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Message Publié : 26 Fév 2005, 18:03
par Valiere
Les indigestes de la République Islamiste

Dès sa parution sur un site islamiste, nous avions diffusé, avec notre commentaire, un texte intitulé "nous sommes les indigènes de la République" mis en circulation. Nettement inspiré (voir les initiateurs) par des mouvements islamistes et les islamistophiles désormais homologués, nous aurions fait l'impasse sur sa publication, si nous n'avions retrouvé, parmi les signataires de soutien, un certain nombre de personnes "tolérantes" dont précisément le soutien à ce texte vomitif, révèle la dérive grandissante vers des rivages de plus en plus éloignés de nos valeurs républicaines de fraternité.

Au-delà des compromissions désormais récurrentes dont se rendent complices certains, le texte en question constitue une agression flagrante au-delà du communautarisme le plus étroit et le plus imbécile, et constitue une menace contre la solidarité qui doit inspirer toutes les femmes et les hommes de nos pays contre toutes les discriminations. S'il montre l'indigence de pensée à laquelle ils sont parvenus, il nous interpelle surtout sur les intentions véritables de ses inspirateurs.

Nous avions accompagné ce texte d'un écrit de notre amie Sonja Rivière que lui a inspiré l'appel en question, et nous y joignionsr un texte de Leila Babès.
Aujourd'hui, nous vous transérons l'éditorial de l'hebdomadaire Marianne dont nous partageons l'analyse

Simon Blumental
Edito de "Marianne" 26.2.05/4.3.05 N°410


Et Maintenant
les nouveaux racistes


par François Darras



Ca nous pendait au nez. C'était quasiment programmé, I;émergence et l'affirmation, grâce au soutien média. tique que l'on sait, d'une gauche réac, antirépubli. caille, cléricale, antilaïque, communautariste et eth. niciste ne pouvait qu'ernanter ce « monstre» qu'est la pétition intitulée « Nous sommes les indigènes de la République », lancéesurle site islamiste oumma.com, appuyée par des personnalités d' extrême gauche, ou même de gauche, la fraction antisioniste des Verts, des partisans de Dieudonné, Tariq Ramadan, des intel.lectuels pro-islamistes (mais aussi d'authentiques antiracistes ou anticolonialistes démocrates), et publiée, sans distanciation cri tique, dans les colonnes du Monde. (Précisons que plusieurs SignE taires de ce texte inouï, parfois dément, que nbus avons contactés ont pris leurs distances depuis qu'ils l'ont vraiment lu)

Texte angoissant, tant il rompt radicalement avec tout l'héritage progressiste, humaniste, universaliste de la tra- dition républicaine. Le ton est donné d'emblée, puisque les signa- taires s'autoproclament « militants engagés dans les luttes contre l'oppression et les discriminations produites par la République post- coloniale ». Et, en effet, ce qui, de bout en bout, est stigmatisé, assimilé à l'esclavagisme, ce n'est ni la monarchie qui pratiqua la traite des Noirs, ni l'em- pire qui rétablit la servitude, ni le capitalisme qui exa- cerbe les discriminations ethniques et sociales, qui ghettoïse les populations venues drailleurs, mais, obsessionnellement, l'ignoble République, celle-là même qui, à deux reprises, avec l'abbé Grégoire et Victor Schoelcher, imposa l'émancipation totale des esclaves! Les expressions sont significatives: « La République de l'égalité est un mythe », « il est temps que la France interroge ses Lumières »- oh l'odieux Voltaire! -, qu'elle « refoule son nationalisme arc-bouté au chauvinisme de l'universel » (sic).

Que dit, au fond, ce texte qui témoigne d'une régression absolue?

-Qu'àl'union et àla solidarité des exploités, d'hier et d'aujour- d'hui, telles que l'histoire de notre pays en a souvent magnifié les combats, et quelles que soient leur origine ou leur religion, doit se substituer une véritable sécession des indigènes de l'intérieur qui n'ont rien de commun avec ces Français autochtones qui ont été et « restent » intrinsèquement des colonisateurs, sinon des esclava- gistes, qu'ils le veuillent ou pas, et quelques combats anticolonia- listes qu'ils aient menés. D'ailleurs, ce n'est pas la barbarie du sys- tème économique néolibéral ni l' exacerbation sauvage de la loi du marché, mais, encore et toujours, la « République qui relègue les populations de banlieue aux marges de la société ».

- Que, de même que le Français de souche restera génétique- ment un colonisateur et un esclavagiste - un héritier des

méchants -, les musulmans, les Noirs, resteront, eux, tout aussi

génétiquement, des fils, petits- fils, arrière- petits-fils d' « esclaves », de « déportés» ou de« colonisés », enfermés, donc, pour l'éternité dans ce statut qui les exclut par définition de tdute commhharlté citoyenne possible.

- Que toute forme d'intégration - et surtout d'intégration répu- blicaine - est, en conséquence, une trahison, et que, par exemple, les élus issus des populations immigrées ne peuvent que jouer le rôle « de Beurs ou de Blacks de service! », y compris, bien sûr, les Har- lem Désir, les Malek Boutih ou les KofiYamgnane. Que signifie, à cet égard, cette phrase: «Laloielle-mêmen'estpas toujours égale: ainsi l'application du statut personnel aux femmes maghrébines ou subsahariennes » - que signifie- t -elle, sinon que lutter contre la polygamie est, en soi, scandaleux?

- Que la participation, aux côtés de républicains progressistes autochtones, à des combats émancipateurs et citoyens relève donc de la collaboration ethnique, comme les staliniens parlaient de « collaboration de classe ».

- Que le respect du principe de laïcité constitue une agression contre les musulmans, donc contre les « colonisés », de même que « la gestion de l'islam par le ministre de l'Intérieur» ou la lutte contre l'immigration clandestine, c'est-à-dire contre des gens « qui sont contraints de franchIr les frontières illégalement». Là où ce texte est paranoïaque, c'est en ce qu'il ajoute aussitôt: « On tente de faire jouer aux travailleurs immigrés le rôle de dérégula- teur du marché du travail pour étendre à 1'ensemble des salariés encore plus de précarité et de flexibilité. » Ça, c'est juste. Mais, précisément, l'immigration libre revendiquée y contribue.

- Que « la gangrène coloniale s'empare des esprits... au point qu'une frange active du monde intellectuel, politique et médiatique, devenue agent de la pensée bushienne, désigne, comme aux heures glorieuses de la colonisation, sous le vocable d'intégrisme, les popula- tions indigènes comme la cinquième colonne de la bar- barie qui menace l'Occident et ses valeurs » : or, que désigne cette phrase, sinon tous ceux qui se posent en adversaires de l'islamisme radical et du terrorisme?


-Que les «fils et petits-fils de »(expression employée par référence à l' association des fils et filles de déportés de Serge Klarsfeld) sont appelés, en tant qu'indigènes, à « décoloniser la République », c'est-à-dire, si les mots ont un sens, à se comporter à l'égard de la France, mais au sein de la France, comme l'ont fait les moudjahidin algériens (ou les fedayin palestiniens à l'égard d'Israël).

Donc, de même que le Français est un colon, même chez lui, l 'immigré est un « indigène », même en « métropole ». Ni l'un ni l'autre ne peuvent s'en sortir, en somme, biologiquement assignés qu'ils sont à ce rôle ou à cette fonction. Aucune fusion n'est possible, aucun combat commun n'est envisageable autre que celui-là, auquel appellent les signataires, qui est celui de la revanche.


Jamais une fraction de la gauche n'avait cautionné un texte de diversion aussi intrinsèquement de droite, raciste, clérical, diviseur, confessionnel et rétrograde. Jamais un tel cadeau n'avait été fait aux vrais oppresseurs et exploiteurs, qui toujours se nourrissent des guerres intestines qui neutralisent et paralysent leurs victimes, par des extrémistes dévoyés qui croient sincèrement se rebeller contre l'exploitation et l'oppression!.