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Message Publié : 18 Fév 2005, 00:30
par Valiere
A propos de l'animation et de la politique des grands mouvements d'éducation populaire
Voici une contribution de mes camarades de l'USPAOC CGT que j'expliquerai si nécessaire.
Valière



a écrit :Quand l’Educ Pop se met au service du MEDEF

Le MEDEF, toujours à court pour renforcer la primauté de la rentabilité des entreprises sur le dos de ses propres salariés, va finir par trouver un allié de taille : les institutions de l’Education Populaire.
Le MEDEF, qui certainement n’en demandait pas tant, regarde sans doute avec attention, ces mesures qu’il n’aurait jamais imaginé soumettre à propositions.
Pourtant c’est fait, ou cela tente d’être fait.

Le CNVA ( Conseil National de la Vie Associative ) et aujourd’hui la JPA ( Jeunesse au Plein-Air ), essayant de colmater les brèches de la désertification de son Bénévolat Actif, sont prêts aujourd’hui à brader la notion de travail et de son coût réel en ignorant les lois issues du Code du Travail, que tous les partenaires sociaux ont admis comme élémentaires.

Les patrons de ces organisations, cachés derrière une façade idéologique qui s’effrite par manque de convictions, sont prêts à donner l’aumône à des non-professionnels s’engageant sur leur temps libéré à s’investir en faveur de la jeunesse…..
Mieux encore, sous prétexte de donner une réponse social au travail, ils voudraient brader leur savoir-faire sur le dos de leurs propres salariés, en essayant de calquer leur fonctionnement économique sur le modèle de l’économie marchande dont la rentabilité est la seule lecture d’une bonne gestion.

Qu’on veuille encadrer l’engagement des Jeunes qui s’investissent dans le monde caritatif ou associatif, sur des périodes courtes, uniques et non professionalisantes, pour éviter les dérives de l’exploitation et protéger ceux qui s’engagent dans ces actions, est une chose sur laquelle nous devons être à l’écoute.
Profiter de cette nécessité de légiférer pour introduire, comme le souhaiterait la JPA, un sous-prolétariat à peine voilé, est, par contre, une autre chose, inqualifiable et inadmissible.

La valeur des métiers de notre champ conventionnel de l’Animation Culturelle, Sportive ou de Loisirs, sous prétexte de non productivité, ne peut échapper pour autant à la réglementation du travail.
Les métiers, que l’intégralité de ces champs conventionnels recouvre, sous prétexte qu’ils s’adressent principalement à nos enfants, ne peuvent être encadrés par des dispositifs indignes.
La connaissance, l’apprentissage et la découverte du monde que peuvent acquérir nos enfants tout au long de l’année dans les Centres Aérés ou dans les Colonies de Vacances durant les périodes de congés scolaires sont des éléments déterminants pour la construction citoyenne de chacun d’ente-eux.

Nous ne pourrions admettre ces zones de non-droit, où le droit du travail serait bafoué, où la reconnaissance de nos métiers serait ignorée, où le travail lui-même serait sous-payé, sous-reconnu et sous-évalué.

La seule vraie question qu’il faille aujourd’hui se poser est de savoir si ces lieux, proposés aux Jeunes pour l’éveil et le jeu, la culture ou le sport,  ont une réelle vocation éducative vers la citoyenneté et le brassage social.
Même si ces lieux ne devaient être qu’à stricte vocation lucrative, les droits et les devoirs des Salariés n’en existeraient pas moins.
Si de surcroît tel n’est pas tout-à-fait le cas, l’Etat et les institutions publiques de tutelle se doivent d’intégrer dans leur budget le coût social de ce travail fondamental qui doit être ouvert à tous, quelle que puisse être sa classe sociale d’origine, ses moyens financiers, ses croyances et sa philosophie de vie.
Si le seul critère pour ce travail ne repose que sur la recherche de la rentabilité économique, en s’appuyant, pour atteindre ces buts, sur un sous-salariat, il faudra alors que nos patrons associatifs nous expliquent quel est le sens de leur engagement et quel est le rôle d’une Economie Sociale et Solidaire. 
Nous estimons au contraire, que les milieux de l’Education Populaire devraient retrouver le vrai sens de leurs valeurs, ce qui permettrait d’atténuer d’une manière drastique cette hémorragie de Bénévoles, qui eux cherchent un sens à leur engagement et non pas un pourboire sous forme d’obole pour récompenser leur volonté de s’investir pour une idée.
Nous estimons aussi que les branches économiques et sociales que nous recouvrons, qu’elle soit lucrative ou non, subventionnée ou non, ne peuvent être encadrées que par un vrai salariat, aux compétences professionnelles validées et reconnues, que ce travail soit permanent ou occasionnel.
La seule alternative d’un travail est sa contre-partie en salaire dans le cadre législatif reconnu et amandé par les instances de la République.
De çà, la CGT n’est pas prête à y déroger, ni aujourd’hui, ni demain.
C’est pourquoi nous appelons tous nos camarades syndicaux, quelle que soit leur appartenance, à s’opposer d’une manière virulente à ce qui pourrait devenir demain la règle à la justification d’une nouvelle exploitation.
Les patrons associatifs de l’Education Populaire, paradoxalement, sont devenus aujourd’hui des patrons de choc car ils sont les nouveaux pourfendeurs du contrat social.