Editorial IO n° 736
Comment sortir de l’impasse ?
En apparence, ce 28 mars au soir, la situation semble bloquée.
“ En haut ”, d’heure en heure, ceux qui gouvernent semblent frappés de paralysie. Tétanisés par la vague de millions et de millions qui exigent le retrait du CPE, mais préoccupés avant tout de leur avenir présidentiable. Sur l’autel de ces appétits et des rivalités inexpiables qu’ils alimentent, ils sont prêts à tout sacrifier. Jusqu’où iront ces apprentis sorciers ?
“ En bas ”, trois millions de manifestants ce 28 mars. Des millions de grévistes. Les jeunes et les moins jeunes, étudiants, lycéens et salariés, avec les organisations, en un flot ininterrompu disent : nous n’acceptons pas l’inacceptable !
C’était pourtant ce 28 mars, après le 7 mars, le 16 mars, le 18 mars, le 23 mars… et chaque fois le flot ne fait que grossir. Et pourtant, tout avait été fait pour user, épuiser, “ pourrir ” la mobilisation. Mais en vain.
En apparence, c’est l’impasse. Comment en sortir ?
Vitupérant ces manifestations, l’organe des capitalistes nord-américains, le Wall Street Journal, estime que la France “ perd le droit de se nommer une République démocratique ”.
La démocratie ? Parlons-en. La France est un pays de vieille tradition démocratique. La Constitution de l’an I de la Révolution (1793) est présentée par les spécialistes comme “ un exemple et un modèle pour les démocrates ”. (1)
Cette constitution stipulait : “ Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures (article 28) ” et encore : “ Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs (article 35) ”.
Alors, oui, est profondément démocratique le refus de la jeunesse (la génération future) d’être assujettie à l’esclavage par un gouvernement isolé et rejeté. Oui, est profondément démocratique la mobilisation de millions et de millions contre la violation des droits que constitue la remise en cause du Code du travail, du CDI, des conventions collectives et des statuts.
Le CPE doit être retiré, maintenant, tout de suite. C’est bien une question de démocratie.
Pour notre part, chacun le sait, nous sommes partisans de la rupture avec l’Union européenne conformément au vote du 29 mai dernier. Comme nous sommes partisans de l’élection d’une Assemblée constituante souveraine par laquelle le peuple dessinera lui-même les contours et le contenu de la démocratie.
Mais cela n’est pas l’ordre du jour immédiat.
De manière immédiate et préalable, si l’on ne veut pas s’enfoncer dans une impasse dont les conséquences pourraient être tragiques, il faut que la démocratie soit respectée.
C'est une question qui ne peut plus être différée : le CPE doit être retiré.
C’est maintenant, c’est tout de suite
Daniel Gluckstein
(1) Les Constitutions de la France depuis 1789, édition Garnier-Flammarion.
En outre, dans Informations Ouvrières de cette semaine (semaine du 29/03 au 04/04/2006)
Note I.O. 736 – n°52
Titre de la Une : Y a-t-il une autre issue que la grève générale ? Edito : Comment sortir de l’impasse.
page 5, nous publions un article sur l’activité de notre parti pour le retrait du CPE, donnant des éléments de discussions à partir du tract du PT, qui est actualisé chaque soir au siège national, à partir des assemblées ouvertes à tous les adhérents.
Dans l’une de ces « petites » réunions, un camarade explique : « Ce que nous voulons, c’est aider les travailleurs à se saisir de cette question (la grève générale) pour décider par eux-mêmes. Plus on sera au P.T., plus on pourra agir, dans plus d’endroits. » Regrouper, discuter, recruter et agir à partir des tracts et de la diffusion du journal : c’est le centre de notre intervention. Faites remonter à la rédaction des comptes rendus de réunions politiques.
page 2 Avec des dépêches de l’AFP, nous présentons un tableau ville par ville de la puissante mobilisation du 28 mars.
Pages 3 et 4 Avec les éléments transmis par les correspondants d’I.O., nous publions des comptes rendus de réunions, d’A.G., des motions syndicales (entre le 23 et le 28 mars). A noter entre autre, cette A.G. du lycée Ravel à Paris le 27 avec 110 participants (enseignants, lycéens et parents) et en présence d’une conseillère municipale PC et de la maire-adjointe des Verts (tous les 2 opposés à la grève générale), qui a adopté une motion où il est dit : « Si le CPE n’est pas retiré par le gouvernement Villepin mardi soir, ne faut-il pas la grève public-privé, la grève générale des salariés et des jeunes dans l’unité jusqu’au retrait ? » et l’AG des personnels de l’hôpital de Dieppe le 28 au matin avec les syndicats CGT et FO, dont la motion se conclut ainsi : « Nous demandons solennellement aux directions confédérales : si ce soir, malgré la puissance du 28 mars, Villepin n’entend rien, alors, vous devez lancer un appel à la grève interprofessionnelle, avec les étudiants et les lycéens, jusqu’au retrait du CPE. ».
Extraits de déclarations de responsables politiques et d’articles de journaux, avant, pendant et après le 28 mars.
Page 5 :Article à partir d’une interview de Rocard qui se désole : « Je crains que les carottes ne soient cuites », et sur une émission de France 3 du 21 mars avec Aubry, Chérèque, Bayrou et Novelli (ump) où l’on voit comment « gauche » et droite sont d’accord pour détruire le Code du travail exigé par Bruxelles.
Les pages 6 et 7 sont centrées sur les comités pour la reconquête de la démocratie politique.
La page 6 est axée sur la question des destructions d’HLM, avec des extraits de mandats de délégués de 7 villes.
La page 7 publie des éléments d’activité des comités et des premiers délégués : Loiret, compte rendu de la délégation au Préfet sur les licenciements et les délocalisations ; Gard, préparation du meeting départemental du 31 mars ; Val d’Oise, bataille pour la reconquête des structures spécialisés pour les adultes et enfants handicapés ; Finistère, mandat d’un délégué contre la loi Boisseau-Montchamp.
Pages 8 et 9 Pages Entente Européenne des travailleurs consacrées pour l’essentiel à l’Italie, à partir de la campagne que mène les militants du Comité national pour le non à l’U.E. qui ont entrepris de présenter une liste aux élections municipales à Turin : interview d’un candidat, échos de leur campagne, et un article qui revient sur le soutien de toutes les composantes de la « gauche » italienne à Prodi. Notons que la direction du PT brésilien (sauf les 2 représentants du courant O Trabalho) a voté une appel à tous les brésiliens qui ont la double nationalité à « voter Prodi »....
Page 10 dossier établissant comment la Commission européenne organise la destruction des diplômes et de l’enseignement public.
Page 11 compte rendu de la délégation du meeting « Sauver la médecine » reçue au ministère de la Santé le 24 février, et article sur l’enquête engagé dans le plus grand secret par le ministère pour « évaluer » l’état de santé de 80 000 patients hospitalisés en unité de soins de longue durée.
Page 12 page inter, avec des articles ou de brèves sur la crise politique en Grande-Bretagne, la Palestine, la Bolivie, l’Irak et la manifestation qui a rassemblé 500 000 personnes à Los Angeles contre la législation américaine sur l’immigration.
Page 13 Publication d’un appel (et du message de l’EIT) que nous ont fait parvenir les correspondants de l’Entente en Russie, du comité de grève d’une usine de Iaroslav, pour le versement immédiat des arriérés de salaires et contre la fermeture de leur usine. Interview d’un syndicaliste cheminot brésilien sur la politique de Lula qui vise à privatiser les chemins de fer du brésil.
Page 14 Courrier des lecteurs.
Page 15 Poursuivant le débat sur l’actualité de la Charte d’Amiens, IO publie un article sur les origines du Code du travail.
Page 16 Article sur le sommet européen des 23 et 24 mars ; déclaration du commissaire européen au développement qui soutient le CPE ; article sur l’Allemagne.