
Informations ouvrières n° 692 - Semaine du 19 au 25 mai 2005
De manière réfléchie
Est-il exagéré de dire que l’enjeu du référendum, c’est, ni plus ni moins, la destruction ou la survie de la nation ? A qui trouverait cette formule excessive, nous signalerons le fait suivant : la lettre Oui socialiste, n° 15, datée du 13 mai 2005, titre « Oui pour faire disparaître cette merde d’Etat-nation ». Reconnaissons à François Hollande et à ses amis qu’ils s’expriment ici avec une rare franchise, qui confine à la brutalité !
Franchise parce que, c’est un fait, la « Constitution » européenne n’a pas d’autre objet que de disloquer les nations et, avec elles, tout ce que les travailleurs et les peuples ont inscrit comme conquêtes sociales et démocratiques dans le cadre même des nations… « Cette merde d’Etat-nation », dont le Oui socialiste revendique ici la disparition, c’est le cadre dans lequel sont inscrits depuis des décennies l’unité de la République, l’égalité des droits des citoyens, les services publics, les communes et leurs libertés, le Code du travail, les conventions collectives, les statuts, les régimes de retraite, la Sécurité sociale, l’école publique et laïque, et aussi les libertés, en particulier celle de s’organiser, au plan politique comme au plan syndical…
En ce sens, si les moyens diffèrent, les objectifs de la « Constitution » européenne rejoignent la politique mise en œuvre par l’administration Bush, qui, dans le monde entier — le plus souvent par l’intervention militaire —, remet en cause l’existence même des nations souveraines.
Que Hollande et ses amis en viennent à revendiquer ouvertement cet objectif suffit à montrer qu’ils se situent désormais à des années-lumière des grands fondateurs du socialisme français… à commencer par Jaurès, pour qui l’internationalisme avait pour condition la souveraineté des nations héritée de la grande Révolution française.
Toutes les nations d’Europe sont menacées. En voici pour preuve une lettre reçue de République tchèque :
« Chers amis,
Une polémique se déroule dans notre Parlement sur la manière de ratifier la “Constitution européenne”. Les politiques discutent pour savoir si la ratification doit prendre la forme d’un référendum ou seulement du vote par le Parlement.
Je ne suis cependant pas sûre que la version la plus démocratique — le référendum — l’emportera. Je pense que leur décision sera également influencée par le résultat du référendum qui se tiendra en France le 29 mai.
Les travailleurs de la République tchèque sont confrontés aux mêmes problèmes et ont les mêmes souhaits et désirs que vous, ils veulent vivre en paix, travailler pour un salaire décent et élever leurs enfants en sécurité.
Je ne sais pas si nous allons pouvoir nous exprimer au sujet de cette “Constitution”, bien que chaque citoyen en ressente les conséquences, car cette Constitution européenne comprend, entre autres, le protocole n° 9, dans lequel sont énumérées les entreprises tchèques qui doivent réduire ou arrêter leur production (1). Cela signifie de nouveaux licenciements ! Chacune de ces entreprises ainsi désavantagées (Nova Hut, Vitkovice Steel, Valcovny Plechu) se trouve dans une région déjà sinistrée par les restructurations de l’industrie minière. En 1990, 90 000 mineurs travaillaient dans ces entreprises, aujourd’hui ils ne sont plus que 20 000. Actuellement, le chômage atteint 17,29 % dans la région de Moravoslezsko ; si, en conséquence des directives européennes, de nouveaux travailleurs sont licenciés, cela aura des retombées très graves sur l’économie de la région.
Par tout cela, je voudrais vous dire seulement que votre voix, au référendum, aura un effet non seulement sur votre futur, mais aussi sur le futur des travailleurs de l’Europe “unie”. Je vous appelle donc à voter de manière réfléchie, en pensant aux conséquences que votre voix peut avoir pour des millions de travailleurs en Europe. »
C’est un fait, « de manière réfléchie », les travailleurs, les jeunes, les démocrates, les républicains émettront le 29 mai prochain un vote de défense de la démocratie, des travailleurs, de la jeunesse et des souverainetés nationales, au compte de toutes les nations d’Europe.
De manière réfléchie, pour la démocratie politique, nous voterons non.
Daniel Gluckstein
(1) Qui figure dans les pages 134 à 136 du projet de « Constitution » européenne envoyé à tous les électeurs français (lire page 5).
De manière réfléchie
Est-il exagéré de dire que l’enjeu du référendum, c’est, ni plus ni moins, la destruction ou la survie de la nation ? A qui trouverait cette formule excessive, nous signalerons le fait suivant : la lettre Oui socialiste, n° 15, datée du 13 mai 2005, titre « Oui pour faire disparaître cette merde d’Etat-nation ». Reconnaissons à François Hollande et à ses amis qu’ils s’expriment ici avec une rare franchise, qui confine à la brutalité !
Franchise parce que, c’est un fait, la « Constitution » européenne n’a pas d’autre objet que de disloquer les nations et, avec elles, tout ce que les travailleurs et les peuples ont inscrit comme conquêtes sociales et démocratiques dans le cadre même des nations… « Cette merde d’Etat-nation », dont le Oui socialiste revendique ici la disparition, c’est le cadre dans lequel sont inscrits depuis des décennies l’unité de la République, l’égalité des droits des citoyens, les services publics, les communes et leurs libertés, le Code du travail, les conventions collectives, les statuts, les régimes de retraite, la Sécurité sociale, l’école publique et laïque, et aussi les libertés, en particulier celle de s’organiser, au plan politique comme au plan syndical…
En ce sens, si les moyens diffèrent, les objectifs de la « Constitution » européenne rejoignent la politique mise en œuvre par l’administration Bush, qui, dans le monde entier — le plus souvent par l’intervention militaire —, remet en cause l’existence même des nations souveraines.
Que Hollande et ses amis en viennent à revendiquer ouvertement cet objectif suffit à montrer qu’ils se situent désormais à des années-lumière des grands fondateurs du socialisme français… à commencer par Jaurès, pour qui l’internationalisme avait pour condition la souveraineté des nations héritée de la grande Révolution française.
Toutes les nations d’Europe sont menacées. En voici pour preuve une lettre reçue de République tchèque :
« Chers amis,
Une polémique se déroule dans notre Parlement sur la manière de ratifier la “Constitution européenne”. Les politiques discutent pour savoir si la ratification doit prendre la forme d’un référendum ou seulement du vote par le Parlement.
Je ne suis cependant pas sûre que la version la plus démocratique — le référendum — l’emportera. Je pense que leur décision sera également influencée par le résultat du référendum qui se tiendra en France le 29 mai.
Les travailleurs de la République tchèque sont confrontés aux mêmes problèmes et ont les mêmes souhaits et désirs que vous, ils veulent vivre en paix, travailler pour un salaire décent et élever leurs enfants en sécurité.
Je ne sais pas si nous allons pouvoir nous exprimer au sujet de cette “Constitution”, bien que chaque citoyen en ressente les conséquences, car cette Constitution européenne comprend, entre autres, le protocole n° 9, dans lequel sont énumérées les entreprises tchèques qui doivent réduire ou arrêter leur production (1). Cela signifie de nouveaux licenciements ! Chacune de ces entreprises ainsi désavantagées (Nova Hut, Vitkovice Steel, Valcovny Plechu) se trouve dans une région déjà sinistrée par les restructurations de l’industrie minière. En 1990, 90 000 mineurs travaillaient dans ces entreprises, aujourd’hui ils ne sont plus que 20 000. Actuellement, le chômage atteint 17,29 % dans la région de Moravoslezsko ; si, en conséquence des directives européennes, de nouveaux travailleurs sont licenciés, cela aura des retombées très graves sur l’économie de la région.
Par tout cela, je voudrais vous dire seulement que votre voix, au référendum, aura un effet non seulement sur votre futur, mais aussi sur le futur des travailleurs de l’Europe “unie”. Je vous appelle donc à voter de manière réfléchie, en pensant aux conséquences que votre voix peut avoir pour des millions de travailleurs en Europe. »
C’est un fait, « de manière réfléchie », les travailleurs, les jeunes, les démocrates, les républicains émettront le 29 mai prochain un vote de défense de la démocratie, des travailleurs, de la jeunesse et des souverainetés nationales, au compte de toutes les nations d’Europe.
De manière réfléchie, pour la démocratie politique, nous voterons non.
Daniel Gluckstein
(1) Qui figure dans les pages 134 à 136 du projet de « Constitution » européenne envoyé à tous les électeurs français (lire page 5).