
La classe politique française soutient Jacques Chirac
Les rares réserves émises par le personnel politique concernent l'autorisation de survol de son territoire que la France accorderait aux Etats-Unis en cas de conflit.
Un concert d'approbations a salué, lundi 10 et mardi 11 mars, la décision de Jacques Chirac d'opposer si nécessaire le veto de la France à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui ouvrirait la voie à une guerre en Irak.
L'Union pour un mouvement populaire (UMP) "soutient la détermination sans faille du président de la République à ce que le désarmement de l'Irak se déroule exclusivement dans le cadre prévu par la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations unies, et à ce que le recours à la force ne constitue qu'un ultime recours", lundi soir dans un communiqué. "L'UMP salue l'humanisme des propos du président de la République, son refus du pacifisme" et "note avec satisfaction" son "engagement à préserver les liens qui nous unissent aux Etats-Unis", conclut le communiqué.
Jacques Barrot, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a également salué la position du président de la République. "Jacques Chirac a écarté toute polémique inutile avec ceux qui, comme il l'a rappelé, restent nos alliés de toujours", a estimé l'ancien ministre du travail. Pour M. Barrot, "la force de conviction de Jacques Chirac (...) devrait être demain une force d'entraînement pour la sécurité du monde et de la paix".
"Ce 'non' de la France était dans la logique des positions prises et ce 'non' de la France est juste", a déclaré, de son côté, le président de l'UDF, François Bayrou, mardi matin sur RTL. Le recours au veto est justifié, a-t-il dit, car "là, un intérêt national majeur est en jeu : c'est la vision que la France a de l'avenir du monde". François Bayrou a estimé qu'en cas d'intervention militaire en Irak, sans accord majoritaire à l'ONU ou malgré un veto, "alors la première victime de la guerre, ce sera l'ONU". Dans ce cas, a-t-il ajouté, "il n'y a plus d'organisation des Nations unies, il n'y a plus de Conseil de sécurité, puisque la puissance la plus importante de la planète aura traité le Conseil de sécurité avec cette désinvolture". "Ce que nous souhaitons, à l'UDF, c'est que, très vite, nous reprenions l'initiative sur le plan européen pour mettre un terme à cette discordance et trouver les moyens de poursuivre l'ambition européenne", avait déclaré lundi François Sauvadet, porte-parole de l'UDF.
Comme François Bayrou, l'ancien ministre socialiste Jack Lang a mis l'accent sur la primauté du droit international et de l'ONU. "Ce serait une guerre totalement illégale, contraire au droit international contemporain, et qu'un pays comme celui-là (les Etats-Unis) déchire la Charte des Nations unies tel un chiffon de papier mettrait à bas le droit international", a-t-il souligné sur Europe 1. "Il faut se bagarrer contre cette vision cynique, fanatique et primaire de la vie internationale", a-t-il dit. "Il faut tenir bon avec la dernière énergie ; c'est le langage du président de la République hier soir, que personnellement j'approuve", a ajouté M. Lang. "Si, malheureusement, cette guerre est entreprise, il faut (...) par exemple construire un barrage symbolique par des autorités spirituelles qui se rendraient sur place et montrer concrètement que la force de l'esprit et de la raison peut l'emporter sur la force de la force", a encore suggéré le député du Pas-de-Calais. "Bush, c'est 'Mr Oil president'", a-t-il remarqué. Si les Etats-Unis décrétaient une intervention armée, a prévenu M. Lang, "ce serait établir un imperium sur l'ensemble de cette région, une nouvelle forme de colonialisme".
"Les arguments de Jacques Chirac sont également les nôtres", a déclaré de son côté François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, pour qui la "position de la France est aussi celle d'une large partie de la communauté internationale". "Cette guerre est inutile, infondée et dangereuse", estime-t-il.
"Je suis fier de la France, de son attitude dans ce débat douloureux et difficile, a déclaré Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, sur LCI. Le président de la République, qui a annoncé qu'on dirait non jusqu'au bout, y compris avec notre droit de veto, est conforme à ce que souhaite la majorité des Françaises et des Français ainsi que la représentation nationale." "Je souhaite que le chef de l'Etat se rende à l'ONU pour dire au Conseil de sécurité 'non, il ne faut pas faire la guerre'", a-t-il ajouté. "Tout doit être fait, y compris aller à New York (...), pour empêcher que les Américains poursuivent leur but inhumain qui est la guerre en Irak", a conclu le député du Nord.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, estime, lui, que "le président de la République a pris une position à la fois ferme et habile en laissant entrevoir un éventuel veto de la France". "Jacques Chirac porte les intérêts de la France conformément à sa vocation d'universalité. Ce faisant, il sert aussi l'idée d'une Europe européenne", a ajouté l'ancien candidat à l'élection présidentielle.
De son côté, la LCR a déclaré, dans un communiqué : "Pour long et laborieux qu'ait été l'entretien télévisé, le fait que Chirac envisage d'opposer le veto de la France à la résolution guerrière présentée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (...) procède du refus de laisser s'opérer un remodelage d'une région entière du monde en fonction des seuls intérêts impérialistes anglo-américains".
Quelques nuances au soutien à Jacques Chirac ont été émises à gauche, notamment sur la question du survol du territoire français par l'aviation américaine en cas de conflit. Louis Mermaz, sénateur de l'Isère et membre du bureau national du PS, s'est ainsi interrogé : le président de la République "n'a-t-il pas affaibli la position française en envisageant d'autoriser l'aviation américaine à survoler le territoire national au cas où les Etats-Unis décideraient d'une opération unilatérale ?". Une opinion partagée par Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche : "L'autorisation de survol du territoire français par des avions venant des Etats-Unis (me) laisse perplexe", a-t-il déclaré.
Pour sa part, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, tout en prenant "acte de la détermination affichée par Jacques Chirac d'utiliser le veto de la France à l'ONU", "constate toutefois que le président de la République a attendu que le gouvernement russe affirme, par deux fois, sa propre décision d'utiliser son droit de veto pour se prononcer à son tour".
Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière (LO), regrette, elle, dans un communiqué, que Jacques Chirac ait "tenu à affirmer que malgré ses désaccords avec les dirigeants américains, il se considère comme leur allié", "notamment en n'interdisant pas le survol de l'espace aérien français". "Chirac se permet de marquer sa différence parce qu'il sait que cette position, tout en lui assurant une certaine popularité, n'empêche en rien les dirigeants américains de mener, y compris par les armes, leur position de domination sur cette région du monde", ajoute Arlette Laguiller. La porte-parole de LO déclare refuser "de participer au consensus politique autour de sa personne, consensus dont Chirac se servira pour porter des coups aux travailleurs ici, en France, et pour mener à l'extérieur une politique impérialiste correspondant aux intérêts des groupes capitalistes, en Afrique notamment".
Les rares réserves émises par le personnel politique concernent l'autorisation de survol de son territoire que la France accorderait aux Etats-Unis en cas de conflit.
Un concert d'approbations a salué, lundi 10 et mardi 11 mars, la décision de Jacques Chirac d'opposer si nécessaire le veto de la France à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui ouvrirait la voie à une guerre en Irak.
L'Union pour un mouvement populaire (UMP) "soutient la détermination sans faille du président de la République à ce que le désarmement de l'Irak se déroule exclusivement dans le cadre prévu par la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations unies, et à ce que le recours à la force ne constitue qu'un ultime recours", lundi soir dans un communiqué. "L'UMP salue l'humanisme des propos du président de la République, son refus du pacifisme" et "note avec satisfaction" son "engagement à préserver les liens qui nous unissent aux Etats-Unis", conclut le communiqué.
Jacques Barrot, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a également salué la position du président de la République. "Jacques Chirac a écarté toute polémique inutile avec ceux qui, comme il l'a rappelé, restent nos alliés de toujours", a estimé l'ancien ministre du travail. Pour M. Barrot, "la force de conviction de Jacques Chirac (...) devrait être demain une force d'entraînement pour la sécurité du monde et de la paix".
"Ce 'non' de la France était dans la logique des positions prises et ce 'non' de la France est juste", a déclaré, de son côté, le président de l'UDF, François Bayrou, mardi matin sur RTL. Le recours au veto est justifié, a-t-il dit, car "là, un intérêt national majeur est en jeu : c'est la vision que la France a de l'avenir du monde". François Bayrou a estimé qu'en cas d'intervention militaire en Irak, sans accord majoritaire à l'ONU ou malgré un veto, "alors la première victime de la guerre, ce sera l'ONU". Dans ce cas, a-t-il ajouté, "il n'y a plus d'organisation des Nations unies, il n'y a plus de Conseil de sécurité, puisque la puissance la plus importante de la planète aura traité le Conseil de sécurité avec cette désinvolture". "Ce que nous souhaitons, à l'UDF, c'est que, très vite, nous reprenions l'initiative sur le plan européen pour mettre un terme à cette discordance et trouver les moyens de poursuivre l'ambition européenne", avait déclaré lundi François Sauvadet, porte-parole de l'UDF.
Comme François Bayrou, l'ancien ministre socialiste Jack Lang a mis l'accent sur la primauté du droit international et de l'ONU. "Ce serait une guerre totalement illégale, contraire au droit international contemporain, et qu'un pays comme celui-là (les Etats-Unis) déchire la Charte des Nations unies tel un chiffon de papier mettrait à bas le droit international", a-t-il souligné sur Europe 1. "Il faut se bagarrer contre cette vision cynique, fanatique et primaire de la vie internationale", a-t-il dit. "Il faut tenir bon avec la dernière énergie ; c'est le langage du président de la République hier soir, que personnellement j'approuve", a ajouté M. Lang. "Si, malheureusement, cette guerre est entreprise, il faut (...) par exemple construire un barrage symbolique par des autorités spirituelles qui se rendraient sur place et montrer concrètement que la force de l'esprit et de la raison peut l'emporter sur la force de la force", a encore suggéré le député du Pas-de-Calais. "Bush, c'est 'Mr Oil president'", a-t-il remarqué. Si les Etats-Unis décrétaient une intervention armée, a prévenu M. Lang, "ce serait établir un imperium sur l'ensemble de cette région, une nouvelle forme de colonialisme".
"Les arguments de Jacques Chirac sont également les nôtres", a déclaré de son côté François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, pour qui la "position de la France est aussi celle d'une large partie de la communauté internationale". "Cette guerre est inutile, infondée et dangereuse", estime-t-il.
"Je suis fier de la France, de son attitude dans ce débat douloureux et difficile, a déclaré Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, sur LCI. Le président de la République, qui a annoncé qu'on dirait non jusqu'au bout, y compris avec notre droit de veto, est conforme à ce que souhaite la majorité des Françaises et des Français ainsi que la représentation nationale." "Je souhaite que le chef de l'Etat se rende à l'ONU pour dire au Conseil de sécurité 'non, il ne faut pas faire la guerre'", a-t-il ajouté. "Tout doit être fait, y compris aller à New York (...), pour empêcher que les Américains poursuivent leur but inhumain qui est la guerre en Irak", a conclu le député du Nord.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, estime, lui, que "le président de la République a pris une position à la fois ferme et habile en laissant entrevoir un éventuel veto de la France". "Jacques Chirac porte les intérêts de la France conformément à sa vocation d'universalité. Ce faisant, il sert aussi l'idée d'une Europe européenne", a ajouté l'ancien candidat à l'élection présidentielle.
De son côté, la LCR a déclaré, dans un communiqué : "Pour long et laborieux qu'ait été l'entretien télévisé, le fait que Chirac envisage d'opposer le veto de la France à la résolution guerrière présentée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (...) procède du refus de laisser s'opérer un remodelage d'une région entière du monde en fonction des seuls intérêts impérialistes anglo-américains".
Quelques nuances au soutien à Jacques Chirac ont été émises à gauche, notamment sur la question du survol du territoire français par l'aviation américaine en cas de conflit. Louis Mermaz, sénateur de l'Isère et membre du bureau national du PS, s'est ainsi interrogé : le président de la République "n'a-t-il pas affaibli la position française en envisageant d'autoriser l'aviation américaine à survoler le territoire national au cas où les Etats-Unis décideraient d'une opération unilatérale ?". Une opinion partagée par Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche : "L'autorisation de survol du territoire français par des avions venant des Etats-Unis (me) laisse perplexe", a-t-il déclaré.
Pour sa part, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, tout en prenant "acte de la détermination affichée par Jacques Chirac d'utiliser le veto de la France à l'ONU", "constate toutefois que le président de la République a attendu que le gouvernement russe affirme, par deux fois, sa propre décision d'utiliser son droit de veto pour se prononcer à son tour".
Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière (LO), regrette, elle, dans un communiqué, que Jacques Chirac ait "tenu à affirmer que malgré ses désaccords avec les dirigeants américains, il se considère comme leur allié", "notamment en n'interdisant pas le survol de l'espace aérien français". "Chirac se permet de marquer sa différence parce qu'il sait que cette position, tout en lui assurant une certaine popularité, n'empêche en rien les dirigeants américains de mener, y compris par les armes, leur position de domination sur cette région du monde", ajoute Arlette Laguiller. La porte-parole de LO déclare refuser "de participer au consensus politique autour de sa personne, consensus dont Chirac se servira pour porter des coups aux travailleurs ici, en France, et pour mener à l'extérieur une politique impérialiste correspondant aux intérêts des groupes capitalistes, en Afrique notamment".