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Message Publié : 11 Mars 2003, 11:20
par faupatronim
La classe politique française soutient Jacques Chirac

Les rares réserves émises par le personnel politique concernent l'autorisation de survol de son territoire que la France accorderait aux Etats-Unis en cas de conflit.


Un concert d'approbations a salué, lundi 10 et mardi 11 mars, la décision de Jacques Chirac d'opposer si nécessaire le veto de la France à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui ouvrirait la voie à une guerre en Irak.

L'Union pour un mouvement populaire (UMP) "soutient la détermination sans faille du président de la République à ce que le désarmement de l'Irak se déroule exclusivement dans le cadre prévu par la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations unies, et à ce que le recours à la force ne constitue qu'un ultime recours", lundi soir dans un communiqué. "L'UMP salue l'humanisme des propos du président de la République, son refus du pacifisme" et "note avec satisfaction" son "engagement à préserver les liens qui nous unissent aux Etats-Unis", conclut le communiqué.

Jacques Barrot, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a également salué la position du président de la République. "Jacques Chirac a écarté toute polémique inutile avec ceux qui, comme il l'a rappelé, restent nos alliés de toujours", a estimé l'ancien ministre du travail. Pour M. Barrot, "la force de conviction de Jacques Chirac (...) devrait être demain une force d'entraînement pour la sécurité du monde et de la paix".

"Ce 'non' de la France était dans la logique des positions prises et ce 'non' de la France est juste", a déclaré, de son côté, le président de l'UDF, François Bayrou, mardi matin sur RTL. Le recours au veto est justifié, a-t-il dit, car "là, un intérêt national majeur est en jeu : c'est la vision que la France a de l'avenir du monde". François Bayrou a estimé qu'en cas d'intervention militaire en Irak, sans accord majoritaire à l'ONU ou malgré un veto, "alors la première victime de la guerre, ce sera l'ONU". Dans ce cas, a-t-il ajouté, "il n'y a plus d'organisation des Nations unies, il n'y a plus de Conseil de sécurité, puisque la puissance la plus importante de la planète aura traité le Conseil de sécurité avec cette désinvolture". "Ce que nous souhaitons, à l'UDF, c'est que, très vite, nous reprenions l'initiative sur le plan européen pour mettre un terme à cette discordance et trouver les moyens de poursuivre l'ambition européenne", avait déclaré lundi François Sauvadet, porte-parole de l'UDF.

Comme François Bayrou, l'ancien ministre socialiste Jack Lang a mis l'accent sur la primauté du droit international et de l'ONU. "Ce serait une guerre totalement illégale, contraire au droit international contemporain, et qu'un pays comme celui-là (les Etats-Unis) déchire la Charte des Nations unies tel un chiffon de papier mettrait à bas le droit international", a-t-il souligné sur Europe 1. "Il faut se bagarrer contre cette vision cynique, fanatique et primaire de la vie internationale", a-t-il dit. "Il faut tenir bon avec la dernière énergie ; c'est le langage du président de la République hier soir, que personnellement j'approuve", a ajouté M. Lang. "Si, malheureusement, cette guerre est entreprise, il faut (...) par exemple construire un barrage symbolique par des autorités spirituelles qui se rendraient sur place et montrer concrètement que la force de l'esprit et de la raison peut l'emporter sur la force de la force", a encore suggéré le député du Pas-de-Calais. "Bush, c'est 'Mr Oil president'", a-t-il remarqué. Si les Etats-Unis décrétaient une intervention armée, a prévenu M. Lang, "ce serait établir un imperium sur l'ensemble de cette région, une nouvelle forme de colonialisme".

"Les arguments de Jacques Chirac sont également les nôtres", a déclaré de son côté François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, pour qui la "position de la France est aussi celle d'une large partie de la communauté internationale". "Cette guerre est inutile, infondée et dangereuse", estime-t-il.

"Je suis fier de la France, de son attitude dans ce débat douloureux et difficile, a déclaré Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, sur LCI. Le président de la République, qui a annoncé qu'on dirait non jusqu'au bout, y compris avec notre droit de veto, est conforme à ce que souhaite la majorité des Françaises et des Français ainsi que la représentation nationale." "Je souhaite que le chef de l'Etat se rende à l'ONU pour dire au Conseil de sécurité 'non, il ne faut pas faire la guerre'", a-t-il ajouté. "Tout doit être fait, y compris aller à New York (...), pour empêcher que les Américains poursuivent leur but inhumain qui est la guerre en Irak", a conclu le député du Nord.

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, estime, lui, que "le président de la République a pris une position à la fois ferme et habile en laissant entrevoir un éventuel veto de la France". "Jacques Chirac porte les intérêts de la France conformément à sa vocation d'universalité. Ce faisant, il sert aussi l'idée d'une Europe européenne", a ajouté l'ancien candidat à l'élection présidentielle.

De son côté, la LCR a déclaré, dans un communiqué : "Pour long et laborieux qu'ait été l'entretien télévisé, le fait que Chirac envisage d'opposer le veto de la France à la résolution guerrière présentée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (...) procède du refus de laisser s'opérer un remodelage d'une région entière du monde en fonction des seuls intérêts impérialistes anglo-américains".

Quelques nuances au soutien à Jacques Chirac ont été émises à gauche, notamment sur la question du survol du territoire français par l'aviation américaine en cas de conflit. Louis Mermaz, sénateur de l'Isère et membre du bureau national du PS, s'est ainsi interrogé : le président de la République "n'a-t-il pas affaibli la position française en envisageant d'autoriser l'aviation américaine à survoler le territoire national au cas où les Etats-Unis décideraient d'une opération unilatérale ?". Une opinion partagée par Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche : "L'autorisation de survol du territoire français par des avions venant des Etats-Unis (me) laisse perplexe", a-t-il déclaré.

Pour sa part, le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, tout en prenant "acte de la détermination affichée par Jacques Chirac d'utiliser le veto de la France à l'ONU", "constate toutefois que le président de la République a attendu que le gouvernement russe affirme, par deux fois, sa propre décision d'utiliser son droit de veto pour se prononcer à son tour".

Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière (LO), regrette, elle, dans un communiqué, que Jacques Chirac ait "tenu à affirmer que malgré ses désaccords avec les dirigeants américains, il se considère comme leur allié", "notamment en n'interdisant pas le survol de l'espace aérien français". "Chirac se permet de marquer sa différence parce qu'il sait que cette position, tout en lui assurant une certaine popularité, n'empêche en rien les dirigeants américains de mener, y compris par les armes, leur position de domination sur cette région du monde", ajoute Arlette Laguiller. La porte-parole de LO déclare refuser "de participer au consensus politique autour de sa personne, consensus dont Chirac se servira pour porter des coups aux travailleurs ici, en France, et pour mener à l'extérieur une politique impérialiste correspondant aux intérêts des groupes capitalistes, en Afrique notamment".

Message Publié : 11 Mars 2003, 11:32
par Screw
Il faudrait avoir le communiqué complet de la LCr (je n'arrive pas à le trouver) parce que là... :headonwall:

Message Publié : 11 Mars 2003, 11:42
par faupatronim
(Screw @ mardi 11 mars 2003 à 11:32 a écrit :Il faudrait avoir le communiqué complet de la LCr (je n'arrive pas à le trouver) parce que là... :headonwall:

Voici le communiqué complet de la LCR. Il me semble, hélas, que le journaliste n'a pas fait de contre sens majeur...

(Communiqué LCR @ 11 mars 2003 a écrit :Pour long et laborieux qu'ait été l'entretien télévisé, le fait que Chirac envisage d'opposer le veto de la France à la résolution guerrière présentée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne au Conseil de Sécurité de l'ONU procède du refus de laisser s'opérer un remodelage d'une région entière du monde en fonction des seuls intérêts impérialistes anglo-américains.
Ce veto est, avant tout, légitimé par la puissance du mouvement anti-guerre, planétarisé grâce à sa jonction avec la force des réseaux altermondialistes isolant politiquement bellicistes et va-t-en guerre.
Chirac, ce soir, contrairement à ce mouvement populaire, n'a d'ailleurs pas opposé de vision alternative du monde à celle défendue par ses "alliés américains" sinon que de défendre le pré carré français et la "puissance Europe".
S'il ne s'agit pas de nier l'importance des affrontements diplomatiques actuels, seuls les peuples, par une mobilisation sans précédent, à l'instar de celle de la mi-février, peuvent encore contrecarrer la catastrophique croisade guerrière.
Samedi 15 mars, partout, clamons haut et fort notre refus de la guerre.

Message Publié : 11 Mars 2003, 12:16
par iajoulik
... On peut toujours dire que
(faupatronim @ mardi 11 mars 2003 à 12:42 a écrit :
le journaliste n'a pas fait de contre sens majeur


... il n'empêche que se contenter de citer du communiqué de la Ligue "le fait que Chirac envisage d'opposer le veto de la France à la résolution guerrière présentée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (...) procède du refus de laisser s'opérer un remodelage d'une région entière du monde en fonction des seuls intérêts impérialistes anglo-américains" laisse entendre que la Ligue (comme le PC, par exemple) approuve cette option politique... ce qui n'est pas le cas si on ajoute la suite, c'est-à-dire "Chirac, ce soir, (...) n'a (...) pas opposé de vision alternative du monde à celle défendue par ses "alliés américains" sinon que de défendre le pré carré français et la "puissance Europe"."

On peut regretter que ce ne soit pas plus clair - et je suis certain que cette absence de clarté n'est ni neutre, ni involontaire - mais on ne peut pas dire que la Ligue, dénonçant la défense du "pré carré français", ne dénonce pas les intérêts impérialistes derrière la politique française !

Message Publié : 11 Mars 2003, 12:31
par faupatronim
(iajoulik @ mardi 11 mars 2003 à 12:16 a écrit :On peut regretter que ce ne soit pas plus clair - et je suis certain que cette absence de clarté n'est ni neutre, ni involontaire - mais on ne peut pas dire que la Ligue, dénonçant la défense du "pré carré français", ne dénonce pas les intérêts impérialistes derrière la politique française !

Je n'ai ni dis ni pensé cela :blink:

Mais la LCR dit clairement que la position de Chirac s'oppose aux intérets des seuls impérialistes anglo-américains. Cela n'est pas mon avis, puisque la France est complètement pour le désarmement et la mise en coupe réglée de l'Irak... par d'autres méthodes.

Et parallèlement, en soutenant le véto, la Ligue juge ces méthodes meilleures. Elle préfère un impérialisme "moins brutal" à un autre et donc elle se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Bien sûr elle dénonce les visées impérialiste de la France, mais du coup cela est masqué par l'acceptation des méthodes de Chirac et reste très confus.

Message Publié : 11 Mars 2003, 12:46
par stef
Le problème ne me paraît pas là où vous le voyez.

La LCR nous chante que le problème est que Chirac "n'a pas proposé une vision du monde alternative". Comme si un impérialiste avait une vision du monde "alternative" (laquelle ?) à celle d'un autre impérialiste ! Laisser simplement croire qu'il puisse avoir une vision "alterantive" c'est déjà protéger la bourgeoisie (imaginez ce que :lenine: aurait dit de telles déclarations !).

Mais surtout dire cela, c'est dire que Chirac va dans le bon sens mais pas assez loin. Le scandale est là : en fait, Chirac n'a fait hier que réaffirmer les exigences de l'impérialisme qu'il représente. Oui à l'asservissement de l'Irak (réso 1441) mais sous un contrôle conjoint des impérialistes et pas sous le contrôle exclusif des USA.

Ces clowneries capitulardes - désolé Iajoulik, mais c'est ce que c'est - sont ignobles pour qui se dit révolutionnaire. Voilà où mène la revendication du "Droit de véto" de Krivine : dans les bras de Chirac, avec Buffet, Hollande, & co.


PS: Quant à la revendication du retrait des troupes impérialiste, tout à leur joie que Chirac utilise son véto, ils l'ont oubliée....

Message Publié : 11 Mars 2003, 13:32
par Screw
Fondamentalement, c'est la politique menée entre les deux tours des présidentielles qui continue.
Peut-être que le militants saisissent toute la subtilité de la stratégie mais pour le "salarié de base", cher à Lcr, Chirac est dans le bon camp.
Et en même temps, il faut combattre le gouvernement qui attaque avec une violence inouïe les salariés...
Décidément, je suis trop con pour comprendre.

Message Publié : 12 Mars 2003, 10:32
par iajoulik
( faupatronim @ mardi 11 mars 2003 à 13:31 a écrit :
( iajoulik @ mardi 11 mars 2003 à 12:16 a écrit :
On peut regretter que ce ne soit pas plus clair - et je suis certain que cette absence de clarté n'est ni neutre, ni involontaire - mais on ne peut pas dire que la Ligue, dénonçant la défense du "pré carré français", ne dénonce pas les intérêts impérialistes derrière la politique française !

Je n'ai ni dis ni pensé cela :blink:


... ce n'est pas toi que je visais... mais le découpage que le journaliste du Monde a fait du communiqué de la Ligue !

Message Publié : 12 Mars 2003, 11:51
par pelon
Oui, pour la presse bourgeoise, hormis ceux qui sont pour la guerre.seule Arlette Laguiller dénonce l'impérialisme français (ce qui sous leur plume n'est pas un compliment). Ce n'est peut-être pas totalement vrai mais si la LCR avait eu des prises de position plus claires, ils devraient aussi être mentionnés.

a écrit :
Irak: Discussion sans vote, aujourd'hui, sur la question irakienne
Le pacifisme de l'Elysée réunit l'Assemblée
Gauche et droite derrière Chirac. Seule une minorité de l'UMP met en garde contre
une rupture avec Washington.

Par Didier HASSOUX et Gregory SCHNEIDER
mercredi 26 février 2003

C 'est le débat de toutes les ambiguïtés. Aujourd'hui, lors d'une discussion sans
  vote à l'Assemblée nationale, droite et gauche devraient applaudir de concert
  les efforts diplomatiques de la France pour tenter d'éviter la guerre en Irak.
Seule, à l'extérieur de l'hémicycle, Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière,
renvoie dos à dos les «impérialismes français et américain» et dénonce «la fumisterie»
de Chirac.
Paradoxe, les plus fervents supporters du chef de l'Etat se retrouvent à
gauche, tandis qu'une partie de la droite aimerait freiner les ardeurs pacifistes de
Jacques Chirac, redoutant une rupture avec les Etats-Unis. Hier soir, Dominique de
Villepin, ministre des Affaires étrangères, a reçu une dizaine de ces sceptiques pour
les convaincre du bien-fondé de la démarche française.

«Pierre Laval». Hier matin, lors de la réunion du groupe UMP, les «atlantistes» font
part de leurs craintes de voir la France se couper des Etats-Unis. Pierre Lellouche,
député de Paris, commence fort : «Je sais que certains m'appellent Pierre Laval», en
référence au président du Conseil du gouvernement de Vichy. Devant le regard
estomaqué de ses collègues, il se calme : «Je ne saute pas de joie à l'idée de faire
une guerre en Irak. Mais Saddam Hussein est responsable d'un million de morts,
c'est-à-dire davantage que les manifestants contre la guerre, en France», le 15 février.
Une comparaison douteuse qui n'empêche pas l'élu parisien de continuer sa
croisade contre l'usage du droit de veto, qui, pense-t-il, «marginaliserait les Nations
unies». Selon lui, «la majorité du groupe UMP» serait sur sa ligne. Faux, rétorque
François Goulard (Morbihan) : «Seuls 10 % du groupe sont proaméricains.»

Mais ils commencent à se manifester, comme Hervé Mariton (Drôme), qui
n'apprécie pas de voir la France «se retrouver au côté de Pékin et de Moscou». «On ne
va quand même pas casser l'ONU et l'Otan pour un tyran», complète Claude Goasguen
(Paris). Même Jacques Barrot, président du groupe, ne cache pas ses réticences
vis-à-vis d'une opposition trop ferme de la France, qui aboutirait à «une fracture
affaiblissant les Nations unies, l'Otan et la grande Alliance atlantique». Lors d'un point de
presse, il explique que l'usage du droit de veto «aurait pour conséquence un
affaiblissement de l'ONU, une cassure des liens atlantiques qui risquerait de rendre plus
compliqué un retour à la paix». Avant de nuancer, prudent : «Cette question se posera
en temps utile, il ne faut pas l'anticiper.» Son adjoint, Bernard Accoyer, veut croire, lui,
que «personne ne se sentira éloigné de ce que dira Alain Juppé» dans l'hémicycle,
aujourd'hui, au nom du groupe chiraquien.

Ces tensions internes à l'UMP font sourire les députés UDF. «Une marge importante
de l'UMP est en train de se convertir à la guerre, affirme Jean-Christophe Lagarde
(Seine-Saint-Denis). Je ne comprends pas cette attitude de suivisme des Etats-Unis, qui
est inquiétante pour la solidité de Chirac et montre une dérive de l'UMP.» Même si le
groupe centriste apportera aujourd'hui son «entier soutien au chef de l'Etat», François
Bayrou met en garde, dans un entretien à la Croix d'aujourd'hui, sur les ris ques de
«crise internationale profonde» si la France dégaine son droit de veto. C'est d'ail leurs
Pierre Albertini qui s'y collera aujourd'hui dans l'hémicycle. «François Bayrou n'a pas
envie, après ce qui s'est passé avec le 49-3 (sur la réforme des modes de scrutin,
ndlr), de faire une grande déclaration d'amour à l'UMP», décrypte Lagarde.

Cette petite cacophonie gêne les élus de la majorité. Hier matin, une réunion, où
les députés du groupe France-Etats-Unis, toutes tendances confondues, ont reçu
l'ambassadeur en France Howard Leach, n'a pas contribué à éclaircir les points de
vue. Parlementaires de droite et de gauche se sont entendus pour s'«inquiéter du
creusement du fossé» entre les deux pays. «C'est la gauche qui essaye de pousser
Chirac dans une position extrême», regrette Lellouche. «C'est nous le vrai soutien de
Chirac», se gausse en écho un socialiste. «Cela doit lui rappeler les grandes années de
l'union sacrée gaullo-communiste», renchérit un élu PCF.

«Ligne». Sentant l'opportunité de mettre Jacques Chirac en porte-à-faux avec ses
soutiens de droite, la gauche souhaite que le chef de l'Etat «aille jusqu'au bout».
C'est-à-dire menace d'utiliser, puis emploie ­ si besoin ­ son droit de veto au
Conseil de sécurité de l'ONU. «Chaque fois qu'il faut défendre la République, comme
après le 21 avril, chaque fois qu'il faut promouvoir la paix, comme maintenant, c'est
toujours la gauche qui manifeste. Ce n'est pas la droite», observe François Hollande.
Aujourd'hui, à la tribune du Palais-Bourbon, le premier secrétaire du PS demandera
au chef de l'Etat de «faire barrage» à la résolution américaine, qui vise «à justifier» la
guerre en Irak. A l'instar de Julien Dray (Essonne), tous les députés PS n'ont «aucun
état d'âme à soutenir la diplomatie française jusqu'au bout contre la guerre». Tout comme
lui, le communiste orthodoxe André Gerin (Rhône) plaide pour que «Chirac poursuive
ce qu'il a commencé à faire. Au fond, il conteste l'hégémonisme des Etats-Unis». Il faut
donc «prendre le risque d'une crise à l'ONU». Son collègue rénovateur de
Seine-Saint-Denis, Patrick Braouezec, partage ­ pour une fois ­ son analyse :
«Alliées, la France et l'Allemagne ont l'opportunité de jouer un rôle de contrepoids par
rapport aux Etats-Unis. Il faut absolument que Chirac la saisisse.» Selon un responsable
socialiste, le chef de l'Etat est «capable de tout. Même de réussir. A l'âge qu'il a, il n'a
d'autre ambition que d'entrer dans l'Histoire». Ce que veut bien admettre un de ses
conseillers : «La droite, la gauche, il s'en fout. Il fait ce qu'il veut. Il sait où il va. Il a sa
ligne.» Jusqu'à quand ?.



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