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Message Publié : 26 Mars 2005, 12:56
par faupatronim
(Le Monde @ 26 mars 2005 a écrit :La reine d'Angleterre et le gotha d'outre-Manche subventionnés par la PAC


Londres de notre correspondant



La reine d'Angleterre, le prince Charles et un certain nombre de ducs, comtes, barons et marquis font partie des plus gros bénéficiaires des subventions versées par Bruxelles à la Grande-Bretagne au titre de la politique agricole commune (PAC).

Cette réalité, plutôt gênante dans un pays qui n'a cessé de fustiger le prétendu gaspillage de l'argent européen au profit des fermiers du continent, a été dévoilée, mercredi 23 mars, dans le cadre de la politique de transparence de l'information publique entrée en vigueur au début de l'année. Les chiffres annoncés avaient été demandés au ministère de l'agriculture par le Times et par l'association humanitaire Oxfam, qui milite pour une réforme de la PAC en faveur des pays producteurs les plus pauvres.

Environ 100 000 fermiers et compagnies agricoles britanniques ont reçu, au cours de l'année fiscale 2003-2004, l'équivalent de 2,5 milliards d'euros de subventions. Cet argent a été distribué de manière très inégale. Il a, pour l'essentiel, arrondi les profits des grosses sociétés de l'agrobusiness et n'a guère bénéficié aux petits fermiers.

En tête de liste figurent les propriétés de Sir Richard Sutton, héritier d'une grande famille du Berkshire. Viennent ensuite les domaines appartenant à la crème de l'aristocratie, dont le duc de Marlborough et celui de Westminster, deuxième fortune du royaume. Les 100 agriculteurs qui figurent en queue de liste ont reçu moins de 25 livres chacun (36 euros). La lanterne rouge, un certain M. Kelman, a dû se contenter de 31 petits pence (45 centimes).

La reine n'a pas trop à se plaindre de l'Europe, qui lui a versé près de 800 000 euros pour ses domaines de Sandringham et de Windsor. Charles a reçu moitié moins pour son duché de Cornouailles et pour sa ferme de Highgrove.

Au Royaume-Uni, comme ailleurs en Europe, les subventions agricoles européennes sont attribuées au prorata de la superficie des exploitations, de leur production et du nombre de têtes de bétail. Les plus gros domaines sont donc les mieux lotis. Selon Tim Bennett, président du Syndicat des fermiers, les exploitants doivent désormais, en échange de leurs subventions, veiller strictement à la protection de l'environnement. L'argent reçu, précise-t-il, ne représente que 0,14 % du total des dépenses publiques annuelles du pays.

Il n'empêche : les grands propriétaires terriens sont sans doute conscients de leurs privilèges, car ils ont tout fait, avec l'appui du Parti conservateur, pour empêcher, vainement, la publication des chiffres qui font mal. Les gentlemen-farmers, mal nommés en l'occurrence, ont refusé de répondre aux questions de la presse.

Une chose est sûre : cette affaire ne devrait pas contribuer à rendre la politique agricole commune plus populaire auprès du contribuable britannique.

Jean-Pierre Langellier