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Message Publié : 08 Mars 2003, 04:57
par emma-louise
Rouge N° 2007 : solidarité avec Sérénade Chafik!

Message Publié : 10 Mars 2003, 17:49
par emma-louise
Sérénade Chafik
Victime de la loi islamique

Vendredi 21 février, Sérénade Chafik a entamé une grève de la faim, dernier recours pour que ses droits civils soient reconnus et respectés : sa fille Laïla vit avec son père en Egypte et est menacée d'excision.
- Peux-tu retracer l'histoire de ton combat ?
Sérénade Chafik - En 1993, j'ai quitté l'Egypte et je n'ai pas pu emmener ma fille avec moi : le Code de la famille, la charia, ôte tout droit à une mère de décider du sort de son enfant. En octobre 1998, lors d'une visite de Laïla en France, j'ai saisi la justice française pour la préserver d'une excision programmée. Quelle a été ma surprise quand, le 22 octobre, le juge a stipulé que je n'avais aucun droit en France, puisqu'en Egypte je n'en avais pas non plus. Le juge a fait référence au Code de la famille ! Moi qui croyais que la France était une République laïque !
Il y a eu beaucoup de mobilisations autour de moi. Les associations pour les droits des femmes ont estimé que c'était une décision discriminatoire et sexiste : si j'avais été française "de souche", je n'aurais jamais subi la charia en France. Grâce à la mobilisation, en mars 1999, j'ai obtenu un droit d'hébergement pour Laïla de trois mois et demi, pour l'été, en France. Les juges ont estimé que c'était la seule garantie que j'avais contre l'excision de ma fille, puisque je pourrai vérifier moi-même qu'elle n'était pas excisée. Mais la justice égyptienne s'est assise dessus, alors que les conventions bilatérales entre la France et l'Egypte impliquent la reconnaissance réciproque des décisions de justice.
En 2000, je n'ai pu voir Laïla qu'une demi-heure, en présence du consul de France et de sept membres de la famille paternelle. Peut-on être mère et habilitée dans ses droits parentaux juste une demi-heure par an ? J'ai donc décidé de porter plainte pour non-présentation d'enfant en France et, grâce à la mobilisation des associations, le père a été condamné à deux ans de prison ferme. Le procureur a reconnu sa responsabilité dans l'injustice que j'ai subie depuis 1998. Depuis le départ de Laïla avec son père, je gagne tous les procès en France. Mais ils ne sont jamais suivis d'effets.

- L'Egypte refuse donc d'appliquer les conventions bilatérales ?
S. Chafik - Oui. En 2000, parallèlement à la plainte, j'ai fait une demande pour que la décision de la justice française concernant l'hébergement soit exécutable en Egypte. Mais, en janvier dernier, la justice égyptienne a décidé de rejeter la convention franco-égyptienne, en arguant qu'il y avait primauté de la charia ! Je suis donc soumise à la charia. Etant donné que je n'ai plus les moyens physiques, moraux et financiers de pouvoir continuer et d'être réellement suivie dans mes revendications, j'ai décidé d'entamer une grève de la faim. J'ai l'impression qu'en France, aujourd'hui, quand une femme réclame ses droits, il faut qu'elle se mette en danger pour être entendue.

- Concrètement, qu'implique la charia et quelle est la position de la France sur l'excision ?
S. Chafik - La charia, le Code de la famille en Egypte, ôte tous les droits aux femmes : une femme est considérée mineure tout le long de sa vie. Elle n'a aucun droit civil. Elle dépend complètement de l'ordre patriarcal ; le père avant le mariage, le mari après. Voire même l'ex-mari. Sur l'excision, le gouvernement français est extrêmement ambigu. Il a légiféré en inscrivant l'excision dans le code pénal, mais, entre 1998 et 1999, au cours de mes actions en justice, je me suis aperçue que sous la pression du Président égyptien Moubarak - qui est intervenu deux fois auprès de Chirac -, le parquet a essayé de mettre en doute l'existence de l'excision en Egypte, et ce malgré des déclarations du ministère de la Santé égyptien lui-même !
Il faut savoir qu'en Egypte, 90 % des fillettes sont excisées. L'interdiction, qui date de 1997, est juste formelle. Depuis, il n'y a pas eu un seul procès. Il y a énormément de solidarité envers tous les mouvements qui s'organisent contre l'excision dans les pays africains, mais il n'y a pas forcément de mobilisations de femmes en Egypte. Elles n'ont accès ni aux médias, ni à la parole publique. Elles ont aussi intériorisé toute l'aliénation du système patriarcal, et considèrent que l'excision est une chose tout à fait souhaitable socialement pour les jeunes filles, puisqu'elle les rend mariable. Comme une femme égyptienne n'a aucun statut - sauf ceux de mère ou d'épouse - il faut absolument qu'elle soit mariable, donc vierge.

- Il y a ton combat personnel, mais tu te bats aussi pour qu'il n'y ait plus cette chape de plomb sur la question de l'excision...
S. Chafik - Oui. Et même en France. De nombreuses jeunes filles, qui partent dans leur pays d'origine pendant les vacances scolaires, sont excisées là-bas et ne bénéficient pas de la protection du gouvernement français, surtout depuis les lois Pasqua-Chevènement. Ces jeunes filles-là ne sont pas françaises, même si elles sont nées en France. Il y a incompétence juridique, donc on ne peut pas poursuivre les parents. C'est donc dans une totale impunité que ces jeunes filles subissent cette mutilation sexuelle définitive. Je pense aussi à toutes ces femmes, en danger ou qui ont subi des violences sexuelles, demandeuses d'asile et malheureusement souvent sans-papières.
Le gouvernement français fait preuve d'un total manque de volonté politique. Avec le Moyen-Orient, il y a énormément d'intérêts d'ordre commercial. Les droits des femmes, les droits de l'être humain ne pèsent pas très lourds dans la balance... En juin 2002, j'ai déposé une motion à l'Elysée : on m'a envoyé les CRS. La motion ? Pas de réponse. Idem pour les courriers de soutien, les 10 000 signatures envoyées par les associations, les syndicats et les partis. Le travail diplomatique n'est pas fait. Les perspectives, ce n'est pas moi qui les détermine. C'est vraiment le gouvernement aujourd'hui qui décide de l'issue, y compris de ma vie. La balle est dans son camp.

Propos recueillis par Damy Buck.
SOLIDARITE:
- Dons et soutiens financiers : chèques à l'ordre de Sérénade Chafik, à envoyer à : LCR-Nantes, chez Belamy 17, 17 rue Paul Belamy, 44000 Nantes.
Courriel : [url=mailto:serenade.chafik2@tiscali.fr]serenade.chafik2@tiscali.fr[/url]
Des cartes postales de soutien sont disponibles à la même adresse.
Allez zou! les forumeurs-euses!!! Serenade , la LCR44...et ma pomme on compte sur vous!!!

Message Publié : 10 Mars 2003, 17:52
par pelon
J'enverrai mon soutien.

Message Publié : 10 Mars 2003, 17:54
par emma-louise
merci camarade!

Message Publié : 16 Mars 2003, 12:41
par EZRAROX
Bonjour,

Je suis le mauvais élève de service qui, sans vergogne, vient de .....copier Pelon!

Message Publié : 16 Mars 2003, 17:18
par emma-louise
On a raison de copier pelon chaque fois que possible!