Gallois dans Libération

Message par zejarda » 18 Mai 2006, 09:43

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Portrait

Louis Gallois, 61 ans, PDG de la SNCF depuis dix ans. Estampillé patron de gauche, nommé sous la droite, il mène avec doigté une barque de 170 000 salariés.
Ravi du rail


Par VAILLANT LUC LE mercredi 17 mai 2006

Louis Gallois en 7 dates
1944 Naissance à Montauban.
1972 ENA.
1981 Directeur de cabinet de Chevènement à la Recherche. 1998. Directeur de cabinet de Chevènement à la Défense.
1992 Président d'Aérospatiale.
1996 Président de la SNCF.
16 au 18 mai 2006 Journées «J'aime le train».

des comme lui, il n'y en a plus beaucoup. Louis Gallois pilote la SNCF depuis bientôt dix ans, un bail d'une étonnante durée dans cet univers de l'entreprise publique où les dirigeants valsent selon le tempo des alternances politiques. Mieux, Gallois, estampillé patron de gauche, fut nommé par Juppé, et il est toujours là sous Villepin, après avoir réussi à adapter la maison cheminote sans déclencher d'explosions exagérées.

De la hauteur. Son bureau domine les voies de la gare Montparnasse. Ici, du verre et de l'espace. Tout en bas, les rails, qui s'entrecroisent comme se tord la chevelure des Gorgones. On se croirait perché sur la dunette d'un vaisseau spatial peinant à s'arracher à l'âge de fer. Au premier abord, Gallois aussi a tout du personnage de SF. Un crâne rasé à la Barthez, qui plisse ses pensées et déploie son attention. Une silhouette de moineau devenu oiseau de proie, sec et très en jambes, qui se tient droit et cravaté. Après quelque temps, ne surnagent que le laser du regard et l'ironie du verbe. L'homme a de l'humour. «Un humour ravageur qui peut toucher fort et faire mal», remarque un des cadres maison, mis sous haute pression comme toute la garde rapprochée. Mais, est-ce le temps qui passe, la satisfaction du devoir accompli, le sentiment que le plus lourd de la tâche est derrière lui, toujours est-il que Gallois semble plus à distance des choses, comme en retrait de l'excitation du quotidien. Un observateur: «Il a pris du volume, de la sérénité. Le fait d'avoir fait évoluer culturellement la boîte l'a rasséréné.»

En surplomb. Le bureau est clair, calme et dépouillé. Et lui aussi paraît avoir fait le vide. Il le revendique assez : «Ma fonction, c'est de surplomber. Les gens n'attendent pas de moi que je sache tout sur tout. Il ne faut pas se laisser submerger.» Une de ses demandes récurrentes à son assistante : «Laissez-moi vivre.» Et réfléchir, et anticiper. Le soir, il rentre chez lui. S'évite les dîners. Ne se couche pas trop tard dans son pavillon de Clamart. Le week-end, il rationne le portable, ne sonne pas ses collaborateurs pour un oui, pour un non.

Les mains. Quand il sort de son bureau, quand il va à la rencontre des cent soixante-dix mille salariés de la SNCF, Gallois saisit systématiquement les mains qui passent à sa portée. Il les agrippe, les secoue, les cajole. Pas une ne lui échappe. Et c'est ensuite assez amusant de l'entendre justifier son refus de solliciter un mandat électoral par cette obligation de faire du toque-manettes sur les marchés... Un syndicaliste CGT du Sud-Ouest qui tente de résister à la séduction du personnage, qui fait tout pour vamper sa base cheminote : «J'admets que ce n'est pas un mauvais bougre. Il a le sens du dialogue, il sait écouter. Mais, il y a tellement de filtres entre lui et nous que nos revendications se perdent en route.»

La doublette. Louis Gallois forme un drôle de couple assez efficace avec Guillaume Pépy. Le premier était chez Chevènement, le second chez Aubry. L'un fête sa soixantaine, l'autre reste en quarantaine. Vu de loin, on se dit qu'il doit y avoir classique répartition des rôles. A Gallois, ce que d'aucuns traiteraient d'archaïsme : l'apologie du service public, les câlineries syndicales, l'exaltation de la culture cheminote. A Pépy, la prétendue modernité : l'Europe du rail, l'i-TGV, la logique commerciale. La réalité est moins binaire. Un connaisseur : «Ils sont beaucoup plus proches qu'on pourrait penser. Gallois exige des résultats, et Pépy est très sensible au social. En fait, Pépy est l'exécutif, le nez dans le guidon. Et Gallois est celui qui essaie de voir loin, le politique.» Ce dernier, comme la majorité des patrons, déplorant l'instauration des 35 heures, que la patronne de Pépy mit en place...

Le Che. A Montauban, M. Gallois père, assureur réputé et catholique convaincu, votait MRP. Il fut élu conseiller municipal et s'acquitta «scrupuleusement» de sa tâche. C'est après 68 que son fils fut saisi par la débauche de gauche, alors que cet HEC venait d'intégrer l'ENA. Il y croisa Juppé, qui le nommera à la SNCF, Perben, qui est son ministre de tutelle actuel, Fabius, cavalier émérite comme lui, Gergorin, dont on parle abondamment, et surtout Spinetta, le patron d'Air France, ami de toujours avec qui il créa une section CFDT et une cellule PS au coeur de la pouponnière de la haute administration. Gallois fut longtemps le second de Chevènement, à l'Industrie, à la Défense. Il fit même une apparition au meeting de lancement de sa campagne présidentielle.

Aujourd'hui, sans surprise, Gallois se refuse à dire s'il a voté pour le Che au premier tour en 2002, et s'il a voté non, comme le recommandait celui-ci, au référendum. Il précise juste : «On est d'accord sur l'essentiel. On est trop vieux pour diverger.» Mais, impossible d'en déduire autre chose qu'une fidélité amicale et un goût maintenu pour la politique industrielle, la place de la France dans le monde ou la chose citoyenne.

Patron de gauche. Gallois n'est pas dupe. Si la droite l'a nommé, c'est que la SNCF est une poudrière sociale et que mieux vaut un patron de gauche pour chevaucher la bête humaine. Et si la droite l'a maintenu, c'est que la maison rail a eu beau évoluer, elle demeure très particulière. Loyal envers sa tutelle, Gallois n'abjure pas pour autant ses convictions. Départs à la retraite aidant, il tente de limiter la logique de reproduction cheminote où on transmettrait son poste comme un apanage, et d'ouvrir le recrutement, aux femmes, aux enfants des cités. Une autre de ses attitudes lui permet d'apaiser ses salariés : son rapport à l'argent. Gallois gagnerait 236 000 euros par an. C'est grandiose, mais ridicule à l'aune du CAC 40. Mieux, il néglige de toucher les jetons de présence qui lui sont dus. Il dit : «Je suis bien payé. Je ne me plains pas.» Il ajoute: «Je ne compte pas, mais je ne suis pas très dépensier.»

Polars, BD, rugby. Marié, père de trois grands enfants, il est propriétaire de son pavillon et de sa maison de vacances à Belle-Ile. Culturellement, il combine le classicisme de ses fonctions et le popu basiste. Il lit des polars (Simenon, JH Chase), des BD, mais aussi Vie et destin de Vassili Grossman. Après la SNCF, il ouvrirait bien une librairie. Le samedi soir, il va au cinéma. Il vient de voir «le film sur Truman Capote et OSS 117». Et son lointain fantasme pour Gina Lollobrigida s'est estompé depuis longtemps, sans avoir été particulièrement remplacé. Aux murs de son bureau, il y a un Alechinsky et un Ipoustéguy. Il achète parfois des tableaux à des amis, à des gens qu'il connaît. En sport, il est très rugby. Au-delà de l'atavisme régional, ce lecteur assidu du Midi olympique en aime le côté gaillard, rentre-dedans, ripailleur. Il avait également une connaissance encyclopédique du Tour de France, les montées à 30 km/h des montagnes pyrénéennes l'ont rendu plus circonspect.

Transports tardifs. L'enfance fut studieuse et croyante. Puis, il glissa vers le catholicisme social, via le personnalisme à la Mounier. Ensuite, le marxisme balaya tout. Désormais, il se dit «agnostique», quand sa femme le taxe parfois de jésuitisme. Il ajoute : «Je n'ai pas de maître. A mesure qu'on se fait soi-même, on fait sa tambouille.» L'enfance, c'était aussi la sédentarité.

La famille, des militaires côté paternel, des notaires côté maternel, bougeait peu comme chacun à l'époque. Et le président des trains, qui fut aussi celui des avions, l'homme qui veut faire bouger la France des TGV, de se souvenir : «Il a fallu que j'attende mes 17 ans pour passer au nord de la Loire.»




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zejarda
 
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Message par zejarda » 18 Mai 2006, 12:11

euh, je me suis fait doubler.

J'ai mis dix minutes de plus pour aller récupérer l'article de Libé.
Pas vraiment trés éfficace :wacko:
zejarda
 
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