
Informations ouvrières N° 719 - Semaine du 24 au 30 novembre 2005
Trois questions…
A l’heure où nous mettons sous presse, nul ne peut dire ce que deviendra dans les prochaines 24 heures la grève reconductible engagée à l’initiative des fédérations de cheminots.
Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que trois questions ont d’ores et déjà trouvé dans cette grève des réponses claires.
Pour commencer : y a-t-il oui ou non privatisation en cours — « rampante », comme l’ont dit les fédérations — de la SNCF ? Non, a répondu le ministre, jurant qu’il était prêt à en prendre l’engagement par écrit. Mais la privatisation n’est pas une affaire de mots. Il s’agit de faits. En voici quelques-uns, relevés dans les communiqués syndicaux et les articles de presse des dernières 48 heures.
— « Que se passe-t-il à la SNCF ? Louer nos valeurs de services publics, mais dans le même temps transformer son contenu en “coquille vide” au travers de filialisations et privatisations (IdTGV, Sernam, Télécom Développement, la SHEM), d’externalisation de charges de travail (PLI, Effia, etc.) ou de sous-traitance. »
— « Structurer la SNCF en quatre branches indépendantes, afin de pouvoir abandonner sans difficulté son statut d’entreprise intégrée. »
— Le Journal des Infos, journal de la SNCF, informe qu’après Connex, le britannique EWS est le second opérateur privé de fret autorisé à circuler en France.
— D’ores et déjà, la gestion par activité (fret, TGV, Francilien, TER) ouvre la voie à la privatisation.
— Quant au statut des cheminots, le ministre vient de se déclarer « ouvert à la négociation d’une convention collective du transport ferroviaire ». Mais une convention collective, c’est le privé, ce n’est plus le statut.
Alors oui, personne ne peut le contester, la privatisation est en route, elle se traduit déjà dans des actes concrets. Seuls des actes concrets et précis — et non des promesses générales démenties par les faits — peuvent bloquer la privatisation et ramener la SNCF dans le cadre d’un service public nationalisé.
Ensuite, s’agit-il oui ou non de l’Union européenne ? Oui, bien évidemment. Le traité de Maastricht lui-même, avec son obligation de concurrence libre et non faussée, et son interdiction de tout monopole, remet en cause tout principe de péréquation financière et de subventions de l’Etat. Les « paquets ferroviaires » successifs votés par l’Union européenne marquent autant d’étapes vers la privatisation. La Vie du rail elle-même vient de révéler que les hauts fonctionnaires de Bercy préparent des scénarios de privatisation de la SNCF. Et La Vie du rail a comme principal actionnaire… la SNCF elle-même.
Pour finir : s’agit-il seulement de la SNCF ? A cette troisième question, lecteurs, que répondrez-vous ?
Daniel Gluckstein
Trois questions…
A l’heure où nous mettons sous presse, nul ne peut dire ce que deviendra dans les prochaines 24 heures la grève reconductible engagée à l’initiative des fédérations de cheminots.
Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que trois questions ont d’ores et déjà trouvé dans cette grève des réponses claires.
Pour commencer : y a-t-il oui ou non privatisation en cours — « rampante », comme l’ont dit les fédérations — de la SNCF ? Non, a répondu le ministre, jurant qu’il était prêt à en prendre l’engagement par écrit. Mais la privatisation n’est pas une affaire de mots. Il s’agit de faits. En voici quelques-uns, relevés dans les communiqués syndicaux et les articles de presse des dernières 48 heures.
— « Que se passe-t-il à la SNCF ? Louer nos valeurs de services publics, mais dans le même temps transformer son contenu en “coquille vide” au travers de filialisations et privatisations (IdTGV, Sernam, Télécom Développement, la SHEM), d’externalisation de charges de travail (PLI, Effia, etc.) ou de sous-traitance. »
— « Structurer la SNCF en quatre branches indépendantes, afin de pouvoir abandonner sans difficulté son statut d’entreprise intégrée. »
— Le Journal des Infos, journal de la SNCF, informe qu’après Connex, le britannique EWS est le second opérateur privé de fret autorisé à circuler en France.
— D’ores et déjà, la gestion par activité (fret, TGV, Francilien, TER) ouvre la voie à la privatisation.
— Quant au statut des cheminots, le ministre vient de se déclarer « ouvert à la négociation d’une convention collective du transport ferroviaire ». Mais une convention collective, c’est le privé, ce n’est plus le statut.
Alors oui, personne ne peut le contester, la privatisation est en route, elle se traduit déjà dans des actes concrets. Seuls des actes concrets et précis — et non des promesses générales démenties par les faits — peuvent bloquer la privatisation et ramener la SNCF dans le cadre d’un service public nationalisé.
Ensuite, s’agit-il oui ou non de l’Union européenne ? Oui, bien évidemment. Le traité de Maastricht lui-même, avec son obligation de concurrence libre et non faussée, et son interdiction de tout monopole, remet en cause tout principe de péréquation financière et de subventions de l’Etat. Les « paquets ferroviaires » successifs votés par l’Union européenne marquent autant d’étapes vers la privatisation. La Vie du rail elle-même vient de révéler que les hauts fonctionnaires de Bercy préparent des scénarios de privatisation de la SNCF. Et La Vie du rail a comme principal actionnaire… la SNCF elle-même.
Pour finir : s’agit-il seulement de la SNCF ? A cette troisième question, lecteurs, que répondrez-vous ?
Daniel Gluckstein