éditorial des bulletins d'entreprise LO

Message par com_71 » 06 Mars 2006, 23:41

a écrit :POUR LE RETRAIT DU CPE, CONTRE LA PRÉCARITÉ !

    Il est de l'intérêt de tous les travailleurs que la journée d'action d'aujourd'hui pour le retrait du Contrat Première Embauche soit un succès, que les appels aux débrayages soient largement suivis et que les manifestations soient massives.
    Le CPE est un cadeau de plus aux patrons qui pourront, pendant deux ans, mettre à la porte le nouvel embauché sans même avoir à donner une justification. Les patrons qui embaucheront en CPE bénéficieront en prime d'une réduction des cotisations sociales qui creusera un peu plus encore le déficit de la Sécurité sociale.
    Le gouvernement présente le CPE comme un remède au chômage des jeunes. Mais le CPE ne créera aucun emploi supplémentaire. Les patrons ne créent d'emplois nouveaux que s'ils en ont besoin. Grâce au CPE, les emplois qu'ils jugeront profitable de créer, ils pourront les créer dans des conditions encore plus favorables pour eux et encore plus défavorables pour les nouveaux embauchés. Un CPE de plus, ce ne sera pas un jeune chômeur en moins, comme le prétend le gouvernement, mais un contrat encore plus précaire à la place d'un CDD et à l'exclusion d'un CDI.
    Même si le CPE ne vise que les moins de 26 ans, tous les travailleurs sont concernés. Le CPE est la variante jeune du Contrat Nouvelles Embauches, déjà à la disposition des patrons d'entreprises de moins de 20 salariés. Si on les laisse faire, la prochaine étape sera d'élargir le droit de licencier sans justification et sans obstacle légal contenu dans le CPE et le CNE à tous les nouveaux contrats. Aucun salarié n'est protégé de cette menace. Les travailleurs en CDI d'aujourd'hui, s'ils sont licenciés, même s'ils retrouvent un emploi, n'en trouveront un que sous contrat précaire.
    Tous les gouvernements des trente dernières années ont contribué à la généralisation de la précarité, en inventant chacun un nouveau type de contrat précaire assorti d'avantages divers pour les patrons, chaque fois avec pour justification d'inciter les patrons à créer des emplois supplémentaires. Mais les "incitations" n'ont augmenté que le nombre de contrats précaires, pas les emplois.
    D'ores et déjà, une fraction croissante de salariés, aussi bien dans le privé que dans le public, vit sous la menace permanente de perdre son emploi du jour au lendemain, avec toutes les conséquences que cela entraîne pour trouver un logement, pour faire un emprunt bancaire ou, tout simplement, pour subsister dans des conditions décentes. Mais le souhait du patronat est de remplacer la jungle de toutes les variétés de contrats précaires par la précarisation de tous les emplois.
    Le patronat se sert du rapport de forces créé par la crainte des licenciements et du chômage pour imposer au fil des ans une dégradation considérable de la condition ouvrière : la précarité, mais aussi les bas salaires, la flexibilité, l'intensification du rythme du travail.
    Bien au-delà du problème du seul CPE, il est urgent, il est vital, pour l'ensemble du monde du travail de changer le rapport de forces par le seul moyen à sa disposition, l'action collective, les grèves, les manifestations, d'une ampleur susceptible de menacer les patrons dans ce qui est le plus cher à leur coeur : leurs profits.
    Même réussie, la journée du 7 mars ne suffira pas pour faire reculer le gouvernement sur le CPE, et encore moins pour faire reculer le patronat sur son offensive contre le monde du travail. Mais le 7 mars peut et doit montrer au gouvernement que la coupe est pleine et que sa dernière provocation contre les salariés ne passe pas. Il peut fournir l'occasion de convaincre les confédérations syndicales que les travailleurs ne se contenteront pas d'un baroud d'honneur, sans lendemain.
    Les profits extravagants des grandes entreprises viennent exclusivement de l'aggravation de l'exploitation de la classe ouvrière. Pour l'imposer, le patronat mène, avec l'aide du gouvernement, une guerre féroce contre le monde du travail. Il faut les arrêter. Le 7 mars ne doit pas être une fin, mais un commencement.

Arlette Laguiller
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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