PARIS (Reuters) - Jacques Chirac a assuré vendredi à Tony Blair que la France était prête à travailler avec la Grande-Bretagne sur le désarmement irakien tout en réaffirmant qu'elle ne pouvait pas accepter "l'automaticité" d'un recours à la force.
Lors d'une conversation téléphonique à son initiative, le président français a indiqué au chef du gouvernement britannique que "nous sommes prêts à travailler ensemble sur le désarmement de l'Irak dans la logique de la résolution 1441", a déclaré la porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna.
Le chef de l'Etat a précisé à Tony Blair que la France ne pouvait pas accepter un ultimatum ou l'automaticité du recours à la force" et qu'"avant toute décision, les inspecteurs doivent revenir devant le Conseil de sécurité pour faire rapport et c'est au Conseil de décider", a-t-elle ajouté.
A Londres, un porte-parole de Tony Blair a indiqué que Jacques Chirac avait "insisté sur le fait qu'aucune circonstance ne l'amènerait à accepter une nouvelle résolution qui autoriserait ou induirait une action militaire".
Les relations entre la France et la Grande-Bretagne se sont nettement dégradées cette semaine après l'annonce par Jacques Chirac qu'il était prêt à opposer son veto au projet de deuxième résolution sur l'Irak que soutenaient Londres, Washington et Madrid.
Tony Blair a estimé que la France adressait un "mauvais signal" à Saddam Hussein tandis que le secrétaire au Foreign Office, Jack Straw, parlait jeudi d'une attitude "inouïe".
Lors de leur conversation téléphonique, Jacques Chirac a annoncé vendredi à Tony Blair que "la France est prête à étudier des critères de désarmement sur la base du programme de travail que vont présenter les inspecteurs".
"Nous sommes prêts également à descendre en dessous de la période des 120 jours" prévue par la résolution 1284 de 1999, a ajouté Jacques Chirac.
Ce délai sépare l'adoption d'un programme de travail par les inspecteurs en désarmement de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies (Unmovic) et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de la présentation au Conseil de sécurité du rapport évaluant les progrès réalisés.
"IL Y A ENCORE LE TEMPS"
Dominique de Villepin avait déjà fait cette proposition jeudi, indiquant à la presse que "tout doit être tenté pour préserver l'unité du Conseil" et que "la sortie de crise, c'est d'essayer à la fois de définir un programme crédible pour le travail des inspecteurs et un délai qui permette rapidement de pousser les inspections jusqu'à leur terme".
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont échoué jeudi dans leur tentative de réunir au Conseil de sécurité une majorité sur leur projet de deuxième résolution.
Vendredi, le Quai d'Orsay a estimé que l'hypothèse d'un compromis de dernière minute pour éviter la guerre et permettre la poursuite des inspections ne pouvait être écartée.
"A nos yeux, il y a encore le temps, mais il faut poser cette question à ceux qui estiment que la guerre est imminente", a déclaré François Rivasseau, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
"Cela fait plusieurs semaines, à travers deux mémorandums soutenus par l'Allemagne et la Russie, que la France a tracé la voie possible pour un compromis", a-t-il ajouté, indiquant que "l'intransigeance ne se trouvait pas du côté de la France".