L'inévitable recomposition de la gauche

Message par faupatronim » 30 Mai 2005, 13:35

(Le Monde @ 30 mai 2005 a écrit :L'inévitable recomposition de la gauche



Divisés pendant la campagne sur le traité constitutionnel européen, entre les partisans du oui et ceux du non, les partis de gauche ont été pour le moins secoués par le résultat du référendum, donnant le non vainqueur à 54,87 %. Ainsi la secousse a-t-elle été particulièrement forte au sein du Parti socialiste, le plus impliqué en faveur du oui à gauche ; mais aussi le plus tiraillé entre une majorité de oui et une minorité de non, tel que l'indiquait le résultat du référendum interne organisé en décembre 2004, soit six mois avant le scrutin. Après six mois de débats houleux, le rapport de forces s'est inversé.

Dans une autre mesure, les Verts, alliés du PS, ont également été traversés par une ligne de fracture pendant la campagne. Seuls les petits partis, comme le PC, le MRC, la LCR et LO, ont fait preuve de cohérence pendant les semaines de débats publics, s'affirmant ouvertement pour le non, certes avec des motivations différentes, mais convergeant toutes vers un rejet d'une Constitution jugée libérale et dirigée contre les milieux populaires. Et pourtant, à l'issue du scrutin qui leur a redonné des couleurs, l'unité n'est pas de rigueur au sein de leur tendance, à l'exception du PC et du MRC de Jean-Pierre Chevènement.

ÉMIETTEMENTS

Les Français retiendront, entre autres, de ce scrutin la division du Parti socialiste. C'est un fait. Et même si la majorité du parti n'a pas voulu recourir à des mesures disciplinaires pour remettre dans le rang sa minorité (aujourd'hui majoritaire ?) incarnée par le carré Fabius-Emmanuelli-Mélenchon-Montebourg et faire ainsi vivre le débat démocratique interne, la direction du parti n'a pas réussi à dissuader les voix dissonantes de préserver l'unité du parti, laissant une cacophonie avoir pignon sur rue. Déboussolés, les électeurs sympathisants du PS n'ont pas suivi, du moins compris, les messages de la direction du parti, elle-même décidée à ne pas traduire le scrutin en opération électorale intérieure contre le gouvernement Raffarin. La stratégie de la majorité Hollande-DSK-Lang appelait les Français à donner une nouvelle impulsion à la construction européenne par la ratification du traité constitutionnel. Tout indique qu'elle n'a pas été écoutée par les électeurs. Et nombreuses sont les voix qui s'élèvent parmi les rangs minoritaires, notamment chez les fabiusiens, pour demander des comptes, pourquoi pas un changement de stratégie, voire de direction, à deux ans de la présidentielle de 2007.

A une autre échelle, les Verts, eux aussi, ont essuyé un échec dimanche soir. Leurs électeurs se sont prononcés majoritairement contre le référendum et ont infligé un camouflet à la direction du parti écologiste.

UNE AUTRE MAJORITÉ DE GAUCHE EST-ELLE POSSIBLE ?

La question sociale a traversé ces deux partis de la gauche française. Contrairement aux autres formations de gauche, pour lesquelles les impératifs sociaux étaient devenus la matrice thématique de leur campagne, le PS et les Verts n'ont pas convaincu leurs électeurs du caractère progressiste du traité en jeu. Or, à l'annonce du résultat dimanche soir, la question sociale est revenue à la surface du Parti socialiste avec encore plus de gravité qu'auparavant, tel un tsunami social, tant l'écart entre le oui et le non est abyssal. Une courte victoire du non n'aurait pas eu les même effets sur le PS en particulier, et la gauche en général, mais là, avec un non frôlant les 55 %, c'est un véritable émiettement de la gauche auquel les Français assistent. A ce désenchantement de la gauche institutionnelle s'ajoute une désaffection entre les électeurs et les élites, voire une perte d'influence du principal parti de gauche sur les classes moyennes, considérées jusque-là comme le réservoir électoral du parti de la rue de Solférino.

Le PS sait qu'il joue gros depuis dimanche soir. Et imputer, comme le fait François Hollande, la responsabilité de cet échec européen au tandem de l'exécutif, le président Jacques Chirac et son premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, ne suffit pas pour effacer les traces de la crise interne et retrouver un lien fort avec sa base. Vraisemblablement, la direction du parti va prochainement convoquer un congrès extraordinaire remettant en jeu son mandat.

A l'extrême gauche, les trois partis – LCR, LO et PT – peuvent s'avouer satisfaits de ce regain social dans la vie électorale de la Ve République. A force de dénoncer les inégalités, ils sont parvenus à faire de la thématique sociale l'enjeu majeur du scrutin. Cependant, ils restent divisés sur l'après-29 mai. Après avoir perdu tous leurs élus aux scrutins 2004, les trois partis trotskistes ne sont pas d'accord sur leur stratégie pour les mois à venir. Le LCR envisage ouvertement des alliances et des rassemblements communs pour les futures élections, surfant sur une vague de mécontentement social qui les porte à s'approcher du PCF, de la gauche du PS, de syndicats et de collectifs sociaux, comme le mouvement Attac ou l'Appel des 200 lancé par la Fondation Copernic. Contrairement à son habitude, LO a, cette fois-ci, appelé à voter non au référendum sans faire campagne commune avec ses deux frères ennemis. Le Parti des travailleurs (PT), fidèle à ses méthodes, a fait campagne seul.

APPELS À L'UNITÉ

Dans ce tableau social post-référendaire, la gauche se trouve à la croisée des chemins. Ses électeurs lui ont fait clairement comprendre qu'un projet alternatif à forte dominante sociale est nécessaire si ses représentants veulent espérer reprendre les commandes du pouvoir en 2007. C'est d'ailleurs dans cette optique que les dirigeants socialistes, toutes tendances confondues, ont multiplié, dès dimanche soir, sur tous les plateaux de télévision, les appels à l'unité dans le but de préparer d'autres échéances majeures. De Laurent Fabius à François Hollande, de Jack Lang à Henri Emmanuelli, "unité, unité" est la formule la plus citée pour surmonter cette crise d'identité. Mais souvent dans l'histoire du parti, cette expression a été précédée de règlements de comptes ou de changements radicaux de stratégie.

Laurent Fabius, considéré comme le principal vainqueur à gauche, doit s'attendre à essuyer une batterie d'attaques dès cette semaine. Beaucoup de militants ulcérés par la "trahison" des avocats du non rêvent d'une exclusion des brebis galeuses, en particulier l'ancien premier ministre de François Mitterrand. Année de son centenaire, le PS entre donc en crise... François Hollande affaibli et discrédité, Lionel Jospin retiré des affaires (jusqu'à quand ?) et Laurent Fabius renforcé mais mal aimé dans le parti.

Toujours à gauche sur l'échiquier, deux formations sortent renforcées du scrutin et voient dans ce vote protestataire les espoirs d'une nouvelle gauche. Le PC de Mme Buffet, qui multiplie les bonnes surprises électorales depuis 2004, et le MRC de Jean-Pierre Chevènement, jusque-là en perte de vitesse depuis son départ du gouvernement Jospin. Mais c'est une victoire à la Pyrrhus qu'ils risquent d'enregistrer. Les appels au rassemblement de la gauche et à sa refondation sans tabou passent par des alliances inévitables avec le PS s'ils veulent obtenir une plus grande visibilité dans la vie politique. Pour eux comme pour le reste de la gauche républicaine et institutionnalisée, un PS affaibli et divisé minimise les chances de victoire de la gauche, même rassemblée en 2007...
faupatronim
 
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Message par Koceila » 30 Mai 2005, 19:21

a écrit :Contrairement aux autres formations de gauche, pour lesquelles les impératifs sociaux étaient devenus la matrice thématique de leur campagne, le PS et les Verts n'ont pas convaincu leurs électeurs du caractère progressiste du traité en jeu.


On fait de l'humour chez la gauche caviar! :sygus: elle est bien bonne, caractère progressiste :sygus: :sygus:
Koceila
 
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