par conformistepote » 26 Mai 2003, 20:50
Ca serait presque risible, il s'agit bien du même !
CITATION Centre fermé: le mauvais exemple du directeur
Dans l'Allier, un responsable accusé de viol par une employée.
Par Jacqueline COIGNARD
Libération : lundi 26 mai 2003
«Mon client ne nie pas avoir eu des relations sexuelles avec la plaignante, mais il affirme qu'elle était consentante.» L'avocat du directeur e n'est pas la meilleure publicité qui se puisse concevoir : le directeur général de l'association qui gère le premier centre éducatif fermé (CEF) pour mineurs délinquants créé en France, il y a deux mois à peine, à Lusigny (Allier), vient d'être mis en examen pour «viols et agressions sexuelles». L'information a été révélée par le quotidien la Montagne, hier. Le directeur de l'Association pour l'éducation renforcée (Apler) a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, mais suspendu de ses fonctions.
Promesses. Cette association choisie par le ministère de la justice pour inaugurer la formule CEF accueille huit jeunes filles mineures dans une ferme équestre. Les accusations n'émanent d'aucune d'entre elles. C'est une salariée du centre qui a déposé plainte ; deux de ses collègues ont aussi témoigné d'agressions sexuelles, sans formaliser de plaintes. «Mon client ne nie pas avoir eu des relations sexuelles avec la plaignante, mais il affirme qu'elle était consentante», explique Me Dominique-Jean Lardans, avocat du directeur.
Chers au candidat Chirac en campagne présidentielle, les centres fermés (quatre existent à ce jour) naissent dans un climat très hostile : les spécialistes de la délinquance des mineurs, éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) en tête, contestent leur valeur éducative. Et les riverains de ces structures souvent logées dans des maisons de maître ou châteaux rejettent ces voisins jugés indésirables. A Lusigny, les locaux retenus sont plutôt modestes et les riverains sont restés cois. Mais le centre a déjà provoqué un tollé, une semaine après son ouverture. Ce sont les documents détaillant «le projet pédagogique» et le «règlement intérieur» de ce CEF féminin, baptisé Epivie, qui ont fait s'étrangler d'indignation deux syndicats d'éducateurs et de magistrats (1).
Dans leurs fiches signalétiques, on demandait aux jeunes filles de préciser leurs mensurations (tour de poitrine, de taille, etc.), de présenter un test de grossesse récent, de renoncer à toute communication avec leur famille pendant les six premières semaines. Des exigences gommées par la suite. A Epivie, l'accent est mis sur les rigueurs du travail à la ferme et la nécessité pour les pensionnaires de «s'identifier positivement à des rôles féminins». Un ensemble homologué par le ministère de la Justice que les deux syndicats jugeaient «sexiste, moralisateur, anachronique et contraire aux droits de la personne».
Interrogé à l'époque, le directeur de l'Apler persiflait sur les critiques de ces «sachants de l'éducation» et expliquait volontiers que lui, ancien cadre commercial, n'était «pas de ce monde-là, mais du monde industriel, et reconverti depuis quatre ans dans l'éducation spécialisée». L'Apler a été créée en 1999 par un groupe d'amateurs de rugby de Lapalisse, et elle a ouvert successivement cinq centres éducatifs renforcés (CER), en Auvergne et Rhône-Alpes.
Associations. Ses propres troupes étant très hostiles aux CER, la PJJ a eu recours au milieu associatif, jusque-là plus tourné vers l'enfance en danger, pour créer ces lieux d'accueil de jeunes délinquants. Quand il s'est agi d'ouvrir - très vite - des centres fermés, les mêmes associations ont été candidates. Mais ce monde, aussi varié que touffu, fait l'objet de critiques récurrentes : personnel sous-qualifié, contrôles insuffisants... Il y a quelques semaines, un «éducateur» salarié d'une association a ainsi été mis en examen et écroué, après la mort d'un enfant lors d'un séjour dit «de rupture» en Zambie (Libération des 14, 15, 16 et 17 avril).
Alerte. Un ancien salarié de l'Apler explique qu'il avait tenté, il y a deux mois, d'alerter l'Igas et la PJJ sur des dysfonctionnements dans les CER gérés par l'association : indigence des projets pédagogiques, recrutement de personnes sur leurs seules qualités de rugbymen, jeune pour lequel on touche le prix de journée mais qui est en fait placé dans un internat public, directeur parfois alcoolisé. «En fait, cela s'est retourné contre moi et j'ai dû démissionner», dit Tristan Le Bigue. Dans la région, les jobs sont rares. «Alors quand on en a un qui paie 1 600 euros par mois, on essaie de le garder, surtout si on n'a aucun diplôme ou juste un CAP», dit-il. C'est la raison, selon lui, de son isolement jusqu'alors dans la critique.
(1) Le SNPES-PJJ (majoritaire chez les éducateurs de la PJJ) et le Syndicat de la magistrature (SM, gauche).[/quote]