
Où l'on commence, 2 ans avant, à nous jouer le refrain du vote utile... :altharion:
(Libération @ lundi 27 juin 2005 a écrit :La gauche du non cherche son programme commun
Les vainqueurs du 29 mai tentent de surmonter leurs divisions pour peser sur les futures échéances électorales.
Par Renaud DELY
Pour les «nonistes» de gauche, le plus dur commence: transformer leur non au traité européen victorieux le 29 mai en un oui décisif pour le succès d'une gauche «antilibérale» en 2007. Pas simple au vu de l'hétérogénéité des tribus et des intérêts concurrents de leurs chefs. Comme aux vaincus de la gauche du oui, une triple interrogation se pose aux tenants du non: quel projet, quelle stratégie, quel candidat?
Pour l'heure, hormis le rejet de l'existant (soit, grosso modo, l'actuelle direction du PS et «l'Europe libérale»), le cartel des non n'affiche pas l'ombre d'un programme commun. Depuis le 29 mai, ses composantes planchent sur l'avenir chacune de son côté. Les tribus socialistes, d'abord. Le Nouveau Parti socialiste d'Arnaud Montebourg s'est réuni il y a quinze jours pour tirer à boulets rouges sur François Hollande. La semaine dernière, c'est le député des Landes Henri Emmanuelli qui a rassemblé ses «collectifs du non socialiste» pour laisser entrevoir son ambition de reconquérir les rênes du PS lors du congrès de novembre. Vendredi, Jean-Luc Mélenchon retrouvera ses fidèles à Arles pour rêver d'un conglomérat «antilibéral» avec Marie-George Buffet et Olivier Besancenot. Et Laurent Fabius parachèvera le défilé de la collection d'été des «nonistes», samedi, en son fief de Seine-Maritime. L'occasion de se réjouir de disposer de nouveaux amis: Mélenchon s'est rallié à son panache élyséen, Emmanuelli lui fait de l'oeil et Montebourg rêve de le cloner pour que «1000 Fabius» fassent «bouger le PS» ! Mais s'il aura déjà du mal à conquérir le vote des adhérents du PS, l'ex-ministre de l'Economie peinera encore plus à convaincre au-delà, à la gauche du PS.
Certains animateurs de «l'appel des 200», réunis à Nanterre (lire page suivante) rêvent plutôt d'une candidature commune «antilibérale» qui pourrait, par exemple, porter les moustaches de José Bové. Sans trop y croire. Eclose dans la foulée du printemps social 2003, la dernière initiative «unitaire» du même genre, dite «Ramulaud», dotée des mêmes partenaires (LCR, une partie des Verts, Mélenchon, Copernic), s'était fracassée sur les intérêts partisans à l'approche des régionales de mars 2004. Et si les «collectifs unitaires pour le non» prétendent «construire une alternative antilibérale en Europe et en France», ils précisent qu'ils n'ont pas «vocation à centraliser ou diriger» un rassemblement.
Car les logiques d'appareil reprennent le dessus. L'instinct de survie de la place du Colonel-Fabien a déjà incité Buffet à s'avancer le 16 juin, dans Libération. La LCR songe à Besancenot en recours. Et il n'y a pas de raisons que Laguiller (LO) ne reparte pas une sixième fois à l'assaut de l'Elysée. Une belle brochette de champions issus du non auxquels pourraient s'ajouter deux ou trois rescapés (socialiste, Vert, PRG) du camp du oui, voilà qui dessinerait à gauche un paysage post-29 mai digne d'un 21 avril.