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Message Publié : 05 Avr 2006, 22:41
par Front Unique
Informations Ouvrières N° 737 (semaine du 5 au 11 avril 2006)

“Coup d’Etat permanent”

Une fois n’est pas coutume : j’approuve la déclaration de Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste, qui a dénoncé hier 3 avril « la prise du pouvoir d’un homme seul sur nos institutions », en l’occurrence celle de Nicolas Sarkozy à l’occasion de la crise sur le CPE.

On ne peut qu’approuver… encore que « nos institutions » elles-mêmes sont par essence destinées « à la prise de pouvoir d’un homme seul ». Ne sont-elles pas nées, ces institutions de la Ve République, d’un coup d’Etat ? Ne reposent-elles pas sur le pouvoir confisqué par un seul au sommet de l’Etat ? Mitterrand lui-même ne dénonçait-il pas naguère la Ve République comme « le régime du coup d’Etat permanent » ?

Certes, de l’eau a coulé sous les ponts depuis cette date. Les gouvernements « de gauche » qui se sont succédé se sont coulés dans le moule de ces institutions.
Mais enfin, mieux vaut tard que jamais, et si le Parti socialiste, poussé par la mobilisation de millions de jeunes et de travailleurs contre le CPE, se souvenait brusquement du caractère antidémocratique de la Ve République, il faudrait s’en féliciter.

Mais alors, si tel est le cas, comment comprendre que le tract diffusé en commun par le « front des 11 partis » (1) dans la manifestation du 4 avril « demande solennellement à Jacques Chirac le retrait du CPE pour engager des négociations avec les syndicats, puis revenir devant le Parlement » ? Comme si le Parlement, sous la Ve République, était autre chose qu’une chambre d’enregistrement du pouvoir en place, et, à ce titre, une pièce essentielle de l’architecture antidémocratique de ces institutions ! Pourquoi, si les institutions sont critiquables, déclarer, comme le fait François Hollande : « Si le gouvernement avec Sarkozy s’obstine (…), nous aurons l’occasion de régler ce conflit en 2007 » ? Il faudrait attendre 2007 ? Plus de 3 millions de manifestants dans la rue ce 4 avril, deux mois de combat et de mobilisation croissante… et il faudrait attendre 2007, c’est-à-dire le calendrier des institutions de la Ve République, fondées sur les pouvoirs exorbitants « d’un homme seul » ?

Un quotidien régional (2) évoque ce 4 avril la possible « mise à bas de la Ve République », qu’il compare à « un fruit pourri (qui) tombe à terre un jour ou l’autre ».

C’est un fait, désormais incontournable, parce que des millions en grève et en manifestation l’ont mis en évidence : la démocratie est incompatible avec le maintien des institutions qui oppriment le peuple. La démocratie est incompatible avec les institutions de l’Union européenne et celles de la Ve République en décomposition.

Le CPE, c’est l’Union européenne et la Ve République.

Le retrait du CPE n’est pas seulement une exigence de la démocratie. C’est aussi la porte ouverte à la reconquête de la démocratie par la rupture avec l’Union européenne et la Ve République.

Daniel Gluckstein

(1) Parmi lesquels le PS, le PCF, les Verts, la LCR.
(2) Le Courrier picard.



Et aussi, dans Informations Ouvrières N° 737 du 5 avril 2006


Plus de 3 millions de manifestants le 4 avril , des millions dans toute la France disent : retrait du CPE !

Dans la page 2 nous abordons les questions qui permettent de clarifier la situation. C’est ainsi que Chirac dans son discours a parlé « du droit d’être informé » en cas de licenciement . Mais il y a une différence entre le « droit d’être informé » et le droit de se défendre. Un groupe d’inspecteur du travail répond à cette question. Il y a cette autre question : pourquoi ne pas dire que le CPE vient directement de l’UE ? Et enfin il y a les drôles de questions que posent le journal l’Humanité, par exemple celles- ci : « contrairement à ce qu’a prétendu Villepin , nombre de propositions alternatives sont sur la table ( ...) Quel contrat de travail ? Comment concilier mobilité et sécurité dans l’emploi ? »

Dans la page 3 nous traitons des faits suivants : de toute part , dans l’affaire du CPE , on nous a présenté à « gauche » comme à droite , avec des variations , le Parlement comme l’unique recours pour sortir de l’impasse . Mais de quel Parlement , et de quelles institutions s’agit-il ? Peut –on défendre la démocratie politique sans remettre en cause les institutions de l’UE et de la cinquième République ? La direction politique de l’UMP a convoqué les syndicats, qui sont invités à corédiger avec les responsables parlementaires de l’UMP un nouveau texte, avec pour instruction « d’introduire de la flexibilité pour lutter contre le chômage. » N’est ce pas la voie ouverte au corporatisme ?

Dans la page 4 nous publions des prises de positions aux directions syndicales pour qu’elles appellent à la grève générale. Une revue de presse aborde cette question : « mais si « pourrissement » il y a , d’où vient –il ? »

La page 5 sur l’activité du Parti rend compte des premières discussions sur le « 4 pages » du PT. Dans une discussion du bureau de section de la Courneuve 2 travailleurs ont immédiatement rempli leur carte. Une réunion a eu lieu dans la salle des professeurs d’un lycée parisien : 7 IO sont vendus sur la base de l’article sur l’origine du Code du travail, et 4 achètent le Manifeste du Parti communiste. Dans un autre lycée parisien 5 enseignants se réunissent, et toute la discussion tourne autour de cette question : « que faut –il faire ? »

La page 6 « santé sécurité sociale » aborde cette question : CPE et destruction de la sécu ; quel est le lien ? Ceci au moment où le directeur de la CNAM annonce 11 000 suppressions d’emplois. Un article est intitulé : « le prix de Maastricht, ils veulent faire un milliard et demi d’économies sur les hôpitaux en 2006 » , ce qui correspond à la suppression de 30 000 emplois. C’est le prix à payer pour respecter l’équilibre budgétaire imposé par Maastricht. Pour organiser cela , les « schémas régionaux d’organisation sanitaire » (SROS 3) sont en train d’être mis en place.

La page 7 « mouvement ouvrier et démocratie » publie une interview de Jean – Charles Marquiset sur la réunion du 25 mars , qui a réuni plusieurs centaines de militants CGT.On lit : « cette réunion n’était pas une instance. Les délégués au 48ième congrès de la CGT détiennent leur mandat des syndiqués et des décisions des syndicats. Pour ce qui est des centaines de militants réunis, notre objectif est de préserver la CGT. Alors , rien ne varie, la CGT appartient aux syndiqués, et la majorité des syndiqués défendent , comme la classe ouvrière , les revendications , les valeurs de la Charte d’Amiens. »

Les pages 8 et 9 sont consacrées à la préparation de la convention nationale. Vous lirez : des extraits du compte rendu de la réunion du comité de médecins, cadres de la sécu et de santé , qui a mandaté 5 délégués – un compte rendu de discussion avec un maire : « que nous reste t-il d’indépendance quand on parle de plafonner la taxe professionnelle, de supprimer la taxe sur le foncier non bâti ? » - des extraits de la discussion de la réunion qui a rassemblé à Creil (60) 26 élus , syndicalistes, militants ouvriers – le mandat d’une déléguée de l’éducation nationale à Lille - un compte rendu de discussion de personnels ouvriers et de service de l’éducation nationale, à Gentilly ( Val de Marne) – un compte rendu de la réunion du comité départemental de Loire – Sud, qui a mandaté 2 délégués.

La page 10 aborde la situation en Espagne : le record d’Europe du travail précaire. C’est le résultat de 20 ans de mise en oeuvre des directives européennes sur la « flexibilisation du marché du travail. »

La page 11 donne la parole à Carla Boulboulé , rédactrice du journal bimensuel « Sozial Politik und Demokratie », coorganisatrice de la conférence de Berlin. Un article analyse la question du sommet social tripartite » européen. C’est ainsi que, John Monks ( secrétaire général de la CES) a participé à Paris à la manifestation du 4 avril, et une semaine plus tôt il signait un programme commun de 3 ans avec le patronat européen, présidé par le baron Seillière !

La page 12 est entièrement consacrée à la situation en Palestine , après les élections au parlement de l’Etat hébreu.

La page 13 publie une interview de Julio Turra ( membre du courant O Trabalho du PT du Brésil) , qui a participé à la session d’ouverture du deuxième congrès de l’Union des travailleurs ( UNT) du Venezuela. Nous avons reçu une correspondance suite aux puissantes mobilisations aux USA, pour la défense des droits des travailleurs immigrés.

La page 14 est consacrée au Panorama d’Angelo Geddo, et la page 15 à l’ hommage rendu à Paul Dutehl .

La page 16 contient 3 articles : une présentation sous forme de questions – réponses du meeting – débat organisé le 7 avril, par les groupes Jeunesse Révolution – une analyse du débat entre Berlusconi et Prodi en Italie – un article concernant la « fusion » entre Alcatel et Lucent.