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Message Publié : 15 Mars 2003, 19:50
par emman
A Saint-Denis, sept sans-papiers en grève de la faim iront "jusqu'au bout"

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SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis) (AFP) - A Saint-Denis, six Algériens et un Ivoirien ayant épuisé tous les recours pour régulariser leur situation ont entamé vendredi leur quinzième jour de grève de la faim, déterminés malgré leur faiblesse à aller "jusqu'au bout".

Rue de la Boulangerie à Saint-Denis, à deux pas de la basilique, l'immeuble est vétuste, la peinture écaillée. Au rez-de-chaussée, les sept sans-papiers sont logés dans un local du collectif Solidarité Sans papiers 93, de 15 mètres carrés, dans lequel ils ont disposé des matelas à même le sol. Dans un coin, un cercueil peint en noir, symbolise leur détermination à obtenir "une régularisation pour tous les sans-papiers", disent-ils.

Vendredi, un conseiller régional Lutte Ouvrière d'Ile-de-France, Jean-Louis Gaillard, est venu leur rendre visite. Le thé à la menthe et le café, seuls "aliments" que s'autorisent les sept hommes, sont offerts de bon coeur.

"On a l'électricité depuis hier (jeudi, ndlr), et donc enfin de l'eau chaude", explique Salem Bensaïd, sept ans passés en France dans la clandestinité. Un médecin bénévole est passé voir les sept hommes jeudi, pour leur faire passer leur premier examen médical depuis le début du jeûne.

"Moi j'ai des vertiges, certains doivent avoir des prises de sang parce qu'ils sont trop faibles et prendre des vitamines. De toute façon, nos dossiers sont depuis des années à la préfecture, on n'a jamais de réponse. Vous savez, on n'est pas là pour la politique, juste pour avoir des papiers, pour nous et les autres, pour vivre, travailler, voyager...", lâche Abdelkrim Seghir, 29 ans.

Et tous de raconter leur lot quotidien : peur permanente du contrôle d'identité, travail au noir... "La préfecture a dit qu'elle ne réexaminerait plus nos dossiers. C'est pas un problème. Nous, on est là jusqu'au bout, s'il le faut on va mourir", affirme froidement Salem Bensaïd.

Amadou Traoré, seul Ivoirien parmi six Algériens, jure qu'il "préfère mourir ici si on me dit que je vais être expulsé en Côte d'Ivoire. Et Sarkozy, est-ce qu'il a un coeur? Il a renvoyé des gens en Côte d'Ivoire en charter, là où il y a la guerre. Ca m'a choqué".

"J'ai des membres de ma famille morts pendant les deux guerres mondiales pour la France. Certains sont enterrés à Verdun. Et avec les colonies, on parle déjà la langue avant de venir ici. Alors qu'est-ce que ça veut dire tout ça?", s'énerve Sid Ahmed Cherifi, 24 ans.

Sur la porte d'entrée du local, une grande photo découpée à la une de France Soir montre Jacques Chirac pendant un bain de foule à Alger, embrassant un petit garçon. "C'est le fils d'un des sans-papiers de Seine-Saint-Denis", affirme Jean-Louis Gaillard.