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Message Publié : 11 Mai 2006, 08:20
par Front Unique
Éditorial Informations Ouvrières N° 742 (semaine du 10 mai 2006

L’Europe : jusqu’où ?

Tandis que le pays s’enfonce dans une inexorable crise de décomposition politique et institutionnelle, la « Journée de l’Europe » aura, l’espace d’un 9 mai, servi de diversion. Drapeaux bleus étoilés flottant au vent et sympathiques messages publicitaires sur tous les médias ont vanté l’avenir de progrès et d’harmonie que nous réserve la « construction européenne ».

Sous les flonflons et les paillettes, la réalité, chaque jour plus sinistre.
Ce 9 mai, un projet de décret d’application de la loi du
31 mars 2006 sur « l’égalité des chances » est dévoilé par l’agence AEF. Il s’agit de la « gratification » des « élèves âgés de 14 ans (…) admis à entrer dans une formation d’apprentis juniors ».

L’article 1er du projet de décret prévoit que « l’apprenti junior est suivi par un tuteur », qui peut être « le chef de l’entreprise » ou choisi « parmi les salariés ».
L’article 2 précise que « lorsque le stage en milieu professionnel excède une durée de 10 jours travaillés, y compris de manière discontinue, il donne lieu au bénéfice de l’apprenti junior au versement par l’entreprise (…) d’une gratification correspondant à 20 % du SMIC par heure travaillée ».

Oui, vous avez bien lu ! En France, en 2006, on pourra faire travailler des jeunes de 14 ans jusqu’à 10 jours gratuitement… Au-delà de 10 jours, ils auront droit, royalement, à un maximum de 1,3 euro l’heure !

Précision : c’est la directive européenne du 22 juin 1994 (directive 94-33CE) qui, la première, dans son article 4, a précisé que « l’interdiction du travail des enfants ne s’applique pas (…) aux enfants âgés de 14 ans au moins qui travaillent dans le cadre d’un système de formation (…) en stage en entreprise ».

Depuis cette date, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de remettre en cause l’obligation scolaire jusqu’à
16 ans.

Maintenant, c’est le travail gratuit, ou quasi gratuit !

Ainsi va l’Union européenne. Jusqu’où ? Jusqu’au retour de l’esclavage pour les enfants ?

Qui pourrait l’accepter ?

Le mouvement ouvrier, qui a tant fait depuis le XIXe siècle pour arracher la jeunesse à l’enfer de l’exploitation et conquérir pour elle le droit à l’instruction publique, laïque, gratuite et obligatoire, peut-il ne pas se dresser et dire : non à l’infamie ? N’est-ce pas ce que fit, voilà 135 ans, le premier gouvernement ouvrier de l’histoire, celui de la Commune de Paris, qui jeta les bases de l’instruction publique pour tous ?

Le 20 mai prochain, c’est sous le drapeau rouge de la Commune de Paris que le Parti des travailleurs vous appelle à venir pour lui rendre hommage au mur des Fédérés.

Daniel Gluckstein


IO 742 :

Le fil conducteur de ce numéro, est cette question : peut-on reconquérir la démocratie, sans rompre avec l’UE, sans rétablir la souveraineté du peuple par la convocation de l’Assemblée constituante souveraine ? Un numéro qui donne tous les éléments pour démarrer la campagne des abonnements.

La page 2 est titrée : non au sabotage des examens ! Il n’aura pas fallu deux semaines au gouvernement pour digérer le recul sur le « contrat première embauche » (CPE).En voulant faire payer aux étudiants ce recul arraché par la mobilisation de travailleurs et jeunes, il accélère la mise en place du plan européen « LMD » dans les universités .Partout, les examens du deuxième semestre sont réduits de moitié ou se déroulent dans des conditions délirantes, tout cela aboutissant à la délivrance de diplômes totalement vidés de leur contenu. D’ailleurs, peut-on encore parler de diplômes lorsqu’on sait que LMD a prévu d’y substituer le terme de « parcours individuels de formation » ? Cela ne veut-il pas tout dire ? Des diplômes devraient logiquement être sanctionnées par des épreuves terminales, ponctuelles, anonymes, préservant l’égalité des droits. Au lieu de cela, nous assistons à une parodie d’examens.

La page 3 est consacrée à l’affaire Clearstream. Nous ne sommes pas devant une affaire de droit commun, mais confrontés à un système économique en crise générale. Dans cette situation,les grandes entreprises américaines cherchent à écouler leurs marchandises et à s’ouvrir de nouveaux marchés en éliminant leurs concurrents .Les capitaux américains prennent le contrôle d’entreprises européennes et les poussent à se restructurer au bénéfice de la spéculation.

La page 4 analyse le projet de loi Sarkozy sur l’immigration. Immigration choisie » : c’est la formule décidée par le ministre de l’Intérieur, candidat à l’élection présidentielle, pour qualifier le projet de loi présenté à l’Assemblée nationale, composé de 84 articles concernant l’immigration. « Immigration choisie » : quel cynisme ! Choisie par qui et au profit de qui ? N’est-ce pas le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et quelques autres institutions à leur service, telle l’Union européenne, qui pillent la planète depuis des décennies, conduisent les peuples et les classes ouvrières à la surexploitation et à la misère ?

La page 5 expose quelques éléments de la discussion d’orientation du 48ième congrès de la CGT. De nombreux délégués ont défendu des amendements visant à présenter les revendications élaborées par les syndiqués et les syndicats qui les avaient mandatés, notamment sur la sécu professionnelle. Mais ces amendements n’ont pas été soumis au vote des congressistes, à l’exception d’un vote particulier sur la sécurité sociale professionnelle. Pour autant, la défense du Code du travail, des statuts et des conventions collectives, de la Sécurité sociale de 1945, s’est largement fait entendre. N’est-ce pas simplement parce que ces exigences sont celles de la majorité des militants de la CGT et, au-delà, de toute la classe ouvrière ?

La page 6 est titrée : alerte sur les mutuelles de fonctionnaires ! Selon l’agence de presse Agence Education Formation (AEF), le gouvernement va, dans les jours qui viennent, abroger l’arrêté interministériel du 19 septembre 1962, dit « arrêté Chazelles », et l’article R.523-2 du Code de la mutualité, qui permettent l’attribution aux mutuelles de fonctionnaires des moyens nécessaires à la gestion des prestations de la Sécurité sociale.
Le directeur général de l’administration de la fonction publique écrit : « La disparition de la base réglementaire du versement des subventions directes sera effective le 31 mars. » C’est l’asphyxie pure et simple des mutuelles. Et c’est immédiat. Il poursuit : « Les subventions indirectes (les locaux et le personnel mis à disposition) devront, quant à elles, impérativement avoir disparu le 31 décembre 2006. »

La page 7 soulève cette question : peut –on consulter son gynécologue comme avant ? Il y a quelques mois encore, les femmes pouvaient consulter librement et directement leur gynécologue, quel qu’en, soit le motif, sans pénalité financière. L’incident dont il est fait état dans le témoignage publié, montre bien une chose : il n’y a plus d’accès libre et direct au gynécologue de son choix. Ceux qui disent le contraire mentent.

Les pages 8 et 9 sont consacrées à la préparation de la Convention nationale. Nous publions une lettre de Yves Allain, maire de Saint Michel de Plelan, à Michel Charasse, initiateur de l’article 89 de la loi du 13 août 2004, et un extrait de la déclaration d’Alain Le Vot , 1er adjoint au maire de Magny les Hameaux, vice président de la communauté d’agglomération de saint Quentin en Yvelines. Vous lirez des extraits du compte rendu de l’entrevue du comité local de saint Denis, avec M. Braouzec, député et président du CA de l’hôpital de Saint Denis, et de la diffusion du comité de Pessac (Gironde). Nous avons interviewé un instituteur sur le « statut » des directeurs d’école. Le Comité local de l’institut Gustave – Roussy a écrit au président de la République. Le comité départemental du Val d’Oise appelait à un rassemblement devant la préfecture.

La page 10 est consacrée à la tribune des courants, avec la présentation du nouveau numéro de « réflexions » et de la revue « La Vérité. »

La page 11 revient sur la situation en Bolivie, où Evo Morales a décrété la nationalisation du pétrole et du gaz. Le 1er mai, le gouvernement bolivien a publié le décret DS 28 701 de nationalisation du pétrole et du gaz. Des centaines de milliers de Boliviens ont salué cette décision dans la rue et sur la place où se situent les principaux organes du pouvoir, la présidence et l’Assemblée nationale. Elle constitue en effet, depuis six ans, la revendication centrale de tous les soulèvements populaires et le mandat qu’ils ont donné, en décembre dernier, au nouveau président, Evo Morales.

La page 12 : les Etats-Unis ont connu un 1er Mai — dans le sens d’une journée de mobilisation et de lutte des travailleurs — sans équivalent depuis plus d’un siècle.

La page 13 contient 2 articles : sur l’Italie, où Prodi a annoncé son programme, et sur la Biélorussie après les élections ;

En page 14 un comité de liaison d’universitaires, syndicalistes et étudiants d’Europe, réunis dans le cadre de la conférence ouvrière européenne de Berlin, publie le premier numéro de son bulletin . Les plus vieilles universités d’Europe ont plus de dix siècles d’existence. Elles représentent à la fois la continuité de la lutte de la civilisation contre l’obscurantisme moyenâgeux et des acquis liés aux conquêtes ouvrières et démocratiques (services publics, diplômes liés aux garanties collectives arrachées par les salariés). Leur existence a permis de préserver, de développer et de transmettre les savoirs. Réunis dans le cadre de la conférence de Berlin, universitaires, syndicalistes et étudiants ont fait un constat : aujourd’hui, le « processus de Bologne », connu en France sous le nom de LMD, a comme enjeu l’existence pure et simple de plus de dix siècles de vie universitaire en Europe. Nous leur donnons la parole en citant de larges extraits des contributions qu’ils ont rassemblées dans un premier bulletin.

La page 15 publie le courrier des lecteurs.

La page 16 est consacrée à un appel de responsables syndicaux et politiques français pour que toute la lumière soit faite sur l’assassinat du militant brésilien Anderson Luiz Souza Santos .

Message Publié : 11 Mai 2006, 09:29
par com_71
(Front Unique @ jeudi 11 mai 2006 à 09:20 a écrit : Drapeaux bleus étoilés flottant au vent
Sur les bus parisiens il y avait aussi des drapeaux tricolores, mais ça, bien sûr, I.O. ne le remarque pas.