Editorial d'Informations Ouvrières N° 734 Semaine du 15 au 22 mars 2006
A la veille du 16
De l’intervention télévisée du Premier ministre dimanche soir, les observateurs ont retenu qu’elle n’a fait que renforcer la mobilisation des jeunes et des salariés. M. de Villepin a eu beau chercher à l’envelopper dans du papier cadeau avec un ruban autour, pour l’immense majorité de la population, l’affaire est entendue : le CPE n’est qu’une machine à licencier et à précariser, il doit être retiré.
Même Le Figaro, pourtant favorable au CPE, écrit : « La France doit réformer ses conditions d’embauche et de licenciement, c’est tout l’enjeu de la bataille du CPE. » Au moins, cela est dit clairement.
Il ne faut pas chercher ailleurs les causes de la colère qui monte de jour en jour et d’heure en heure dans tout le pays. Les travailleurs ne sont pas stupides. Les jeunes ne sont pas stupides. Tous comprennent.
Dans cette assemblée commune de lycéens et d’enseignants, avec leurs syndicats, décidant la grève et la manifestation pour le 16, un jeune de lycée professionnel prend la parole : « Nous, les jeunes de banlieue, qu’est-ce qu’on veut le 16 ? Casser ? Certainement pas ! Contrairement à ce qui se dit, les jeunes de banlieue ne sont pas de la racaille. Ce que nous voulons, c’est gagner, c’est le retrait du CPE, qui est une injustice contre nous, les jeunes. »
Que faut-il dire de plus ? En cette veille de la journée du 16, on apprend que les 40 plus grands groupes français (ceux du CAC 40) ont « réalisé des bénéfices records en 2005, en augmentation de plus de 50 % par rapport à ceux de l’année précédente, qui avaient déjà bondi de façon spectaculaire » (AFP).
Des bénéfices records, et il faudrait permettre aux patrons de licencier sans motif durant une période de deux ans !
Qui peut accepter cela ?
Il y a eu le 7 mars. Il y aura demain le 16 mars. Ce jour-là, avec les étudiants et les lycéens, les organisations syndicales appellent à manifester. La confédération CGT-FO a proposé aux autres confédérations un mot d’ordre de grève interprofessionnelle et invité ses fédérations et syndicats à déposer des préavis de grève. De nombreuses organisations ont lancé des appels à la grève pour le 16, des organisations de la CGT-FO, mais aussi de la CGT et de la FSU. La confédération CGT, pour sa part, dans une note en date du 13 mars, écrit : « L’exigence de retrait du CPE est maintenant majoritaire dans le pays. Les réactions syndicales au lendemain des propos de Villepin sont largement convergentes. » « Pour obtenir un succès complet sur le retrait du CPE, succès qui modifierait le rapport de force sur l’ensemble des questions sociales », la confédération CGT propose : « Le 18 au soir (…), si Villepin n’a pas lâché d’ici là, la CGT envisage de proposer aux autres organisations une nouvelle journée interprofessionnelle avec arrêts de travail. »
C’est une évidence : Villepin doit céder ! Le CPE doit être retiré. Tout de suite, maintenant !
S’il ne l’avait pas fait le 18 au soir, alors, quelle solution plus efficace que l’appel dans l’unité à la grève générale interprofessionnelle pour le retrait ?
Daniel Gluckstein
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