
a écrit :
MIS A JOUR LE 26.02.03 | 08h03
Au Parlement, le débat sur la crise irakienne devrait se concentrer sur la question du droit de veto
La discussion, qui a lieu mercredi 26 février, ne sera pas sanctionnée par un vote, comme le réclamaient le président (UMP) de
l'Assemblée nationale et le Parti socialiste.
Après l'affrontement, le consensus. Le gouvernement et les députés s'étaient quittés, samedi 15 février, dans une atmosphère houleuse, après le
passage en force du gouvernement sur la réforme des modes de scrutin pour les élections régionales et européennes. Ils devraient renouer avec
des échanges plus consensuels, mercredi 26 février, à l'occasion du débat sur l'Irak, inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale à compter de
15 heures - un débat similaire ayant lieu à la même heure au Sénat. Jean-Pierre Raffarin interviendra devant les députés, et le ministre des affaires
étrangères, Dominique de Villepin, devant les sénateurs.
Ces débats ne donneront pas lieu à un vote, qui a pourtant été demandé à plusieurs reprises par le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis
Debré, et par les responsables du PS. Mais les socialistes le réclamaient "uniquement sur des questions claires", a précisé, lundi 24 février, le
député (PS) de Seine-Saint-Denis Bruno Le Roux, citant en exemple le vote en faveur d'un usage du droit veto de la France au Conseil de sécurité
de l'ONU.
Depuis l'automne 2002, une grande partie des hommes politiques a délivré des satisfecit au président de la République et au gouvernement pour leur
gestion du dossier irakien - notamment leur rappel constant du rôle prééminent de l'ONU pour conduire au désarmement de l'Irak. Dans ce soutien, la
gauche n'a pas été en reste. "Quand une position est juste, je ne m'en plains pas", a fait valoir le premier secrétaire du PS, François Hollande, lundi
24 février. "La position de la France est une position positive", avait déclaré Alain Bocquet, président du groupe communiste de l'Assemblée, à
l'issue d'une rencontre, mardi 18 février, entre M. Raffarin et les responsables des partis politiques représentés au Parlement.
L'unanimisme n'est cependant pas total à gauche. "La diplomatie chiraquienne ne s'oppose à celle des Etats-Unis que sur des points secondaires",
a relevé Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière. Dans un éditorial à paraître cette semaine dans les bulletins d'entreprises du mouvement
trotskiste, elle stigmatise le PS et le PCF qui, selon elle, "une fois de plus cautionnent" Jacques Chirac "comme un homme providentiel en semant,
par la même occasion, l'illusion que la diplomatie française arrêtera la guerre". "C'est faux", assure Mme Laguiller.
Hostile à une guerre en Irak depuis le début de la crise, le PS s'est aussi prononcé pour l'usage du droit de veto de la France si les Etats-Unis
s'engageaient dans un conflit. "Le droit de veto ne doit pas être brandi comme une menace virtuelle mais comme la conséquence d'un choix", a
prévenu M. Hollande. Ce pourrait être "le" point de clivage entre l'opposition et le gouvernement.
FISSURES À DROITE
Cette question du droit de veto suscite également quelques fissures à droite. Certes, dans une large proportion, les élus de la majorité, UMP et
UDF, soutiennent l'action menée par le chef de l'Etat et le gouvernement et l'appuieront quelles que soient les décisions finales. Mais quelques
députés, comme Thierry Mariani (UMP, Vaucluse) et Jacques Myard (UMP, Yvelines), ou encore Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour
la France (MPF), ont indiqué leur souhait de voir la France s'opposer catégoriquement à toute intervention armée en Irak. C'est aussi la ligne
défendue par le Front national.
A l'opposé, le recours éventuel au veto est désormais ouvertement combattu au sein de la majorité. Si Pierre Lellouche (UMP, Paris) et Alain Madelin
(UMP, Ille-et-Vilaine) ont de longue date exprimé leur désaccord avec la position française, ils ont été rejoints, ces derniers jours, par d'autres élus
de l'UMP, comme Jean-Jacques Descamps (Indre-et-Loire), Axel Poniatowski (Oise), Hervé Mariton (Drôme) ou Hervé Novelli (Indre-et-Loire).
Tous pointent les risques qui pèseraient sur les relations franco-américaines et les risques d'isolement si la France se désolidarisait par trop des
Etats-Unis. L'utilisation de son droit de veto par la France "amènerait à une crise internationale que je n'ose même pas envisager", a, lui aussi,
déclaré Claude Goasguen, député (UMP) de Paris, lundi 24 février, parlant d'une hypothèse "tout à fait inenvisageable". "Les Américains ne sont pas
nos ennemis et Saddam Hussein n'est pas un pacifiste mais un tyran", a-t-il ajouté, "l'objectif est que le tyran Saddam Hussein s'en aille".
Philippe Le Cœur