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Privatisation des autoroutes.
PARIS (Reuters) - Les titres ASF, APRR et Sanef ont progressé contre la tendance mardi en Bourse de Paris au lendemain de l'annonce par Bercy que pas moins de 18 candidats, dont des étrangers, avaient présenté des offres indicatives pour la reprise des participations majoritaires de l'Etat dans ces trois sociétés d'autoroutes.
La remise de ces offres n'a pas désarmé les opposants à ce projet, dont l'Etat pourrait tirer quelque 13 milliards d'euros, l'UDF dénonçant à nouveau un bradage des "bijoux de famille".
L'UMP Patrick Ollier, président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, a déclaré pour sa part ne pas voir d'obstacle à la présence de groupes étrangers dans le capital des sociétés d'autoroutes françaises dans la mesure où ils ont une position minoritaire.
Autoroutes Paris Rhin Rhône (APRR), qui pourrait être convoité par au moins deux importants consortiums, a gagné 0,68% à 52,00 euros, les ASF 0,82% à 49,40 euros et la Sanef 0,62% à 48,50% alors que le CAC 40 a cédé 1,1% et l'indice élargi SBF 120 0,98%.
Pour un analyste spécialisé dans les transports, l'appétit des investisseurs pour ces sociétés d'autoroutes est compréhensible.
"Je ne suis pas surpris par les intérêts manifestés parce que ce sont de bonnes sociétés bénéficiant d'une grande visibilité sur leurs bénéfices futurs", a déclaré Michael Carter, analyste d'ING basé à Milan.
"Je ne pense pas que les prix proposés soient très différents des capitalisations boursières actuelles. Pour les prochains tours, tout dépendra des projets proposés et de l'importance des intérêts français dans chaque consortium", prédit-il.
AUTOSTRADE EN LICE
Dans un communiqué commun publié lundi soir, les ministères de l'Economie et des Transports ont indiqué que le contenu des offres proposées serait examiné en détail dans les semaines qui viennent, "notamment pour ce qui concerne le prix proposé, le projet industriel et social envisagé et les garanties apportées quant à la parfaite exécution des missions de service public des sociétés concessionnaires".
Les candidats sélectionnés seront ensuite en mesure de présenter des offres fermes.
Au moins cinq sociétés étrangères figurent au nombre des candidats du premier tour, dont l'italien Autostrade.
De sources proches du dossier, on a confirmé des informations de presse selon lesquelles le premier concessionnaire autoroutier européen s'était allié à un groupe d'investisseurs institutionnels français pour faire une offre sur les 70,2% de l'Etat dans APRR.
Pour mettre toutes les chances de son côté, il a limité à 30% ses intérêts dans le consortium candidat, les 70% restants se répartissant entre la Caisse des dépôts et consignations (30%) et des assureurs, dont Axa, AGF et Predica (groupe Crédit agricole).
Ce consortium pourrait se trouver en compétition avec l'alliance nouée par Eiffage, le numéro trois français du BTP, avec le fonds australien Macquarie Infrastructure Groupe, qui a exprimé de l'intérêt pour APRR comme pour la Sanef, dont l'Etat détient 74,3%.
TROIS CANDIDATS ESPAGNOLS
La CDC s'est refusée à commenter une information de La Tribune selon laquelle elle aurait par ailleurs fait une offre séparée sur 25% de la Sanef.
Le géant Vinci, déjà présent dans les concessions via sa part majoritaire dans le numéro quatre français Cofiroute, a confirmé avoir déposé une offre sur les ASF, dont il détient déjà 23% et qu'il convoite de longue date.
Trois groupes espagnols devraient être aussi en lice, dont le numéro un local du BTP, FCC, qui aurait présenté une offre sur au moins une des sociétés, a-t-on appris lundi de source proche du dossier.
Intinere, la filiale autoroutière de Sacyr Vallehermoso, a indiqué pour sa part qu'il avait remis des offres pour Sanef et APRR, et Abertis, le numéro un espagnol des concessions, a déclaré sans autre précision avoir présenté "des offres" aux autorités françaises.
Vice-président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, le député Maurice Leroy est revenu à la charge mardi contre les projets du gouvernement, déclarant sur France 2 : "Ce n'est pas en bradant les bijoux de famille que l'on s'en sort (...). C'est l'argent des Français que l'on a mis dans les autoroutes et cet argent il sert à financer les grands projets futurs d'infrastructures routières (...). L'UDF demande solennellement à Dominique de Villepin de revenir sur sa décision".
Le président de la Commission des finances de l'assemblée, l'UMP Pierre Méhaignerie, a pour sa part estimé "regrettable" que le gouvernement, qui avait tranché sous Jean-Pierre Raffarin en faveur de la conservation par l'Etat de ses participations dans les sociétés d'autoroutes, ait changé de position sans qu'il y ait de nouveau débat au Parlement.