend le paradoxe de la politique agraire brésilienne qui a "favorisé les grands propriétaires des latifundia" : "Cela a permis (à Lula) de faire rentrer des devises et de financer sa politique sociale."
Dans deux jours, le chef de l'Etat rencontre son homologue chilienne, Michelle Bachelet. Le temps des femmes en politiques serait-il venu ? Selon M. Chirac, il ne faut rien exagérer puisqu'il n'y en a qu'une en Amérique du Sud et une en Afrique : "Ce n'est tout de même pas une invasion." En Europe, il y a notamment Angela Merkel, la chancelière allemande au "fort caractère" qui tient si bien tête à M. Chirac. Il lui reconnaît une grande qualité : "C'est l'un des rares chefs d'Etat ou de gouvernement qui sait écouter. Elle écoute, elle réfléchit avant de décider." Quant à lui, il pourrait voter pour une candidate à la présidence "à condition qu'elle représente les idées qui sont les (siennes)".
Après la politique fiction, il a fallu revenir sur terre. A une journaliste qui lui demandait pourquoi il ne se rendait qu'à Brasilia, il a rétorqué : "Quand je voyage, on dit que cela ne sert à rien. Et quand je ne voyage pas assez, ce n'est pas bien non plus. Ce n'est jamais bien. Alors, de toute façon, cela ne m'influence pas beaucoup." Et comme il avait, après dix-sept heures d'avion, "un peu sommeil", il a annoncé qu'il allait dormir.
Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 26.05.06
ll allait partir. Mais il s'est attardé, pour une conversation informelle avec la presse. Fait rare. Mercredi 24 mai, à l'ambassade de France à Brasilia (Brésil), loin du climat provoqué en France par l'affaire Clearstream, Jacques Chirac s'est un peu détendu, à l'issue de la réception donnée pour la communauté française.
Le président, qui doit s'entretenir, jeudi 25 mai, avec son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, s'est réjoui de la probable réélection de celui-ci dans quelques mois : "Il sera réélu. C'est souhaitable pour le Brésil, car c'est un homme intelligent et raisonnable."
Le sera-t-il, dès le premier tour, malgré les scandales qui ont entaché la réputation du Parti des travailleurs (PT) ? M. Chirac a dit ne pas connaître suffisamment la politique brésilienne pour émettre un pronostic, mais il a rendu hommage à l'homme de gauche : "Il a fait quelque chose d'extraordinaire, la "bourse des familles". C'est-à-dire qu'il a créé un revenu minimum pour 18 millions de personnes", a souligné M. Chirac. "Cela fait instantanément 18 millions d'électeurs !", a-t-il ajouté. Même si les deux chefs d'Etat ont des différends sur la politique agricole au sein de l'Organisation mondiale du commerce, M. Chirac comprend le paradoxe de la politique agraire brésilienne qui a "favorisé les grands propriétaires des latifundia" : "Cela a permis (à Lula) de faire rentrer des devises et de financer sa politique sociale."
Dans deux jours, le chef de l'Etat rencontre son homologue chilienne, Michelle Bachelet. Le temps des femmes en politiques serait-il venu ? Selon M. Chirac, il ne faut rien exagérer puisqu'il n'y en a qu'une en Amérique du Sud et une en Afrique : "Ce n'est tout de même pas une invasion." En Europe, il y a notamment Angela Merkel, la chancelière allemande au "fort caractère" qui tient si bien tête à M. Chirac. Il lui reconnaît une grande qualité : "C'est l'un des rares chefs d'Etat ou de gouvernement qui sait écouter. Elle écoute, elle réfléchit avant de décider." Quant à lui, il pourrait voter pour une candidate à la présidence "à condition qu'elle représente les idées qui sont les (siennes)".
Après la politique fiction, il a fallu revenir sur terre. A une journaliste qui lui demandait pourquoi il ne se rendait qu'à Brasilia, il a rétorqué : "Quand je voyage, on dit que cela ne sert à rien. Et quand je ne voyage pas assez, ce n'est pas bien non plus. Ce n'est jamais bien. Alors, de toute façon, cela ne m'influence pas beaucoup." Et comme il avait, après dix-sept heures d'avion, "un peu sommeil", il a annoncé qu'il allait dormir.
Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 26.05.06