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Message Publié : 27 Avr 2006, 00:58
par Front Unique
Éditorial Informations Ouvrières N° 740 du 26 avril 2006

Retour sur un recul

Objection d’un membre du Parti des travailleurs : « Il y a deux semaines, Informations ouvrières a titré à propos du CPE : “Un recul.” Mais deux semaines plus tôt, le titre était : “Y a-t-il une autre issue que la grève générale ?” Pourtant, il n’y a pas eu la grève générale. Alors : un vrai recul sans grève générale, c’était possible ? J’ai fait plusieurs jours de grève et manifesté avec mes collègues et mes élèves ; en assemblée générale, nous avons voté des motions pour l’appel à la grève générale. Alors, j’aimerais comprendre. »

Oui, il y a eu un recul : le CPE a été retiré. Qui a permis ce recul ? D’abord et avant tout, le mouvement de millions de travailleurs et de jeunes, et tout particulièrement ces vagues incessantes de lycéens, d’enseignants et de parents soudés dans l’exigence commune : retrait du CPE.

En dépit de tous les obstacles, ce mouvement n’a cessé de se renforcer. Il a jeté les bases d’une unité plus large encore, entre la jeunesse et les travailleurs de tous secteurs et toutes générations, avec les organisations.

Qu’était-ce là, sinon le mouvement qui, à travers le retrait du CPE, commençait à se dresser pour porter un coup d’arrêt à l’ensemble de la politique de déréglementation et de destruction des droits dictée par l’Union européenne ? Qu’était-ce là, sinon le mouvement qui, pour y parvenir, mettait à l’ordre du jour la grève générale appelée dans l’unité des confédérations ?

Cela, tous l’ont compris, à commencer par le gouvernement, qui a préféré céder sur le CPE pour empêcher ce basculement. Et là se pose la question : pour quelles raisons les responsables ont-ils estimé ne pas devoir appeler à la grève générale, alors que celle-ci apparaissait comme le seul moyen d’obtenir satisfaction de toutes les revendications ?

Et maintenant ? La présidente du MEDEF, Laurence Parisot, tire cette leçon (La Croix, 25 avril) : « La crise du CPE met en évidence l’absolue nécessité de repenser les modalités du dialogue social dans notre pays. Si l’on veut qu’il ne soit pas seulement un dialogue social, mais une construction sociale, il faut le réformer. Et passer à une étape nouvelle qui consacrerait un véritable espace de démocratie sociale (…), un espace clairement réservé aux partenaires sociaux pour qu’ils élaborent des normes en matière économique et sociale. »

Mme Parisot ne fait que reprendre ici les directives européennes en matière de « dialogue social ». L’objectif est clair : enchaîner les organisations syndicales à l’application des mesures destructrices dictées par l’Union européenne. Et ce n’est pas qu’un objectif : c’est une réalité en marche.

Qu’on examine ce qui se passe en ce moment même à la Sécurité sociale, dans la fonction publique, dans l’enseignement ou encore concernant le Code du travail… Dans tous ces domaines et dans bien d’autres, le « dialogue social » est invoqué pour chercher à intégrer les organisations dans la « colégislation ».

Telle est la situation, contradictoire, à laquelle travailleurs et jeunes sont aujourd’hui confrontés. Il n’en reste pas moins que les millions de travailleurs et de jeunes qui ont fait grève et ont manifesté — comme les millions qui avaient assuré la victoire du vote non le 29 mai dernier — ne l’ont pas fait pour déboucher sur une telle situation.

Il faudra bien que prévale l’exigence de la majorité.

Il faudra bien que, d’une manière ou d’une autre, l’exigence de rupture avec l’Union européenne, de reconquête des droits et d’indépendance des organisations syndicales l’emporte.

Il faudra bien que la démocratie, sociale et politique, ait le dernier mot.

Daniel Gluckstein

...Et aussi, dans Informations Ouvrières N° 740...

Suite à l’annonce de la fermeture de 113 blocs opératoires, nous titrons : « fermer la chirurgie, c’est fermer l’hôpital. Ne touchez pas à nos hôpitaux ! » Nous avions fait appel la semaine dernière aux fédérations et sections pour qu’elles envoient leurs informations. Les pages 2 et 3 publient les premiers éléments reçus. Fermer les blocs opératoires c’est accélérer la privatisation. Ainsi dans le Jura, le projet prévoit « l’intégration de la clinique privée du Jura de Lons le Saunier dans le CHG de Lons, et, pour cela, la construction d’un nouvel hôpital , certainement financé par des fonds privés devenant ainsi propriétaire.(...) Nous sommes face à une diminution de l’offre de soins en chirurgie, en vue de la privatisation de ce qui est rentable. » A Dijon c’est tenu un meeting départemental pour la reconquête de la démocratie, qui a mis au centre la lutte contre la fermeture de l « hôpital général », et la rupture avec l’UE. Il a été décidé de demander d’être reçu en délégation, mandaté par 2600 signataires, par le maire de Dijon, président du CA du CHU. Vous lirez également des comptes rendus de diffusions , comme à Arcachon et à Champagne sur Seine.

La page 4 publie des extraits du rapport de l’économiste en chef du FMI concernant l’Europe et la France. On lit : « la nécessité d’un marché du travail plus flexible , avec un filet de protection sociale effectif. Une démarche appropriée pourrait combiner faible protection de l’emploi avec aide au chômage généreuse sur une courte durée, et des politiques actives du marché du travail . » Ce rapport fustige « les gouvernements qui cèdent à des groupes d’intérêts vociférant , opposés à tout changement, au lieu d’éduquer leur population pour qu’elle accepte d’inévitables évolutions. »

La page 5 revient sur la privatisation d’aéroport de Paris ( ADP) et soulève la question suivante « est il possible de combattre la déréglementation dans le transport aérien , sans combattre pour le retrait du projet de révision et l’abrogation de la directive de 1996, pour l’arrêt des privatisations et le retour au service public, pour la défense des statuts et des conventions collectives ? Est ce possible pour les syndicats, sans rompre avec ces « consultations » qui les intègrent au processus de destruction des droits ? »

La page 6 attire l’attention sur l’utilisation frauduleuse d’un certain vocabulaire. Comme par exemple : « les partenaires sociaux », la « sécurité sociale professionnelle », les « droits attachés à la personne ». Vous lirez également un article sur la question de l’indépendance des médecins.

La page 7 est consacrée au congrès de la CGT. Nous publions une « lettre au camarade Bernard Thibault » des initiateurs de « la CGT n’est elle pas en danger ? ». Nous soulevons une série de questions concernant le 48ème congrès : sur : la grève générale, la « constitution européenne » , la « sécurité sociale professionnelle. »

Les pages 8 et 9 sur la préparation de la convention nationale est titrée : « organiser la volonté majoritaire, c’est la raison d’être de nos comités. » Nous relatons l’activité des comités. Nous publions le compte rendu de discussions des délégués d’Eure - et - Loir, et une interview de Georges Lemoine, conseiller général PS, ancien maire de Chartres, ancien ministre. Sur l’activité des comités vous lirez que : dans le Val d’Oise se prépare une délégation chez le Préfet pour le maintien de l’établissement le « temps de l’éveil. » - en Moselle 3 délégués sont désignés pour l’arrêt de tout projet de fermeture de classes . - dans l’Ain circule un mandat de travailleurs sans emplois : « nous voulons que soit rétabli le droit de tous à un vrai travail , avec un vrai salaire. » - à Bonneuil ( Val de Marne) de jeunes travailleurs ont constitué leur comité et désigné leur délégué.- dans l’Aube une lettre ouverte de maires circule : « les écoles privées confessionnelles n’ont pas à être prise en charge par les contribuables. »

La page 10 sur l’activité du parti poursuit le débat entamé la semaine dernière sur l’adhésion au parti. Vous lirez également une interview d’Alex Deluge, responsable de la Commission Caraïbe du PT « nous sommes pour l’égalité des droits, contre le communautarisme et la discrimination. »

La page 11 relate les immenses manifestations aux USA pour la légalisation de tous les immigrés. Un article analyse les raisons de la guerre entre le Tchad et le Soudan.

Les pages 12 et 13 sont celles de l’entente européenne des travailleurs. Vous lirez : une correspondance de Grande – Bretagne suite à l’annonce de 2300 suppressions d’emplois par Peugeot - une interview de Gotthart Krupp sur la situation en Allemagne : « y-a –t-il une autre voie que la nationalisation ou la renationalisation pour sauver les emplois et les entreprises ? » - les interventions de militants ouvriers hongrois et tchèque à la conférence de Berlin – des extraits de « Tribuna Libera » journal des militants italiens liés à l’entente internationale des travailleurs.

La page 14 est consacrée à la constitution au Brésil du Comité national « justice pour Anderson. », et poursuit la publication des prises de position.

La page 15 « mouvement ouvrier et démocratie » publie 2 articles : des extraits d’une nouvelle contribution du militant ouvrier Roger Sandri sur les processus en cours sur le syndicalisme international - une analyse des débats organisés à la veille du congrès CGT , animés par B. Thibault et E. Gabaglio, sur le thème « quel internationalisme syndical ? »

La page 16 relate dans le détail une journée ordinaire de la Commission de Bruxelles. Cette « tranche » d’activité est saisissante : vous constaterez que la Commission européenne est au centre de la destruction de tous les droits.