
Informations ouvrières N° 720 - Semaine du 1er au 7 décembre 2005
L’urgence, la véritable urgence
Sept morts en sept jours : c’est le bilan encore provisoire de la petite vague de froid qui vient de traverser le pays. On n’ose imaginer ce que serait le bilan avec quelques degrés de moins au thermomètre.
On meurt de froid en France en 2005…
En haut lieu, on s’émeut quelque peu. Le Premier ministre demande au SAMU social « de proposer un hébergement stable et d’une durée minimale d’un mois pour les personnes qui sont sans toit et qui ont un contrat de travail, et sont confrontées à une difficulté spécifique pour se rendre à leur travail ».
Un mois, c’est toujours mieux que sept jours pour les personnes concernées. Mais que se passe-t-il après un mois ? Et que se passe-t-il pour ceux — la grande majorité de ceux qui n’ont pas de domicile fixe — qui n’entrent pas dans ces critères ?
Par exemple, cet homme de 45 ans découvert sans vie à Paris, ce 28 novembre. « Il était à la rue à la suite d’un chômage et d’une expulsion, parce qu’il ne pouvait plus payer ses loyers », rapporte une voisine (AFP). Celui-là, même avec les mesures qui viennent d’être annoncées, il serait resté dehors ! Peut-on l’accepter ?
« Les déclarations du Premier ministre souhaitant proposer aux salariés sans domicile fixe un hébergement de plus longue durée vont dans le bon sens, mais restent très insuffisantes », déclare la mairie de Paris, qui propose de maintenir toute l’année les capacités d’hébergement hivernal du SAMU social.
Quant au PCF, il réclame un « plan d’urgence » passant par un renforcement « des moyens des associations qui, par leurs efforts, sauvent de nombreuses vies ».
Bref, il y a quelques variations sur l’échelle des mesures de charité envisagées.
Quant au fond, tous sont dans le même registre : l’associatif, le caritatif, le SAMU social…
Mais au fait, comment est-il possible que plus de 100 000 SDF, selon les statistiques officielles — dans leur majorité, des travailleurs pourvus d’un emploi ou au chômage —, soient menacés de perdre la vie dans ces conditions atroces et indignes ?
Peut-on ne pas parler de la privatisation du logement social liquidant les logements HLM ou les rendant inaccessibles ? Peut-on ne pas évoquer les vagues incessantes de licenciements et la précarisation généralisée, qui fait que, même avec un petit salaire en CDD, il est impossible de se loger ?
Peut-on ne pas dire que c’est l’Union européenne qui fixe ce cadre auquel tous les gouvernements successifs se sont pliés, réduisant leur « programme social » à quelques cuillerées de charité dans un océan de déréglementation ?
Qu’un plan de construction soit mis en œuvre, permettant l’attribution d’un logement HLM aux centaines de milliers de familles qui en font la demande, que les loyers soient plafonnés, afin de rester compatibles avec les ressources, que les saisies et expulsions locatives soient interdites : n’est-ce pas de cette façon que seront rétablies les conditions d’une vie décente pour tous ? N’est-ce pas la voie de la reconquête de la démocratie, c’est-à-dire de l’égalité entre les citoyens ?
Et si, pour cela, il faut remettre en cause le carcan de Maastricht, comme la majorité l’a explicitement formulé le 29 mai dernier, l’urgence — la véritable urgence — n’est-elle pas de s’engager dans cette voie ?
Daniel Gluckstein
L’urgence, la véritable urgence
Sept morts en sept jours : c’est le bilan encore provisoire de la petite vague de froid qui vient de traverser le pays. On n’ose imaginer ce que serait le bilan avec quelques degrés de moins au thermomètre.
On meurt de froid en France en 2005…
En haut lieu, on s’émeut quelque peu. Le Premier ministre demande au SAMU social « de proposer un hébergement stable et d’une durée minimale d’un mois pour les personnes qui sont sans toit et qui ont un contrat de travail, et sont confrontées à une difficulté spécifique pour se rendre à leur travail ».
Un mois, c’est toujours mieux que sept jours pour les personnes concernées. Mais que se passe-t-il après un mois ? Et que se passe-t-il pour ceux — la grande majorité de ceux qui n’ont pas de domicile fixe — qui n’entrent pas dans ces critères ?
Par exemple, cet homme de 45 ans découvert sans vie à Paris, ce 28 novembre. « Il était à la rue à la suite d’un chômage et d’une expulsion, parce qu’il ne pouvait plus payer ses loyers », rapporte une voisine (AFP). Celui-là, même avec les mesures qui viennent d’être annoncées, il serait resté dehors ! Peut-on l’accepter ?
« Les déclarations du Premier ministre souhaitant proposer aux salariés sans domicile fixe un hébergement de plus longue durée vont dans le bon sens, mais restent très insuffisantes », déclare la mairie de Paris, qui propose de maintenir toute l’année les capacités d’hébergement hivernal du SAMU social.
Quant au PCF, il réclame un « plan d’urgence » passant par un renforcement « des moyens des associations qui, par leurs efforts, sauvent de nombreuses vies ».
Bref, il y a quelques variations sur l’échelle des mesures de charité envisagées.
Quant au fond, tous sont dans le même registre : l’associatif, le caritatif, le SAMU social…
Mais au fait, comment est-il possible que plus de 100 000 SDF, selon les statistiques officielles — dans leur majorité, des travailleurs pourvus d’un emploi ou au chômage —, soient menacés de perdre la vie dans ces conditions atroces et indignes ?
Peut-on ne pas parler de la privatisation du logement social liquidant les logements HLM ou les rendant inaccessibles ? Peut-on ne pas évoquer les vagues incessantes de licenciements et la précarisation généralisée, qui fait que, même avec un petit salaire en CDD, il est impossible de se loger ?
Peut-on ne pas dire que c’est l’Union européenne qui fixe ce cadre auquel tous les gouvernements successifs se sont pliés, réduisant leur « programme social » à quelques cuillerées de charité dans un océan de déréglementation ?
Qu’un plan de construction soit mis en œuvre, permettant l’attribution d’un logement HLM aux centaines de milliers de familles qui en font la demande, que les loyers soient plafonnés, afin de rester compatibles avec les ressources, que les saisies et expulsions locatives soient interdites : n’est-ce pas de cette façon que seront rétablies les conditions d’une vie décente pour tous ? N’est-ce pas la voie de la reconquête de la démocratie, c’est-à-dire de l’égalité entre les citoyens ?
Et si, pour cela, il faut remettre en cause le carcan de Maastricht, comme la majorité l’a explicitement formulé le 29 mai dernier, l’urgence — la véritable urgence — n’est-elle pas de s’engager dans cette voie ?
Daniel Gluckstein