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Message Publié : 27 Jan 2005, 09:06
par Valiere
De la liste internationale des Femmes en Noir.

Objet: Fw: [womeninblack]
Appel/déclaration du WLUML, Women Living Under Muslim Laws, (Femmes vivant
sous les lois islamiques) aux dialogues féministes et au Forum Social
Mondial.

Chères amies,

Ceci est un appel/déclaration que les « Femmes vivant sous les lois
islamiques » apporteront au Forum Social Mondial de Porto Alegre et aux
dialogues féministes qui précèderont immédiatement le Forum. Il attire
l¹attention sur l¹alliance contre-nature entre un nombre croissant de
militants anti-globalistes de militants des droits humains et de
progressistes de l¹Ouest en général avec les fondamentalistes musulmans et
sur l¹abandon graduel des forces progressistes démocratiques à l¹intérieur
des pays et des communautés musulmanes qui sont rendues invisibles.

Nous vous invitons à faire circuler cet appel auprès de groupes, d¹individus
et auprès de la presse.

marieme helie lucas

a écrit :APPEL CONTRE LES FONDAMENTALISMES

Il n¹existe pas quelque chose comme le « choc des civilisations » : le choc
dans le monde aujourd¹hui se situe entre fascistes et anti-fascistes

La montée des fondamentalismes fait partie de la montée des mouvements
d¹extrême-droite et de l¹expansion de la politique libérale pro-capitaliste
dans le monde aujourd¹hui. Celle-ci inclut le fondamentalisme musulman qui
est le contexte spécifique de la réalité que nous vivons.

Pendant plus de deux décennies, les femmes ont identifié les
fondamentalismes comme des forces politiques de droite et d¹extrême droite
travaillant sous l¹apparence de religion et de culture ­ plutôt que comme
des mouvements religieux et spirituels qu¹ils prétendent être. L¹influence
actuelle du fondamentalisme chrétien sur la politique des USA et la montée
des politiques et des actes terroristes au nom de la défense de l¹Islam ne
font que confirmer cette analyse. De plus, les femmes ont constaté en
diverses occasions ­ en commençant par la Conférence internationale de l¹ONU
sur la population et le développement, au Caire (ICPD) ­ le soutien mutuel
que s¹accordent différentes formes de forces fondamentalistes et d¹extrême droite.

Pendant plus de deux décennies, les femmes ont identifié comme des signes
avertisseurs de fondamentalisme les politiques anti-femmes, qu¹il s¹agisse
des attaques contre la contraception et l¹avortement aux USA et en Europe,
où la mise en place de codes vestimentaires et de voile forcé et d¹attaques
contre la liberté de circulation et contre les droits à l¹éducation et au
travail sous des régimes style Talibans. Les femmes se sont mobilisées
massivement pour les femmes afghanes mourant de faim sous leurs burquas ou
des femmes nigérianes condamnées à être lapidées pour relations sexuelles
hors du mariage, tandis que de soi-disant lois religieuses envahissaient ces pays.

Pourtant nous sommes maintenant confrontées à un nouveau défi : ce qui
semblait clair politiquement quand nous parlions de pays éloignés, perd de
sa clarté quand les politiques fondamentalistes se rapprochent d¹Europe et
des USA sous l¹apparence d¹identité culturelle « authentique », et le
soutien apporté autrefois et aux victimes du fondamentalisme et à ceux qui
leur résistent, dans le monde entier, s¹évanouit sous le poids de
considérations telles que le droit à « la différence » et un relativisme culturel.

Qu¹arrive-t-il ? Le fondamentalisme musulman a ouvert un nouveau front en
Europe et en Amérique du Nord. Il existe de nombreux signes avertisseurs,
comme la demande de lois séparées soi-disant basées sur la religion pour
résoudre principalement des questions familiales à l¹intérieur de la
communauté musulmane. L¹expérience que nous avons dans nos pays montre
qu¹elles agiront de manière profondément discriminatoires et anti-femmes. A
présent, les adeptes du fondamentalisme recherche le soutien de forces
progressistes, au nom des valeurs mêmes que nous défendons : l¹égalité,
l¹anti-racisme, la liberté de pensée, la liberté d¹expression. Les
organisations des droits humains, la Gauche et les forces progressistes en
général, et maintenant même des féministes sont sollicitées pour soutenir
l¹agenda fondamentaliste.

Troublées par la discrimination et l¹exclusion que subissent plus souvent
que permis, les personnes issues de l¹immigration en Europe et en Amérique
du Nord, les forces progressistes à l¹Ouest désirent vivement, et à juste
titre, dénoncer le racisme. Mais il en résulte qu¹elles choisissent souvent
de sacrifier et les femmes et nos propres forces d¹opposition démocratique
intérieure nationale contre la dictature fondamentaliste théocratique, sur
l¹autel de l¹anti-racisme. Ou ils censurent leurs expressions de solidarité
avec nous de peur d¹être accusés de racisme.

Déboussolées par les invasions et les guerres néocoloniales, les forces
progressistes sont prêtes à soutenir toute opposition contre les
superpuissances. Nous avons déjà été témoins que des intellectuels et des
militants de gauche éminents émettent l¹opinion que peu leur chaut que des
régimes fondamentalistes théocratiques arrivent au pouvoir en Palestine ou
en Irak, si seulement les USA et Israël sont boutés dehors. Nous avons été
témoins que des représentants d¹organisations fondamentalistes et leurs
idéologues ont été invités et applaudis dans les Forum sociaux. Nous avons
été témoins que des féministes éminentes défendaient le « droit de porter le
voile » et cela nous rappelle tristement la défense du « droit culturel »
des mutilations génitales féminines, il y a quelques décennies.

A ceux qui tentent de justifier leur confusion politique en disant que le
fondamentalisme est un mouvement populaire, nous leur rappelons qu¹Hitler a
été élu par le peuple par des moyens démocratiques mais
certainement pas pour le bien de la démocratie !

Nous osons ne pas être d¹accord.

Nous ne sommes pas d¹accord en tant que femmes, c¹est-à-dire les victimes
les plus visibles des politiques fondamentalistes et nous ne sommes pas
d¹accord en tant que mouvement de personnes progressistes, démocratiques,
anti-théocratiques.

A une situation d¹exclusion ou d¹oppression, on peut trouver plusieurs types
de réponses : de la Gauche ou de la Droite ou l¹Extrême droite. On peut
trouver des réponses qui ouvrent vers l¹universalisme, l¹humanité, la
démocratie, les droits fondamentaux pour tous, ou des réponses faussées
accrochées aux particularismes, à l¹ethnicité, aux différences. Alors que
nos diversités doivent être reconnues sans imposer l¹homogénéité, nous ne
devrions jamais oublier que la différence a été utilisée et exploitée
brutalement par toutes sortes de forces d¹extrême droite, du nazisme à
l¹apartheid, des états du sud pro-esclavagistes des USA aux fondamentalistes
musulmansSet aux idéologies anti-femmes ! pour en citer quelques-unes. Nous
devrions marcher à la lisière et ne pas tomber dans le piège dressé sous nos
pieds par les fondamentalistes.

Nous ne soutiendrons pas une réponse d¹extrême droite à des situations
d¹oppression. Nous ne soutiendrons pas l¹arrivée au pouvoir de théocraties
fondamentalistes. Elles remplaceraient seulement une situation terrible par
une situation encore pire.

Nous ne les soutiendrons pas comme réponses légitimes à l¹oppression,
l¹exclusion, le racisme, l¹exploitation et aux invasions.

La terreur fondamentaliste n¹est en aucune façon un instrument du pauvre
contre le riche, du Tiers-monde contre l¹Ouest, des gens contre le
capitalisme. Ce n¹est pas une réponse légitime qui puisse être soutenue par
les forces progressistes du monde. Sa cible principale est l¹opposition
démocratique intérieure à leur projet théocratique et à leur projet de
contrôler tous les aspects de la société au nom de la religion, y compris
l¹éducation, le système légal, les services de jeunesse etc. Quand les
fondamentalistes arrivent au pouvoir, ils réduisent le peuple au silence,
ils éliminent physiquement les dissidents, les écrivains, les journalistes,
les poètes, les musiciens, les peintres comme le font les fascistes. Comme
les fascistes, ils éliminent physiquement les « untermensch » - les
sous-hommes- parmi leurs « races inférieures », les gays ou les handicapés
physiques et mentaux. Et ils enferment les femmes « à leur place », ce qui,
nous le savons d¹expérience, se termine par la camisole de force. Comme les
fascistes, ils soutiennent le capitalisme.


Il n¹existe pas quelque chose comme le « choc des civilisations », comme les
Bush et le Ben Laden voudraient nous le faire croire. Le choc dans le monde
aujourd¹hui est entre fascistes et antifascistes. Et c¹est ce qui partage
vraiment les frontières nationales, ethniques et religieuses

Nous appelons le mouvement démocratique en général, le mouvement
anti-globalisation réunis à Porto Alegre et plus spécifiquement le mouvement
des femmes à donner une visibilité et une reconnaissance internationales aux
forces progressistes démocratiques et au mouvement des femmes qui en fait
partie et qui s¹opposent au projet fondamentaliste théocratique.

Nous insistons auprès de vous pour que vous arrêtiez de soutenir les
fondamentalistes comme s¹ils étaient une réponse légitime aux situations
d¹oppression.