Pseudo-négociations annoncées...

Message par Front Unique » 21 Avr 2006, 21:29

Editorial du n° 739 d’Informations ouvrières

Pseudo-négociations annoncées

Ce mardi 18 avril, le quotidien La Tribune, proche des cercles patronaux, annonce que les ministres Borloo et Larcher s’apprêteraient à proposer une loi imposant de pseudo-négociations entre « partenaires sociaux » afin de corédiger les contre-réformes du Code du travail, avant le vote au Parlement (lire en page 3).

Il s’agirait là d’intégrer les syndicats dans une sorte de « colégislation », comme s’il y avait communauté d’intérêts entre les exploités et les exploiteurs. Cela s’appelle le corporatisme. C’est une question sur laquelle nous reviendrons.

Comment comprendre que, dans ces conditions, de tous côtés on s’accorde à vouloir discuter de l’emploi et de la formation des jeunes, première étape pour les uns vers un « contrat unique », et pour les autres vers la « sécurité sociale professionnelle » ?

En clair, il s’agirait de substituer un nouveau contrat au contrat à durée indéterminée (CDI) existant actuellement sur la base de toutes les garanties collectives inscrites dans le Code du travail.

Et ils osent le faire, alors que c’est précisément contre cela, pour refuser toute ouverture vers la flexibilité et la précarité, que des millions se sont mobilisés pour la défense du CDI et du Code du travail, que l’Union européenne exige de disloquer. Que MM. Borloo et Larcher le proposent est dans l’ordre des choses.
Mais comment comprendre d’autres prises de position ?

Ils osent parler de formation des jeunes, ces messieurs qui, à la veille des examens, profitent de la situation pour mettre en place le contrôle continu et vont jusqu’à proposer aux étudiants de s’y préparer, sans enseignants, sur Internet. On veut jeter des dizaines de milliers d’étudiants à la rue !
Est-il possible d’accepter ?

Que réclament les étudiants quand ils affirment : « Nous voulons un vrai diplôme et un vrai travail » ? Ils refusent tous les contrats précaires, avatars du CPE et de ce qui leur est lié, les faux « diplômes » LMD (1) qui détruisent les diplômes nationaux reconnus dans les conventions collectives.

Face à la menace corporatiste et à la destruction des droits et des garanties des travailleurs, la seule voie, c’est celle du combat pour la reconquête de la démocratie politique et sociale. Et cela implique de reconnaître un fait : il y a des classes, il y a lutte entre ces classes, et les travailleurs ont besoin de leurs organisations pour se défendre.

Y a-t-il une autre issue que de se rassembler pour la défense des hôpitaux, des classes, des bureaux de poste, des services publics, de la République elle-même, menacée par cette liquidation qui découle des directives de l’Union européenne ?

Le 29 mai 2005, le peuple français s’est prononcé pour le non à l’Union européenne.

Dans les villes et les villages de ce pays, c’est précisément à quoi s’attachent des élus, des syndicalistes, des travailleurs de toutes tendances dans les comités pour la reconquête de la démocratie.

Ces comités désignent les délégués qui iront participer les
27 et 28 mai à la convention nationale.

Par leur action quotidienne et leur combat d’unité, ils démontrent patiemment que la reconquête de la démocratie exige de rompre avec l’Union européenne.

Lucien Gauthier


(1) Le plan « LMD » (licence-master-doctorat) est l’application par tous les gouvernements depuis Lionel Jospin et la mise en place par les « conseils d’université » des plans européens visant à remettre en cause « la reconnaissance des qualifications acquises, (qui) représente un obstacle obsolète » (Commission européenne, 5 février 2003) — c’est-à-dire les diplômes nationaux reconnus par les conventions collectives —, aboutissant à la privatisation et à la destruction des universités.



Et aussi, dans Informations Ouvrières N° 739 ...

En page 2 nous titrons : « à la veille des examens, ils veulent faire payer le CPE aux étudiants : conditions équitables d’examen pour tous ! » Dans un communiqué daté du 15 avril , le collectif national pour un vrai syndicat étudiant s’adresse à tous pour poser la question : « on a fait reculer le gouvernement sur le CPE... Pourquoi ne pourrait – on pas faire reculer les conseils sur les examens et LMD. »

En page 3, une revue de presse décortique la question du « dialogue social. »Pour le journal La Tribune, la balle est désormais dans le camp des organisations syndicales : « ou bien elles se sentent légitimées à bloquer toute évolution et à défendre le statu quo social, ou bien elles apportent la démonstration qu’il n’y a pas mieux que les vertus du dialogue pour moderniser les relations de travail. » C’est ainsi que Sarkozy déclare : « on doit donner davantage de flexibilité aux entreprises, mais dans un rapport gagnant – gagnant. La CGT elle même travaille sur le thème de la sécurité sociale professionnelle, que j’ai développé.

La page 4 donne un éclairage international aux conséquences du retrait du CPE et aux résultat des élections en Italie. On lit dans The Economist : « cette semaine ont eu lieu 2 évènements apparemment sans lien, mais qui conduisent à la même conclusion démoralisante (...) les principaux pays d’Europe ne sont pas prêts à entreprendre les réformes économiques dont ils ont tant besoin. »

La page 5 « mouvement ouvrier et démocratie » ouvre la discussion sur : pour sauver la sécurité sociale, de quelle unité avons nous besoin ? Pierre Lambert écrit : « le comité de rédaction a discuté de la nécessité d’ouvrir un débat de fond sur ce que, de toute part, on appelle la sécurité sociale professionnelle. Ce premier article fixe à notre avis le cadre du débat appelé à se poursuivre dans nos colonnes. Chacun de nos lecteurs est bien entendu invité à nous livrer ses critiques et ses réflexions. » Citons la conclusion de ce premier article : « une mobilité interne ou externe » , c’est la précarité, le chômage. Le personnel veut vivre. Il veut continuer à travailler pour les assurés sociaux. N’est –ce pas une étrange « unité » qui transparaît entre le SNFOCOS et la fédération CGT des organismes sociaux ? Une « unité » pour quoi ? Nous préférons l’unité réalisée dans le Nord- Pas – de – Calais entre tous les syndicats, CGT, FO, CFDT, CFTC,CGC, pour le maintien de toutes les caisses, de tous les emplois sur place. »

En page 6 nous publions la liste des 114 services de chirurgie menacés de fermeture , en application du pacte de stabilité de Maastricht. Vous lirez également un communiqué de l’AMDDDM à propos de l’avenant à la convention médicale signé par la CSMF.

La page 7 contient 3 articles : le gouvernement dépose un projet de loi dit de « modernisation de la fonction publique. » Pour Villepin « un fonctionnaire pourra travailler pour un employeur privé. » - un extrait d’un dossier paru dans les cahiers de la fonction publique « la fonction publique est devenue de facto un champ de compétence communautaire. » - une correspondance sur le congrès du SNADGI- CGT, qui a réaffirmé la place centrale du statut de la fonction publique.

Les pages 8 et 9 sont consacrées à la préparation de la convention. A ce jour, le bureau provisoire enregistre 412 premiers délégués et 28 maires et conseillers généraux. 3 premiers délégués désignés par les comités de Noisy- le – Grand (93) « combien de temps va –t-il rester aux enfants pour apprendre ? » - Le comité de Montfort-Connerré (Sarthe) envoie 1 délégué : 200 signataires exigent « nos impôts pour l’école publique , pas pour l’école privée. » - dans l’Yonne un appel à la population de 2 maires participants à la convention « va t-on assister impuissants à la désertification, des zones rurales, parce que l’UE l’exige ? » . Nous publions les mandats d’un délégué de l’éducation nationale dans l’Oise, des 5 premiers délégués de Paris 13ième et du comité « des emplois vie scolaire » des Yvelines.

Les pages 10 et 11 de l’Entente européenne des travailleurs publient des correspondances du Portugal, d’Espagne, d’Allemagne, de Grande – Bretagne. Dans tous ces pays les peuples ne sont pas disposés à accepter les plans de destruction – privatisation de l’UE. Mais partout les travailleurs sont confrontés à un obstacle : les directions syndicales doivent –elles revendiquer la collaboration de la « réforme » au lieu d’en exiger l’abrogation ?

La page 12 revient sur la crise profonde de l’Etat américain confronté à la résistance des peuples et sur la situation en Palestine. Vous lirez également un écho sur la campagne pour présenter un candidat du Labor Party en Caroline du Sud.

La page 13 est consacrée au combat des travailleurs de la compagnie aérienne VARIG du Brésil , contre le dépôt de bilan : « pour sauver les 11000 emplois de Varig, y a – t-il une autre solution que la nationalisation ? Comment comprendre que le gouvernement de Lula n’ait pas d’argent pour sauver ces 11000 emplois quand il rembourse les intérêts de la dette par anticipation ?

La page 14 publie les prises de position pour que la vérité soit faite sur l’assassinat de notre camarade, le syndicaliste brésilien Anderson Luiz Souza Santos.

La page 15 sur l’actualité de la Chartes d’Amiens analyse la question des contrats, statuts et conventions collectives dans la lutte des classes.

La page 16 contient une revue de presse internationale sur l’enjeu des
élections en Italie et un article sur le fait que la Commission européenne met en demeure 17 Etats de respecter les directives gaz- électricité.
Front Unique
 
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