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a écrit :Au Venezuela, la LCR observe la révolution au pouvoir
Une délégation emmenée par Besancenot était au forum social de Caracas.
Par François MEURISSE
samedi 28 janvier 2006
Caracas de notre correspondant
heureusement que la délégation de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) compte 25 membres. Car, pour un peu, Olivier Besancenot se sentirait bien seul au forum social mondial de Caracas. Pas l'ombre d'un représentant des autres partis de gauche n'a fait le voyage au Venezuela, à l'exception du Vert Alain Lipietz, président de la délégation du Parlement européen auprès de la Communauté andine des nations.
Cette absence n'étonne pas le porte-parole de la LCR. «Ceux qui ne sont pas là parce qu'il y a moins de photos font une erreur. Le mouvement altermondialiste n'est pas mort, le souffle est toujours là. Ils reviendront quand il y aura des élections se faire adouber par les mouvements radicaux.» L'an dernier à Porto Alegre (Brésil), pas moins d'une vingtaine de socialistes et deux ministres du gouvernement Raffarin s'étaient déplacés. Et Jacques Chirac avait fait son numéro rodé de VRP anti-inégalités en téléconférence depuis Davos.
Cette année, si une partie de la gauche française s'est faite discrète, c'est aussi qu'elle «n'a pas envie d'être associée à un processus comme la révolution bolivarienne d'Hugo Chávez, trop en rupture avec les Etats-Unis», selon François Sabado, dirigeant de la LCR. «Certains ont peur de ce qu'on pourrait penser de quelqu'un qui s'affiche avec Hugo Chávez», ajoute Alain Lipietz.
Le soutien de Besancenot, lui, est «enthousiaste mais critique». Il appuie les missions sociales mais regrette à demi-mot qu'un véritable parti n'existe pas autour de Chávez. Preuve que certains au sein de la Ligue restent dubitatifs vis-à-vis de l'ancien lieutenant-colonel, sur le site de la LCR, une brève vite retirée traitait récemment Chávez de «crapule». Il avait d'ailleurs soutenu publiquement l'instauration de «l'état d'urgence» en France lors de la crise des banlieues.
Pas question «d'exporter Chávez», reconnaît Besancenot. Mais Chávez, c'est la révolution et le pouvoir, donc l'espoir. «La division de la gauche internationale n'est pas entre ceux qui mettent les mains dans le cambouis et ceux qui n'y vont pas, mais entre ceux qui veulent changer la société libérale et ceux qui veulent la réguler.» D'où les atermoiements de la LCR sur la présidentielle. Peu enthousiaste quant à une candidature «unitaire» du type José Bové, Besancenot se veut conciliant : «José était au forum de Bamako. Je l'ai eu au téléphone, pour la présidentielle, voyons d'abord le scénario avant de parler casting.»