Unité des travailleurs et pôle de radicalité

Message par Barikad » 18 Juin 2005, 09:54

Une tribune dans le dernier numero de Rouge:

a écrit :TRIBUNE
Unité des travailleurs et pôle de radicalité


Nos critiques à la résolution adoptée par la dernière direction nationale de l’organisation sont dans la continuité de celles que nous formulions dans les colonnes de Rouge à l’égard de l’Appel des 200. Les généralités antilibérales qui y étaient formulées n’étaient contraignantes que pour les révolutionnaires et la dynamique elle-même de la campagne a démontré à quel point les révolutionnaires avaient toute légitimité à développer leur propre politique dans le cadre de l’unité. Nous l’avons fait en particulier par l’intermédiaire d’Olivier Besancenot, mais pas assez, et pas assez clairement.

Aujourd’hui, beaucoup rêvent de passer du « non » de gauche à la gauche du « non ». L’orientation majoritaire à la DN s’inscrit dans ce projet.

C’est une erreur : la tâche du moment est de continuer les collectifs pour qu’ils portent les exigences du monde du travail, aident à coordonner les luttes et les résistances dans la perspective d’une Europe des travailleurs et des peuples.

Le « non », bien plus qu’un « non » de gauche, est un « non » de classe, un « non » des classes populaires à la politique menée depuis plus de vingt ans par tous les gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche. Il est une amplification du 21 avril 2002, un rejet et un désaveu des partis de gouvernement. Il est une revanche sur le 5 mai 2002 où, en agitant l’épouvantail de Le Pen, la gauche a fait élire un adversaire des classes populaires. Cette fois, l’épouvantail n’a pas marché, les travailleurs ont dit ce qu’ils avaient sur le cœur et ils ont eu raison. Le « non », c’est aussi une revanche sur les défaites du printemps 2003, un désaveu des directions syndicales ralliées au « oui », de tous les partisans de la politique du « diagnostic partagé » qui ont étouffé les mobilisations.

Ce rejet de la droite, cette rupture avec le social-libéralisme sont riches de possibilités au sens où ils sont une étape dans le mûrissement d’une nouvelle conscience de classe. La tâche du jour est d’aider à ce mûrissement et surtout pas d’entretenir la moindre illusion en un remake d’Union de la gauche fût-il rebaptisé « gauche du “non” ».

La gauche du « non » ne rêve que de se rabibocher avec la gauche du « oui » pour retourner demain au pouvoir. Marie-George Buffet n’a cessé et ne cesse de le répéter.

Voilà pourquoi proposer à Mélenchon, Buffet et Bové de lancer une pétition pour la démission de Chirac et la dissolution de l’Assemblée n’a aucun sens ou plutôt ne prendrait qu’un sens, si cette initiative voyait le jour, celui du ralliement des révolutionnaires à la gauche du « non ».

Et cela d’autant que la proposition est assortie de la présentation de candidats communs à l’ensemble des forces politiques regroupées dans les collectifs en cas d’élections d’une nouvelle Assemblée.

Une telle orientation est en rupture avec l’orientation qui, depuis les élections européennes de 1999, a permis à la Ligue de se renforcer, de gagner de l’influence dans les classes populaires. La Ligue n’aurait pas pu occuper la place qu’elle a occupée durant cette campagne si en 2004, elle n’avait pas su s’allier avec LO, et nous regrettons que LO ne soit pas venue avec nous défendre, au coude à coude, dans les collectifs, les idées que nous défendions ensemble en 2004.

Aujourd’hui, la tâche des révolutionnaires est de travailler à l’unité du monde du travail et de ses organisations, pour préparer la riposte face aux attaques de l’attelage Chirac-Villepin-Sarkozy. Elle est de permettre aux collectifs d’être un instrument pour participer à la construction de cette unité de classe pour les luttes.

Agir dans ce sens suppose que nous militions pour regrouper autour d’un véritable plan d’urgence social et démocratique, celui que nous défendions avec LO en 2004, tous ceux qui entendent aider le monde du travail à faire valoir ses droits avec ses propres armes de classe.

Oui, il faut construire un pôle de radicalité en réponse à la politique des partis de la gauche institutionnelle et gouvernementale, fut-elle antilibérale, un pôle démocratique et révolutionnaire.

Michel Valmy, Yvan Lemaître
Barikad
 
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Message par Valiere » 18 Juin 2005, 11:38

On peut être avec d'autres, militer dans descollectifs sans s'y fondre complètement....Les collectifs pour le non ont permis l'entrée en politique de milliers de nouveux militants.
Valiere
 
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Message par Barikad » 18 Juin 2005, 13:10

(manu @ samedi 18 juin 2005 à 12:45 a écrit :
(Valiere @ samedi 18 juin 2005 à 12:38 a écrit : On peut être avec d'autres, militer dans descollectifs sans s'y fondre complètement....Les collectifs pour le non ont permis l'entrée en politique de milliers de nouveux militants.

Oui des militants qui ne sont pas révolutionnaires et pensent que le capitalisme peut avoir un visage humain....

Si une organisation politique, c'est l'aubergne espagnol avec de tout et surtout du n'importe quoi, ce n'est pas ce que j'apprécie le plus dans une telle orga en tout cas.
Oui, ben si c'etait vrai, que des "milliers de nouveux militants" soient entrée en politique à travers les collectifs, je me contenterais tout à fait qu'ils soient reformistes, comment pourrait il en etre autrement ??? Au revolutionnaires de le convaincre de l'efficacité du programme socialiste (au sens classique du terme)....
Mais le probleme, c'est que l'affirmation de Valière n'est pas tout à fait exacte. Dans la réalité, dans les collectifs qui n'etait pas des cartels d'organisations, il y avait souvent des "inorganisés", mais pour la majorité, c'etait des "ex" (essentiellement ex-PC. Et c'est dejà une bonne chose que des militants se remobilisent sur le terrain politique, malgrès leurs illusions... Ceci etant dit, il est vrai qu'en meme temps, une nouvelle generation militante est en train de se former, des luttes de 2003 au mouvement lycéens de cette année, et certains se sont retrouvé dans les collectifs.
Ce qui me permets de répondre à çà:
a écrit :
a écrit :et nous regrettons que LO ne soit pas venue avec nous défendre, au coude à coude, dans les collectifs, les idées que nous défendions ensemble en 2004.



Cela revient un peu à regretter que LO fasse la politique de LO non ? Les collectifs, ça n'a jamais été le truc de LO. LO n'a jamais pensé que les luttes d'ampleur passeraient par ce genre de structures, construites à l'avance en dehors de toute lutte, et quand je dis lutte, je dis grève.

Ben justement, je regrette que LO ait cette politique. Il ne me semble pas que la tâche de l'heure, pour les révolutionnaires, soit d'attendre la prochaine "lutte d'ampleur", mais de saisir les occasions, toutes les occasions, pour faire avancer l'idée du socialisme, de la construction d'un parti fidèle aux interets des travailleurs.
Et pour le coup, je trouve qu'on (les revolutionnaires) à encore manqué une occasion, ca devient une habitude d'ailleurs...
Barikad
 
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Message par Ottokar » 19 Juin 2005, 10:41

a écrit :Bon, ça n'est plus ton anniversaire, je peux te répondre ?


Du coup, ça va être sa fête !

Le problème principal de ces collectifs, c'est leur dynamique. Il n'est pas vrai que les révolutionnaires puissent par le simple jeu de la parole, de la propagande, de la bonne volonté, tirer des milliers et des milliers de nouveaux militants (je fais semblant de coirre qu'ils existent pour la beauté du raisonnement) dans une voie où ils n'ont pas envie d'aller, même en se montrant les meilleurs militants de ces collectifs, les plus efficaces les plus dévoués. Tout dépend où vont ces collectifs.

Des collectifs de l'après 68, constitués sur la base de la grève et du dégoût de la trahison des partis de gauche, même avec des gens qui avaient des idées confuses et fumeuses comme on en avait dans ce temps-là, on peut les tirer vers la révolution. Mais des collectifs de gens de gauche, constitués autour d'un objectif faux (ils prenaient le traité constitutionnel pour une lanterne) acceptant des chefs pourris sans mot dire (Mélenchon, Emmanuelli, Fabius !!! et même Buffet), que veux-tu en faire ?

La LCR a été contente de parler devant des auditoires, bon, on comprend... mais quand les choses "sérieuses" vont commencer, la préparation de 2007, il faudra choisir : suivre les gens dans ce qu'ils veulent, des candidats de gôche, pas éliminés au second tour, pour avoir un gouvernement de gôche, pas méchant envers le bourgeois, et refaire 81, 97, etc. alors que l'expérience est fraîche ? C'est ce que proclame Buffet et ce que prépare Fabius. Et les gens de ces collectifs, on ne les entend pas s'en démarquer.

Alors la LCR peut jouer sur l'ambiguité, mais elle aura d'ici peu le choix traditionnel : suivre les collectifs et perdre ses idées (en gros, la voie du Brésil) ou suivre ses idées et perdre ses collectifs... et la moitié de ses membres, ceux qu'elle aura recruté sur cette base. Demandez aux anciens ce qu'ils pensent de l'expérience des comités Juquin, en 88 et du peu de vitalité de la LCR ensuite, dans les années 90...
Ottokar
 
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Message par Barikad » 19 Juin 2005, 13:43

(Zelda @ dimanche 19 juin 2005 à 11:00 a écrit : C'est juste qu'on n'a pas la même conception des meilleurs moyens de se préparer à ce prochain épisode...
Certes, et ce n'est pas scoop, mais ca n'empeche pas d'en debattre, hein ?

a écrit :
a écrit :Ben justement, je regrette que LO ait cette politique. Il ne me semble pas que la tâche de l'heure, pour les révolutionnaires, soit d'attendre la prochaine "lutte d'ampleur", mais de saisir les occasions, toutes les occasions, pour faire avancer l'idée du socialisme, de la construction d'un parti fidèle aux interets des travailleurs.


En gros, je pense qu'il ne sert à rien de construire, en dehors de toute bagarre, des comités en espérant qu'ils réussiront à canaliser le flot des prochaines luttes pour les diriger. Les prochaines luttes se donneront dans le feu de l'action, et avec l'aide de bons nombres de militants d'extrême-gauche comme d'habitude, des comités de grève vivants et mouvants, bien plus fidèles images de l'état d'esprit et de l'évolution des gens en bagarre.


je ne vois pas où j'aurais pu laisser entendre que les comités "théodule" ou "truc" pourraient devenir le lieu de convergence des luttes futures. Ce n'est absolument pas mon propos!
Concernant l'attitude vis à vis des comité du "non de gauche" où les militants de la LCR sont intervenus dans la campagne réferendaire, on ne peut pas nier qu'ils ont été, souvent, des lieux de remobilisation, sur un terrain politique, pour des nombreux militant, notemment communiste. Que pour d'autres, c'est une experience de plus dans leur vie militante toute recente (qu'ils aient decouvert la lutte en 95 ou en 2003 par exemple).
Alors, on ne devrait pas avoir une politique envers cette fraction "militante", laissez les appareils de la gauche gouvernementale, qui se se privent pas, eux, preparer leurs combinaziones politiciennes ?
Moi, je ne fais pas la fine bouche. Toute les occasions sont bonnes pour faire de l'agitation et de la propagande, meme celles qui ne nous plaisent pas. Et il est tout à fait possible d'etre dans des collectifs unitaire et d'y defendre un programme de lutte pour le monde du travail, en opposition aux projets de "gauche unies" new look, de se demarquer des reformistes par une politique de rupture avec la gauche gouvernementale.
Bien souvent je trouve que mon organisation ne l'a pas fait assez clairement, mais ce n'est pas parceque la LCR ne le fait pas que ce n'est pas possible. Et l'erreur de LO, à mon sens, est completement symetrique à celle de la LCR, c'est bien d'ailleur le drame de l'Extreme Gauche francaise.

Et pour finir:
a écrit :Bon, ça n'est plus ton anniversaire, je peux te répondre ? :17:

:bleh: :bleh: :bleh:
Barikad
 
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Message par othar » 19 Juin 2005, 16:16

(Ottokar @ dimanche 19 juin 2005 à 11:41 a écrit : La LCR a été contente de parler devant des auditoires, bon, on comprend... mais quand les choses "sérieuses" vont commencer, la préparation de 2007, il faudra choisir : suivre les gens dans ce qu'ils veulent, des candidats de gôche, pas éliminés au second tour, pour avoir un gouvernement de gôche, pas méchant envers le bourgeois, et refaire 81, 97, etc. alors que l'expérience est fraîche ? C'est ce que proclame Buffet et ce que prépare Fabius. Et les gens de ces collectifs, on ne les entend pas s'en démarquer.

Alors la LCR peut jouer sur l'ambiguité, mais elle aura d'ici peu le choix traditionnel : suivre les collectifs et perdre ses idées (en gros, la voie du Brésil) ou suivre ses idées et perdre ses collectifs... et la moitié de ses membres, ceux qu'elle aura recruté sur cette base. Demandez aux anciens ce qu'ils pensent de l'expérience des comités Juquin, en 88 et du peu de vitalité de la LCR ensuite, dans les années 90...
hé oui....
on pourra pas dire que les camarades de la LCR n'ont pas été prévenus par leur expérience passée...
... et par les camarades de Lo aussi! :wavey:
othar
 
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