Objet : [ATTAC-GENRE] Le débat sur le voile divise le second défilé féministe du 8 mars
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Le débat sur le voile divise le second défilé féministe du 8 mars
LE MONDE | 09.03.05 | 14h46
> La manifestation du Collectif national pour les droits des femmes, qui célébrait la Journée internationale des femmes, mardi 8 mars, avait à peine parcouru quelques mètres que plusieurs personnes quittaient le défilé. "Je refuse de manifester à côté de femmes voilées le 8 mars", a lancé une militante de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Au départ du cortège, place de Clichy, à Paris, une vingtaine de jeunes filles, dont plusieurs portaient le voile, se sont jointes au défilé derrière la bannière d'Une école pour toutes et tous, un mouvement qui défend les jeunes filles exclues pour port du voile.
> Déjà présente lors du défilé du 8 mars 2004, l'organisation avait à nouveau signé l'appel cette année. Après les protestations d'un grand nombre d'associations féministes, le collectif avait décidé, le 24 février, de retirer sa signature sans l'exclure expressément. Ce geste n'avait pas suffi à convaincre le mouvement Ni putes ni soumises pas plus que le Planning familial, qui avaient organisé une manifestation séparée, dimanche 6 mars, en insistant, dans leur appel pour un "nouveau combat féministe", sur les principes de "laïcité et de mixité".
> Place de Clichy, les militants d'Une école pour toutes et tous, qui devaient être relégués en fin de cortège, ont réussi à se glisser au milieu de la manifestation. "C'est pas les immigrés, c'est pas les femmes voilées, c'est les sexistes qu'il faut virer", scandait Ismahane. "Je n'ai pas à justifier ma présence aujourd'hui. C'est la journée de toutes les femmes. La lutte contre le machisme et le paternalisme est un combat dans lequel je me retrouve."
> Martine Billard, députée (Verts) de Paris, a préféré quitter la manifestation. "Je comprends que des filles se voilent, mais, le 8 mars, qu'on ne me demande pas de défendre leur droit à être voilées." D'autres responsables politiques ont insisté sur la nécessité de conserver l'unité du mouvement. "J'ai participé à la manifestation de dimanche et je suis là aujourd'hui. Les deux ne devraient pas s'opposer. Il faut lutter contre tous les intégrismes", expliquait Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière.
> "Très en colère"contre la présence de jeunes filles voilées au milieu du cortège, Suzy Rojtman et Maya Surduts, du Collectif national, ont rappelé que leur mouvement se bat "depuis la nuit des temps" contre tous les intégrismes. "Tous les mouvements sont traversés par ces contradictions, notait Maya Surduts. Pourquoi les féministes seraient les seules à les assumer ? Je déplore la manifestation de dimanche, il y a des divisions que nous devons surmonter."
> A la fin de ce défilé, qui a réuni 2 000 personnes selon la police et 5 000 selon les organisatrices, les féministes se sont donné rendez-vous les 28 et 29 mai, à Marseille, pour l'étape européenne de la Marche mondiale des femmes, partie du Brésil le 8 mars.
> Gwénaëlle Barzic
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 10.03.05