a écrit :
Comme en 2002, les trotskistes se présenteront en ordre dispersé à la présidentielle de 2007
Rodolphe Geisler
[29 décembre 2005]
«La différence entre LO et la LCR ? Pas grand-chose ! De toute façon, au lendemain du premier tour, la presse additionnera nos voix...», assure ce «cadre» de Lutte ouvrière pour justifier la candidature d'Arlette Laguiller à l'élection présidentielle et le refus d'un nouveau tandem Laguiller-Besancenot, comme ce fut le cas aux régionales et européennes.
Le pari, pour les deux formations trotskistes, de présenter chacun son candidat est pourtant risqué. Financièrement d'abord. Car si l'extrême gauche dans son ensemble avait obtenu plus de 10% des suffrages en 2002, seul LO, avec 5,72% des voix, a pu se faire rembourser ses frais de campagne. Restée sous la barre des 5% (4,25%), la LCR dut lancer une souscription auprès de ses sympathisants.
Alors pourquoi se présenter en 2007 en ordre dispersé ? Si la LCR, officiellement, n'a toujours pas annoncé qu'elle aurait un candidat (Olivier Besancenot ?), LO s'est déjà lancée dans la course en présentant pour la sixième fois, depuis 1974, Arlette Laguiller. Une «Arlette» qui, pour la première fois, concède que ce sera la dernière fois pour elle. Du coup, LO évoque sa succession. «Ce sera une jeune femme», dit-on. «Le choix n'est pas encore fait, mais elles sont une vingtaine à pouvoir succéder à Arlette», complète-t-on encore.
Au sein de Lutte ouvrière, on estime qu'«Arlette» a fidélisé un électorat et que la transmission du flambeau n'est pas encore assurée. «3 à 5% des électeurs lui sont fidèles», assure un responsable de LO, qui ajoute : «En 2002, après l'annonce de la candidature de Besancenot, tous les commentateurs politiques estimaient que nos voix seraient divisées par deux. C'est le contraire qui s'est produit.» Pendant ce temps, la LCR semble attendre son heure. Et hésite toujours à investir Besancenot pour 2007.
«La place pour autre chose qu'un PS et un PCF mous»
Conscients qu'«Arlette a fidélisé un électorat populaire permanent», certains cadres de la Ligue penchent, en attendant son retrait de la vie politique, pour une «candidature anticapitaliste unique» issue du non de gauche (José Bové ?). Ce qui aurait pour avantage de partager les frais de campagne. La question sera discutée fin janvier lors du congrès de la LCR, même si, assure en substance Krivine, une investiture de Besancenot est quasiment acquise. «En France, il y a une personnalisation de la vie politique et sans faire du jeunisme, Olivier donne une image de renouveau [à l'extrême gauche] depuis 1995, où nous sommes présents à toutes les élections», analyse l'ancien leader étudiant de Mai 68. La LCR, qui a une démarche plus «unitaire» que LO, estime encore qu'«il y a en France la place pour autre chose qu'un PS et un PCF mous», mais que «l'heure» (les conditions ?) n'est pas encore venue.
En attendant, à LO, on assure ne pas redouter «un vote utile» en 2007, alors que l'échec de la gauche en 2002 a été en partie imputé à la multiplication des candidatures : «Un vote utile à quoi ? Si on vote Hollande, y aura-t-il un changement ? Non. Le coup de barre à gauche du PS après sa synthèse ? De quoi parle-t-on ? Un smic augmenté pour 2012 ? Nous avons fait le calcul : l'augmentation que propose le PS correspond à une hausse naturelle des indices». Et de conclure : «Contrairement au PS, nous on ne promet pas, on appelle à l'action.» Mais toujours pas aux responsabilités.